«La musique de Philippe, ses valses, c'était beau et riche comme du Mozart. Et Philippe, c'était le Québec fait homme»: c'est en ces termes sentis que la pianiste Dorothée Hogan décrivait le grand accordéoniste et compositeur virtuose Philippe Bruneau il y a quelques années. Philippe Bruneau s'est hélas éteint dimanche, en France, où il vivait depuis 1991.

Le musicien âgé de 76 ans s'y s'était exilé volontairement, estimant que le Québec ne faisait rien pour protéger et reconnaître la musique traditionnelle. C'est grâce à quelques maîtres comme lui, intense et exigeant, que les musiciens trad ont réussi à intéresser de plus en plus de Québécois au fil des ans.

Compositeur doué (la Bottine souriante a longtemps interprété son Hommage aux musiciens traditionnels sur scène), instrumentiste virtuose, arrangeur perfectionniste, il a  notamment fait partie de populaires émissions de radio dans les années 60, a accompagné Jean Carignan, est devenu le directeur musical de troupes de danse traditionnelle (dont les Feux follets), a organisé un Symposium du folkore, enregistré un phénoménal spectacle au Musée des Beaux-Arts (disponible sur CD).

Mais le peu d'intérêt témoigné par les instances gouvernementales le dégoûte et il quitte le pays. Il refusera pour les mêmes raisons le prix Gérard-Morissette (doublé d'une bourse de 30 000$!) que lui décerne le gouvernement du Québec en 2000, bien qu'il ne roule pas sur l'or. C'est donc un pur et dur qui disparaît. Les détails de ses funérailles seront connus plus tard.