Un spectacle de Pearl Jam, c'est une valeur sûre de nostalgie et de succès qui ont bien vieilli. C'est fuir son quotidien pendant deux heures en se disant que la vie a passé trop vite depuis le bon vieux temps grunge.

Mercredi soir, ce n'était plus des adolescents portant des vieilles chemises à carreaux de leurs parents qui étaient réunis au Centre Bell, mais plus de 15 000 adultes (en majorité des gars) qui achètent des «belles» chemises - toujours carottées - chez Simons ou chez La Baie.

C'était le premier spectacle de Pearl Jam à Montréal depuis 2005. Un autre groupe phare du grunge assurait la première partie, Mudhoney, qui remet ça jeudi soir à la Sala Rossa.

Eddie Vedder, Mike McCready, Jeff Ament, Matt Cameron et Stone Gossard sont montés sur scène vers 20h45 au son de la pièce Metamorphosis Two de Philip Glass. La foule criait le poing en l'air, comblée de bonheur.

Après avoir brisé la glace avec Elderly Woman Behind the Counter in a Small Town, Pearl Jam a gardé la foule en haleine en réservant ses plus grands succès pour plus tard. La foule était moins enthousiaste au son des The Fixer et Amongst The Waves, deux extraits du dernier album paru il y a deux ans, Backspacer. Mais le feu a pris quand Pearl Jam a enfilé les Corduroy et Given To Fly, qui ouvraient aussi le «classique» album Live On Two Legs.

«C'est le début de la tournée...et ça fait du bien», a dit Eddie Vedder à la foule, avec sa voix virile au charme nonchalant. Il a même souligné que c'était le sixième spectacle de Pearl Jam à Montréal. «Cette ville nous fait définitivement sentir dans un autre pays (...) mais les prises électriques sont les mêmes!»

La deuxième moitié du spectacle a été une succession de ballades qui ont fait bercer la foule (Daughter, Black, Crazy Mary) et d'hymnes rassembleurs qui ont fait sortir le méchant du quotidien (Do The Evolution, Even Flow, Better Man).

Avec ses cheveux semi-longs et des pantalons en velours cordé brun, Eddie Vedder n'a pas changé sur scène, avec un pied placé devant l'autre et les deux mains accrochées au micro, avec une bouteille de vin bue au goulot. Des écrans géants seraient par ailleurs fort souhaitables pour son public féminin, mais surtout pour l'ensemble du spectacle dont la mise en scène est très minimaliste pour un amphithéâtre, mis à part un décor reproduisant des colonnes de sons.

Mais que voulez-vous, grunge un jour, grunge toujours... Selon nous, le set-list ne tirait pas le meilleur du potentiel du catalogue de Pearl Jam (malgré des rappels canon), mais les spectateurs sont restés debout jusqu'à la fin du spectacle qui s'est terminé avec Alive et Yellow Ledbetter, dans l'euphorie et avec les lumières allumées, à 23:25.

On n'a pas fini d'entendre parler de Pearl Jam cette année. Cameron Crowe (Singles, Almost Famous) a réalisé un documentaire sur les 20 ans du premier album du groupe, Ten. Présenté en première mondiale au Festival international du film de Toronto, Pearl Jam Twenty doit sortir en salles dans quelques semaines, en plus d'être diffusé sur les ondes de PBS en octobre.