Oui, des membres d'Arcade Fire étaient présents pour aller recueillir le Félix de l'Artiste québécois s'étant le plus illustré au-delà du Québec, faisant taire les mauvaises langues voulant que l'ADISQ soit le seul gala que le groupe boude, après leur sacre et participations aux Grammy, Juno et Brit Awards.

«C'était une année spéciale et incroyable pour nous autres. On est vraiment chanceux d'être revenus chez nous», a dit en français Richard Reed Parry, qui était accompagné de Will Butler et Tim Kingsbury.

Outre Marc Dupré, qui a remporté le Félix de l'album pop-rock de l'année devant Alfa Rococo (lui-même s'est dit «abasourdi» et «déstabilisé»), il n'y a eu aucune grande surprise lors du 33e gala de l'ADISQ, dimanche soir. Même que les votes des membres de l'Académie étaient plutôt conservateurs, alors que les choix du public étaient fort prévisibles. Comme l'an dernier, il y avait un grand écart entre les vote populaire, des membres de l'Académie et celui des jurys spécialisés.

C'est sous le signe de la tradition que le public a sacré Éric Lapointe et Marie-Mai interprètes masculin et féminin de l'année, que Ginette Reno a gagné le Félix du meilleur album pop, et que Les Cowboys Fringants ont été élus groupe de l'année. Paradoxal quand on sait que le chanteur Jean-François Pauzé a lancé en boutade aux fans des Cowboys, sur Facebook, de ne pas voter pour eux. «On était en écriture cette année et ça ne nous tente pas d'être gênés d'aller chercher un trophée qu'on ne mériterait pas», a-t-il écrit au lendemain de l'annonce des nominations.

Le chanteur Karl Tremblay a remercié le public, sans qui les Cowboys «n'existeraient plus». «On est bien contents», a-t-il ajouté. Le commentaire de Jean-François était une boutade, sans plus. Et le nouvel album, Que du vent, sortira dans deux semaines.

Ce fut une belle soirée pour la bande des 12 hommes rapaillés, qui a remporté le Félix du meilleur album folk-contemporain et celui de l'auteur ou compositeur de l'année pour le travail de Gilles Bélanger d'après l'oeuvre de Gaston Miron. «Je ne sais pas ce que Gaston nous dirait. Peut-être Si nos yeux se vident de leur mémoire, nous ne serons jamais plus des hommes», a dit Gilles Bélanger, les yeux brillants de fierté.

Brigitte Boisjoli était éblouissante dans sa longue robe bustier rouge, avec son Félix de la révélation de l'année dans les bras. «Là, je suis relaxe», a lancé l'énergique chanteuse, en enfilant des entrevues.

Pour ce qui est des spectacles de l'année, les heureux élus ont été Fred Pellerin (catégorie interprète) et Marie-Mai (catégorie auteur-compositeur-interprète). «J'ai tellement donné tout ce que j'avais dans cette tournée-là», a dit la chanteuse, qui travaille déjà sur son nouvel album. «J'aime tellement ce que je fais que je n'ai pas besoin de vacances.»

Ginette Reno est arrivée dans la salle de presse en criant «po-po-pop». Après 52 ans de carrière, elle s'est dite heureuse de gagner dans la catégorie pop. Lors de son discours, les yeux remplis de larmes, elle a rendu un vibrant hommage au compositeur et chef d'orchestre Léon Bernier, décédé récemment. C'est avec émotion qu'elle a répété ce que disait son défunt ami, soit de chanter par «désir d'être aimé».

Quant à la chanson populaire de l'année, le public a choisi On va s'aimer encore de Vincent Vallières. Cela valait la contravention de 300 $ qu'il a eue à la sortie du parc de la Vérendrye pour être à temps au gala.

Il est dommage de ne pas avoir vu gagner les Jimmy Hunt, Alfa Rococo, Alex Nevsky et Karkwa, dimanche soir, bien qu'ils soient montés sur scène pour une performance ou présenter un prix. Avec l'Autre Gala de l'ADISQ qui ressemble de plus en plus à la remise de prix officielle, il faudrait peut-être réévaluer les chances de gagner des artistes émergents. Au-delà de leur musique, le fait qu'ils aient les pieds ancrés depuis moins longtemps dans l'industrie joue contre eux dans les catégories où le vote ne vient pas d'un jury spécialisé. Mais il reste que les galas ne font jamais l'unanimité, surtout celui de l'ADISQ.