C'est prévisible et spectaculaire comme les Grandes marées ou certaines migrations d'oiseaux: à intervalles réguliers, les Cowboys fringants débarquent en France, effectuent une tournée courte, intense et triomphale, dans des salles de plus en plus grandes, devant des fans aussi enthousiastes qu'au premier jour, puis rentrent au Québec pour reprendre leur route.

On observe le même phénomène en ce moment. Dans la foulée de la sortie, l'automne dernier, de son nouvel album Que du vent, le groupe québécois a entrepris une de ces tournées européennes qu'il affectionne: 14 concerts en trois semaines, dont trois à guichets fermés à l'Olympia de Paris, les autres le conduisant dans des grandes villes comme Bordeaux, Marseille, Lyon, Genève ou Bruxelles.

Lundi et mardi soir, les Cowboys renouaient donc avec le public de l'Olympia, trois ans après leur dernier passage dans le mythique «music-hall» du boulevard des Capucines. Remplie à craquer, la salle avait été libérée de ses fameux fauteuils rouges pour que les 2000 spectateurs puissent danser et sauter à leur aise, ce qu'ils n'ont pas manqué de faire pendant les deux heures et demi d'un spectacle énergique, débridé, délirant et bruyant.

Les Cowboys fringants, qui reviendront à Paris le 13 février, sont en France une petite entreprise qui ne connaît pas la crise... Huit ans après ses débuts fulgurants à l'Elysée Montmartre, le groupe connait sur scène une carrière d'une remarquable constance, même si les médias nationaux ne parlent jamais d'eux (ce n'est pas le cas en province) et que leurs chansons ne passent pas à la radio.

Le groupe s'appuie sur un solide réseau d'inconditionnels, parmi lesquels se comptent sûrement par dizaines de milliers des inconditionnels du Québec. «On dirait un copier-coller des fans québécois», a déjà dit dans le passé leur gérant, Claude Larivée.

Résultat: les Cowboys, lors de leurs tournées européennes, s'offrent le luxe de ne faire que des grandes salles ou des Zénith pouvant accueillir plusieurs milliers de spectateurs, comme le tout nouveau Silo de Marseille, la vaste Halle Tony-Garnier de Lyon ou l'aréna de Genève.

Si ce n'était de leur propension à porter des costumes de scène grotesques (robe rose pour le bassiste Jérôme Dupras, short trop grand avec bretelles, combinaison jaune et cagoule pour les autres), on pourrait dire que les Cowboys vieillissent bien.

Ils demeurent un «groupe de party» certes, mais on a l'impression qu'ils ont gagné en maturité. Cela contribue à donner un peu plus de poids à leurs textes engagés, et de profondeur à la nostalgie qui se dégage de certaines de leurs chansons marquées au sceau de l'enfance et de l'amitié.

Karl Tremblay n'en est que plus convaincant. L'énergique violoniste et multi-instrumentiste Marie-Annick Lépine, la «fille du groupe», reste pour sa part égale à elle-même: remarquable.