Chaque année, la moitié du Québec semble débarquer à New York pour le week-end de Pâques en se demandant quoi voir et quoi faire. Gregory Charles qui se produit toute la semaine au chic Café Carlyle partage avec nous son carnet d'adresses et ses coups de coeur new-yorkais.

Voir Gregory Charles se prendre pour un jukebox humain au Québec, c'est bien. Le voir en train de se produire au mythique Café Carlyle de New York, c'est quand même autre chose. Le Québécois ne cache d'ailleurs pas son enthousiasme à l'idée de se produire à nouveau, jusqu'au 7 avril, dans l'iconique salle qui accueille notamment Woody Allen et sa clarinette tous les lundis.

Depuis hier, le chanteur y interprète à brûle-pourpoint des demandes spéciales du public (un tour de force qui avait d'ailleurs impressionné le New York Times). Sauf que cette fois, Gregory Charles et ses trois musiciens ont également préparé une partie hommage à la chanson américaine, complètement adaptée à New York et au Carlyle.

«On ne prétend pas avoir une présence ou une voix grandiose, mais on croit qu'il y a peu de gens qui aiment autant la musique, qui l'aiment de façon aussi encyclopédique que nous. Et comme le Carlyle est un peu la Mecque de la chanson américaine des années 20, 30 et 40, on commence le spectacle par un petit hommage à tout ce qui a été écrit pour Broawday, avec des noms comme Cole Porter, Duke Ellington, Gershwin, etc. Cela va être différent tous les soirs», explique le chanteur.

«Et, à moins d'un désastre», ajoute-t-il, cette première résidence pour 2012 devrait être suivie par d'autres au courant de l'été. Gregory Charles qui visite New York plus souvent que certains guitaristes n'accordent leur guitare se réjouit d'avance de passer plus de temps dans la Grosse Pomme. «New York est une ville fascinante, une ville qui s'améliore, une ville où toutes les idées extrêmes se rencontrent», poursuit-il, plus verbomoteur qu'un Italien de Brooklyn.

Connaissant la métropole sur le bout des doigts - il y a même servi de guide à des touristes allemands dans sa jeunesse - et ayant vu presque tous les shows On et Off Broadway, le chanteur a accepté de partager ses coups de coeur et adresses préférées. Voici donc le New York de Gregory Charles:

1- «Il y a un super spectacle qui s'appelle My Sinatra. Je ne connais pas l'artiste, c'est un vieux bonhomme de plus de 70 ans. Il chante, mais ce n'est pas un imitateur. C'est un petit spectacle fantastique.» (Sofia's Theatre, 221 W 46th St.)

2- «À mon avis, le meilleur spectacle sur Broadway en ce moment est The Book of Mormon. C'est un music-hall complètement fou écrit par les gens de South Park.» (230 W 49th St.)

3- «Toujours sur Broadway, j'ai vu une avant-première du spectacle Newsies et c'est franchement extraordinaire!» (208 W. 41st St.)

4- «The Village Vanguard est un incontournable pour les gens qui viennent à New York pour la première fois ou même la dixième fois et qui aiment le jazz.» (1787th Avenue South)

5- «New York est une belle ville de restaurants. Cela vaut la peine de passer au Napoléon, un resto français presque traditionnel.» (365 W 50th St. #1)

6- «The Metropolitan Room est une belle salle pour aller voir des spectacles tous les soirs.» (34 West 22nd St.)

7- «Pour ceux qui vont venir à la fin avril, Charles Aznavour sera à New York et il y a quelque chose de fascinant de voir le grand Aznavour dans une salle de taille moyenne.» (New York City Center, 131 W 55th St.)

8- «Pour les fans de jazz, il y a aussi les salles de Jazz at Lincoln Center sous la direction de Wynton Marsallis.» (10 Columbus Circle)

9- «Les gens connaissent mon amour du chant choral. Il y a un spectacle qui s'appelle The Voca People, un groupe d'Israël qui s'est installé à Off-Broadway et qui marche à fond.» (340 W. 50th St.)

10- «Sleep No More est une pièce que j'ai beaucoup aimé. C'est comme du Macbeth dans une espèce d'entrepôt avec un petit côté interactif avec le public.» (530 West 27th St.)

Voici dix autres suggestions de sorties de notre collaborateur Yves Schaëffner:

1- L'expo Keith Haring: 1978-1982 présentée au Brooklyn Museum retrace les premiers pas de l'artiste dans la Grosse Pomme. Gratuit samedi soir, avec groupes, DJs et performeurs. (200 Eastern Parkway, Brooklyn)

2- La peinture est encore presque fraîche sur les murs de Super Linda, mais les premiers commentaires sont positifs. Mi-resto, mi-lounge, Super Linda se la joue chic, mais sans trop de chichi. (109 West Broadway)

3- L'ambitieuse adaptation de Robert Lepage pour l'opéra Ring de Wagner reprend l'affiche au Met. Samedi, le premier des quatre volets (Das Rheingold) est présenté. (Lincoln Center)

4- Pour rendre ses amis foodies vert de jalousie, il faut se rendre à Acme. Mads Refslund, un ancien du légendaire Noma (Copenhague), y officie en cuisine. (9 Great Jones St.)

5- L'expo Cindy Sherman au MoMa est assurément le succès de l'heure. Plus de 170 photos de l'artiste américaine occupent une dizaine de salles. (11 West 53rd St.) 6- À Brooklyn, Roberta's est devenu un incontournable. On y va pour l'ambiance relax et, surtout, des pizzas et des plats simples magnifiquement exécutés. (261 Moore St., Brooklyn)

7- Chaque dimanche, le centre d'art contemporain PS1 présente d'intéressantes performances, tandis que le Montréalais Hugues Dufour y sert de savoureux sandwichs. Ce dimanche, le collectif Bruce High Quality Foundation prend le contrôle du dôme extérieur. Performances échevelées à prévoir. (22-25 Jackson Avenue, Long Island City)

8- Miss Lily, un petit café-resto hyper agréable, offre un intéressant menu caribéen et propose des perles rares en vinyles pour les amateurs de reggae, dancehall et ska. (132 West Houston St.)

9- Dissimulé à l'arrière d'un resto japonais, Angel's Share est l'un des plus charmants bars à cocktails de New York. (8 Stuyvesant St.)

10- L'espace Twoeightyfive Kent n'aurait sans doute pas déplu à Keith Haring avec ses murs couverts de graffitis et son allure de squat. Ce vendredi, Lemonade, un groupe aux sonorités à la fois tropicales et électroniques s'y produit. (285 Kent Ave., Brooklyn)