À 88 ans, Charles Aznavour entame ce soir une nouvelle minitournée à Montréal, Québec, New York et Los Angeles. Éternel amoureux de la scène, il affiche en personne authenticité et franchise. Charles Aznavour ne cache ni son âge ni les tracas qui l'accompagnent.

«J'ai un contact particulier avec le public. Je suis celui qui a toujours dit la vérité sur scène», affirme-t-il.

«Est-ce qu'il viendrait à l'idée de quelqu'un de dire qu'il s'est fait tirer la peau? Non! Ils pensent que cela ne se voit pas. Moi, quand je me suis fait faire les cheveux, je l'ai dit. Je raconte les choses. Si je mange une cacahouète et que ça me donne un aphte, je vais le dire. Je dis tout, je dis mon âge, je ne veux pas cacher ça.»

En répondant aux questions, Charles Aznavour joint le geste à la parole. Face au journaliste, il ne fait aucun mystère, non plus, de ses problèmes d'audition ni de son utilisation, sur scène, d'un télésouffleur.

«Et alors? Je n'ai pas à avoir de complexes. Les artistes ont tous des télésouffleurs, mais je suis le seul à le dire.»

Sa sincérité, dit-il, est l'un des secrets de sa longévité. L'autre, c'est son répertoire. «Je n'ai jamais chanté de chansons idiotes ni de fausses chansons américaines», dit l'auteur de La Bohème.

On reconnaît tout de suite le regard d'Aznavour. Ses yeux noirs, si expressifs, témoignent encore de la détermination du prolifique auteur et interprète, qui a prouvé aux sceptiques de ses débuts qu'il serait l'un des monuments de la chanson française.

C'est à Montréal que Charles Aznavour a commencé sa conquête du monde. Il y est arrivé en 1948, avec Pierre Roche, sur les conseils d'Edith Piaf. Montréal est alors une ville de «night-clubs» et de cabarets, où l'effervescence qui saisira bientôt le Québec commence à se faire sentir.

«Avec Roche, on a commencé sur Mountain Street, aujourd'hui rue de la Montagne... On ne chantait qu'en français, je peux vous dire qu'on a déménagé immédiatement!», se souvient-il.

Le duo trouvera refuge au Faisan doré, où il se produira pendant 50 semaines. Charles Aznavour passera plusieurs années au Québec avant de se lancer à la conquête de son pays natal.

Le parrain

Mais celui qui a parrainé Lynda Lemay à ses débuts continue à veiller sur la jeune génération d'auteurs-compositeurs, français comme québécois. Son dernier coup de coeur? Yves Jamait, chanteur et parolier français gouailleur qui, faisant fi de toute machine promotionnelle, bâtit sa carrière sur le succès de ses concerts.

«À mon âge, et même avant, il faut être à l'affût de la jeune génération, il faut suivre ceux qui continuent une tradition unique, celle de la chanson francophone.»

Charles Aznavour a façonné la chanson française. Et la chanson française, comme la scène, continue de le façonner.

«La passion de la scène, ce n'est pas une chose particulière au milieu artistique. Il y a des gens qui ont la passion de la vie et qui continuent de faire ce qu'ils ont fait toute leur vie. Moi, j'aime la vie. Je suis un esprit curieux, j'apprends toujours quelque chose. Si j'avais dû me contenter de ce que je faisais, je pense que je ne serais pas allé très loin. Il fallait aller plus loin, et j'y suis allé.»

Charles Aznavour est en spectacle mardi soir, mercredi, vendredi et samedi à la Maison Symphonique.