Comme si c'était la dernière fois qu'elle chantait, Ginette Reno a tout donné, jeudi soir au Théâtre St-Denis, lors de la première médiatique de son nouveau spectacle, La musique en moi, démontrant qu'après 53 ans de métier, la grande dame de la chanson québécoise est toujours au sommet de son art.

Vêtue d'une robe noire et soutenue par une quinzaine de musiciens et de choristes, Ginette Reno a débuté son spectacle par La musique en moi, chanson-titre de son dernier album, le plus vendu au Québec en 2011 (il en est à 85 000 exemplaires).

Bien en voix, elle a enchaîné avec le classique J'ai besoin d'un ami.

« C'est incroyable, je cours tous les beaux quartiers, je cherche mon oreiller... » Cette première chanson signée Ginette Reno il y a plus de 30 ans fait tellement partie de notre mémoire musicale. On en a des frissons...

Après Tu es là, du même album, la chanteuse échange quelques mots avec son public pour dire son bonheur d'être là et introduire Granada, du Mexicain Agustín Lara, air qu'elle a chanté à ses débuts à Montréal et pour laquelle elle avait gagné «un bon gros 20 piasses». Interprétation réalisée avec brio.

Trop émue, elle a dû ensuite s'y prendre à deux fois pour interpréter, la voix teintée de sanglots, Voir grandir mes enfants, tirée de sa dernière mouture et qui a fait lever toute la salle d'un bond.

Après une incursion bien gérée en anglais avec le jazzy Let Your Feet Down Easy, le suave The Way We Were et l'éternel Always On My Mind, Ginette Reno revient avec Une rose, un baiser et c'est tout, une chanson du Français Éric Charden, puis un solide duo avec Maxime Landry pour Des soleils par millions.

Un peu plus haut a mis un terme en grand à la première partie, Ginette Reno étant accompagnée par toute la cuvée 2012 de Star Académie. Un bel ensemble choral symbolisant cette tradition de belles voix tellement bien ancrée chez nous.

D'ailleurs, après l'entracte, elle a lu un beau texte sur son organe vocal qui fit son premier «la» un 28 avril 1946, rue Marquette, à Montréal.

Après L'essentiel et surtout Fatiguée, où elle évoque de noirs désirs qu'on espère évanouis, elle a rendu hommage, avec Ceux qui s'en vont, à Léon Bernier, son directeur musical qui a travaillé avec elle pendant 50 ans et qui est décédé d'un cancer l'automne dernier.

Je t'attendais et Fais-moi la tendresse ont baissé le rideau de ce spectacle de grande qualité, avec une belle orchestration de cordes et de guitares dirigée par son fils Pascalin.

Belle présence de Ginette Reno avec parfois une pointe de nostalgie, mais aussi beaucoup d'humour, sans faux pas. Une voix toujours aussi puissante à laquelle se greffe la profondeur d'une belle maturité artistique.

Chapeau Madame Reno. Un grand moment que ce spectacle. La musique est effectivement bien en vous...

Ginette Reno au Théâtre St-Denis, les jeudis, vendredis et samedis jusqu'au 12 mai.