Après une éclipse de cinq ans, Marilou est de retour avec un album en anglais. Elle a participé à l'écriture de toutes les chansons de ce disque qui, estime-t-elle, lui permet enfin d'être une artiste complète.

De 11 à 17 ans, Marilou a été une interprète. Elle avait beau se raconter aux auteurs des textes de ses chansons, elle se sentait incomplète. Puis, le jour de ses 18 ans, son imprésario Mario Lefebvre lui a fait le plus beau cadeau de sa vie. «Il m'a donné Jagged Little Pill d'Alanis Morissette, un vieux classique, raconte-t-elle dans le bureau montréalais de Sony Musique. Je l'ai écouté une première fois dans l'auto, puis des millions de fois! Très vite, j'ai dit à Mario: c'est ça que je veux faire; je ne sais pas comment je vais y arriver, mais je veux écrire.»

60 Thoughts a Minute, le troisième album de Marilou et son premier en anglais, est le fruit d'une démarche qui a duré trois ans. Sony Musique lui a présenté des auteurs et des compositeurs torontois et britanniques avec lesquels elle a échangé des idées de textes, des bribes de musique. La chanson-titre, qui lance et clôt l'album, n'est pas une chanson d'amour comme on pourrait le croire, mais une déclaration d'amour à la musique, dit la jeune femme de 21 ans. «J'ai vraiment passé trois ans à me consacrer entièrement (60 Thoughts a Minute) à l'album. La chanson d'ouverture raconte comment je me sentais avant de l'écrire tandis que la reprise, au tempo plus lent, dit comment j'étais à la fin. Ça se termine par la phrase «I can't wait» tellement j'ai hâte de faire un autre album!»

Un départ canon

Dès l'âge de 11 ans, toutes les portes se sont ouvertes devant Marilou: la Fureur de Céline Dion au Centre Molson devant un nombre considérable de téléspectateurs, une tournée en France avec Garou, un contrat de 10 albums, rien de moins, avec Sony au Canada et en France, deux albums, une télésérie en France, bref un départ canon! Contrairement à la croyance populaire, c'est Guy Cloutier qui lui a obtenu ce contrat de disques et non pas René Angélil qui l'a prise sous son aile par la suite.

«À l'époque, j'avais des offres de Guy Cloutier et de Donald K Donald et ma mère a demandé conseil à René. Comme c'étaient deux amis, il lui a répondu que je serais bien avec l'un ou l'autre. Quand Guy Cloutier a eu ses ennuis et que je me suis retrouvée seule, René a offert de s'occuper de ma carrière.»

A-t-elle craint pour sa carrière quand elle a quitté Angélil avec Mario Lefebvre? «Non parce que depuis le début, c'est Mario qui s'occupait de moi. René est toujours derrière nous si on a besoin de quoi que ce soit. Quand on est partis, Mario m'a dit: «Je veux une artiste qui est heureuse et je sens que t'as la fibre de la créativité». Moi, je n'étais pas sûre... Il a osé me pousser à me rencontrer moi-même. Et il m'a attendue trois ans, ce qui est quand même incroyable!»

Pendant ces trois années «de grands détours, de questionnements et de grandes joies», Marilou s'est lancée dans l'écriture, seule ou avec ses nouveaux amis.

Elle a raconté au parolier Rupert Gayle et au compositeur JC Smith sa rencontre avec un soldat rentré d'Afghanistan qui était amoureux d'elle. «Il m'a dit une phrase qui m'a fait écrire une chanson: le fait que je ne l'aimais pas le faisait plus souffrir que toutes les peines physiques qu'il avait connues là-bas. C'est devenu Shot Down By a Smile.» Say The Right Thing lui a été inspirée par un «menteur professionnel» et No Thanks To You par «une fille qui s'amusait à lancer des rumeurs sur mon compte à Longueuil. Donc je la remercie», dit Marilou en ricanant.

Armée d'une vingtaine de chansons, elle s'est enfermée en studio avec ses deux réalisateurs, le batteur Samuel Joly et le guitariste Jean-Benoît Lasanté, membres du band de Gregory Charles. «Deux perles rares, deux musiciens à tomber par terre», dit-elle, qui ont eu de bons flashes comme la finale à la mandoline de No Thanks To You.

Leur travail a par la suite été confié à de vieux pros comme l'ingénieur du son George Massenberg et le mixeur Tom Lord-Alge: «On est allés mixer avec lui à Miami: il venait juste de terminer son travail pour Pink!»

La «nouvelle» Marilou a très hâte de livrer ses nouvelles chansons à un public avec ses quatre musiciens cet été. «Il y a un mois, on a fait le O Patro Vys et Shane Carter, le président de Sony Canada, était dans la salle. C'est tellement le fun de jouer ces chansons live!»