(Bruxelles) Quinze petites minutes. C’est le temps qu’il a fallu pour que s’envolent les billets du nouveau concert de Stromae au Palais 12, à Bruxelles. Cette vente éclair n’a rien d’étonnant. C’est la première fois en sept ans que le chanteur belge monte sur scène pour défendre ses chansons.

On ne vous refera pas l’histoire de son absence prolongée. Le burn out. La dépression. Les idées suicidaires. La paternité… Sachez seulement que Stromae est de retour avec un nouvel album intitulé Multitude (sortie le 4 mars) et qu’il recommence à donner des concerts.

Celui de mardi n’a pas déçu la dizaine de milliers de fans qui s’étaient, pour la plupart, procuré des billets bien avant Noël. Dans cette courte prestation, présentée comme une « avant-première » de la tournée à venir (à Montréal les 25 et 26 novembre), Stromae a une fois de plus séduit par ses chansons aigres-douces, son univers stylisé et son imagination foisonnante.

On le savait moderne ; il verse cette fois carrément dans le futurisme.

Sur une dizaine d’écrans DEL, qui parfois n’en forment qu’un seul, des films d’animation géants nous propulsent dans un monde entièrement virtuel, où le chanteur est incarné par un avatar qui ne cesse d’interagir avec des bras robotisés.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Cette réplique reviendra à plusieurs reprises pendant le spectacle, comme un écho numérique au Stromae de chair et d’os qui se démène en tout petit devant nos yeux. L’organique et le technologique dialoguent, se tiennent par la main, dansent parfois ensemble dans une sorte de festin visuel qui tend vers la réalité augmentée.

Sur scène, on est dans le même esprit. Quatre musiciens accompagnent la vedette avec des claviers aux allures de consoles de science-fiction. Si on peut apercevoir quelques instruments acoustiques pour la chanson Santé à la fin du concert, on est essentiellement dans l’électronique et les échantillonnages. Cerise sur le gâteau : Stromae invite même un chien robot à lui apporter son costume en direct. Gadget superflu en ce qui nous concerne.

Un peu de tout

Sur le plan des chansons, il y a du neuf et du vieux. Stromae contente son public avec les succès qui l’ont fait connaître sur la planète pop mondiale : Papaoutai, Formidable, Alors on danse… Réponse immédiate chez les spectateurs, qui se mettent à sauter ou à capter la scène avec leur téléphone. En revanche, l’énergie retombe avec Quand c’est ?, sombre chanson sur le cancer, qui vient temporairement casser le rythme.

L’accueil est également très enthousiaste envers les nouveaux morceaux, que le public semble déjà avoir adoptés, même si la plupart n’ont encore jamais été diffusés. Applaudissements nourris pour Invaincu, Fils de joie, Bonne journée et Mauvaise journée, qu’on retrouvera bientôt sur Multitude. Puis, explosion de joie pour Santé et L’enfer, les deux premiers extraits de l’album lancés il y a seulement quelques mois. Ces chansons, pourtant pas jojo, touchent droit au cœur en raison de leur sujet. La première s’adresse aux travailleurs de l’ombre, et la seconde touche ouvertement au suicide…

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Étonnant de voir à quel point Stromae incite à la fête et à la communion, malgré la noirceur de ses chansons. Les sourires étaient gravés sur le visage des spectateurs, qui, pour le coup, ne portaient majoritairement pas de masque.

Pour beaucoup, ce concert n’était d’ailleurs pas seulement celui des retrouvailles avec le chanteur, mais aussi celui de la première sortie officielle après deux ans de COVID-19. Une sorte de libération.

À la sortie du Palais 12, les commentaires étaient forcément positifs. « Ça faisait longtemps. Je crois que tout le monde était heureux de le revoir. C’était un privilège d’entendre des chansons qui ne sont pas encore sorties », nous a confié Ayco Duster après le spectacle.

« Moi, je trouve que les émotions sont plus honnêtes sur les nouveaux morceaux, a ajouté sa copine Leni Sonck. On les écoute vraiment. Et visuellement, c’était juste parfait. »

Fait à noter, le public était très varié : des jeunes, des moins jeunes, des couples, des familles avec enfants, des francophones, des néerlandophones. Stromae a le talent pour rassembler, un vrai tour de force dans un pays aussi divisé que la Belgique.

Ses chansons, porteuses de thèmes universels et de musiques plutôt festives, expliquent probablement son côté fédérateur et son rayonnement international. Ce qui laisse croire que son nouvel album, aussi riche et profond que les précédents, pourrait connaître le même succès.

Le chanteur se produira au festival Coachella en avril, puis amorcera sa tournée nord-américaine à l’automne. Les billets pour le concert de Montréal étaient mis en vente mardi.