Lisa LeBlanc ne se cache plus derrière la perruque de Belinda, mais elle conserve dans Chiac Disco toute l’énergie de son alter ego amoureuse de bingo créée en 2020. L’album, qui marque le retour au français pour la chanteuse acadienne, se veut ainsi une superbe conclusion de cette appropriation pandémique des clichés des années 70 mise en musique par LeBlanc et ses complices à paillettes.

Le disque est pimpant d’un bout à l’autre. Lisa LeBlanc avait manifestement le goût d’avoir du plaisir. La basse de son amoureux et bras droit Benoît Morier fait pop ! dès les premières mesures de Pourquoi faire aujourd’hui, ode aigre-douce à la procrastination, qui rappelle dans le propos le ton du premier disque de la chanteuse. L’ambiance musicale est toutefois joyeuse et désinvolte, entrecoupée par un excellent pont bien planant qui nous « berce dans les bras du déni […] jusqu’à ce que les trompettes annoncent l’arrivée du fait que j’ai rien crissé ! », soutient la chanteuse. C’est savoureux.

LeBlanc et ses comparses – Léandre Bourgeois et Mico Roy des Hôtesses d’Hilaire complètent le quatuor crédité de la plupart des compositions – se sont amusés à puiser dans le répertoire des années 70 pour pimenter la sauce de Chiac Disco, sans qu’on ait jamais l’impression d’avoir affaire à un TV Dinner réchauffé au four. On reconnaît donc Gloria Gaynor dans l’intro de Dans l’jus, Blondie dans le pont de la même chanson, James Brown dans Gossip, Toulouse dans les chœurs de Veux-tu rentrer dans ma bubble un groove à la Curtis Mayfield pour faire honneur au Menu acadien et même un enchaînement d’accords rappelant une chanson bien connue de Led Zeppelin dans Me semble que c’est facile, jolie conclusion « feel good » de l’album.

Ailleurs, c’est l’instrumentation qui nous ramène à l’époque de gloire du préfini similibois ; les arrangements de cordes d’Antoine Gratton sont un peu partout impeccablement kitsch, les cuivres sont suaves à souhait, sans parler du mellotron, instrument mythique de l’époque s’il en est !

Est-ce qu’on s’ennuie du côté brut de la rockeuse au banjo découverte en 2012 ? Sans doute un peu, mais comme elle l’a confié à notre collègue Josée Lapointe, son instrument « n’est pas mort ». « Je l’ai juste serré pour cet album. »

Chiac Disco

Funk

Chiac Disco

Lisa LeBlanc

Bonsound

8/10

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