Le Festival de musique actuelle de Victoriaville est de retour pour la 38e fois, avec une programmation internationale intrigante.

On l’avait presque oublié, le festival de musique actuelle de Victoriaville.

COVID-19 oblige, l’évènement a dû être annulé en 2020. Puis réduire fortement sa capacité en 2021, en raison des mesures de distanciation draconiennes. En raison de la fermeture des frontières, le menu s’était alors limité à des artistes canadiens et québécois.

Cette année, le festival renoue avec la programmation internationale qui a fait sa force et sa réputation. Pas de grosses pointures du type John Zorn, Cecil Taylor ou Thurston Moore, mais des musiciens américains, français, suédois, iraniens, allemands et même ukrainiens.

« C’est une programmation très égale, de haute qualité, avec un peu plus de musique contemporaine, écrite, alors qu’on est souvent associés à l’improvisation », résume Michel Levasseur, programmateur en chef du FIMAV depuis les tout débuts.

Difficile d’ignorer la présence du groupe ukrainien Dakh Daughters, en ouverture de festival le jeudi 19 mai.

Michel Levasseur souligne le côté très performatif de cette formation toute féminine issue du théâtre Dakh à Kyiv, qui propose une sorte de cabaret apocalyptique où le folklore ukrainien est présenté à la sauce moderne, avec costumes et maquillages idoines. Au total, on peut retrouver jusqu’à 15 instruments sur scène.

Fait à noter : les Dakh Daughters étaient programmées à Victo dès 2020, mais le spectacle avait été reporté pour cause de COVID. Cette nouvelle performance sera vraisemblablement teintée par l’actualité, puisque ses membres ont dû trouver refuge en France à la suite de l’invasion de leur pays par la Russie.

Retour en grand

Plus près de chez nous, l’ineffable René Lussier présentera un nouveau projet à huit musiciens (Au Diable Vert), dans lequel il poursuit ses explorations sonores et guitaristiques entamées il y a plus de 40 ans. Ce sera l’une des cinq premières mondiales du festival, avec les spectacles de l’Américain Sean Noonan (fulgurant bazar punkifiant), de No Hay Banda (musique contemporaine), de Simon Martin (musique contemporaine) et de Gordon Grdina (jazz actuel).

On soulignera par ailleurs le retour des installations sonores un peu partout à Victoriaville et le volet de films expérimentaux, qui s’est ajouté depuis cinq ans au festival.

Le FIMAV en sera, mine de rien, à sa 38e édition. Qui l’eût cru ? Michel Levasseur regrette que la musique actuelle n’ait plus la même visibilité dans les médias aujourd’hui. « Un phénomène mondial », constate-t-il. Mais il se réjouit de voir de nouvelles générations de musiciens émerger, malgré un certain rétrécissement du circuit.

« Le monde de la musique est en constante évolution, conclut-il. Ça demande que le FIMAV essaie d’ouvrir à ces musiciens-là ».

38e Festival de musique actuelle de Victoriaville. Du 16 au 22 mai 2022.

Consultez le site du festival

Les 5 choix du programmateur

PHOTO PICASA, FOURNIE PAR LE FESTIVAL DE MUSIQUE ACTUELLE DE VICTORIAVILLE

Dakh Daughters

Dakh Daughters

Le gros morceau du festival. On aurait sans doute aimé les voir dans d’autres circonstances, vu ce qui se passe chez elles en Ukraine. Mais leur spectacle n’en sera que politiquement et socialement plus engagé.

Jeudi 19 mai, à 22 h

PHOTO FOURNIE PAR LE FESTIVAL DE MUSIQUE ACTUELLE DE VICTORIAVILLE

Colin Stetson

Colin Stetson+Matt Gustavsson

Deux saxophones free pour le prix d’un. « Ça va sortir très noise, avec une intensité du son », prévoit Levasseur.

Dimanche 22 mai, à 20 h

PHOTO FOURNIE PAR LE FESTIVAL DE MUSIQUE ACTUELLE DE VICTORIAVILLE

Pangea de futura

Pangea de futura

Un projet parallèle du guitariste montréalais Eric Quash (This Quiet Army), avec huit musiciens… dont trois batteurs ! « Quand on parle de nouvelles générations, en voilà qui amènent toute une autre dimension dans la nouvelle mouvance montréalaise. Une musique rock metal noise et bouleversante. »

Dimanche 22 mai, à 15 h

PHOTO FOURNIE PAR LE FESTIVAL DE MUSIQUE ACTUELLE DE VICTORIAVILLE

No Hay banda

No Hay banda

Jeune ensemble de musique contemporaine montréalais avec projets de la saxophoniste Ida Toninato et l’inclassable Navid Navab, avec orgue à tuyau « rescapé d’entre les morts ». « Des défricheurs, des chercheurs. Très ouverts à risquer, nous dit Michel Levasseur. C’est intéressant de voir comment ils sont prêts à faire des choses que personne d’autre n’a faites. Ça donne envie de continuer ce métier-là. »

Vendredi 20 mai, 17 h

PHOTO QUENTIN CHEVRIER, FOURNIE PAR LE FESTIVAL DE MUSIQUE ACTUELLE DE VICTORIAVILLE

Franck Vigroux

Franck Vigroux

Avec Forêt, l’électroacousticien français Franck Vigroux propose un spectacle multimédia à haute teneur symbolique, entre musique et performance, avec projections, décor ambitieux, danseuse d’inspiration butō. « Très technique, mais avec une dimension organique, animale », résume Levasseur, en évoquant une parenté avec le festival Mutek.

Samedi 21 mai, 20 h