Simple Plan avait presque terminé son sixième album quand la pandémie a frappé, seul le mixage n’avait pas encore été finalisé. Le groupe montréalais devait donc lancer Harder Than It Looks à l’été 2020, mais il tenait à présenter les nouvelles chansons en tournée le plus rapidement possible. On a finalement dû attendre presque deux ans, mais c’est peut-être un mal pour un bien.

« Je n’aurais jamais pu prévoir que la pop-punk reviendrait boucler la boucle 20 ans plus tard, nous dit le batteur Chuck Comeau à l’occasion d’une entrevue avec le groupe dans un studio de Laval. On parle d’un style que bien des gens ne croyaient pas réentendre, et maintenant, il y a vraiment un engouement assez fou ! »

Le timing du lancement du disque n’aurait donc pas pu mieux tomber, alors que le groupe vient de prendre la route aux États-Unis avec les Ontariens de Sum-41 dans le cadre de la tournée Blame Canada. « On reconnaît que ce qui tourne à la radio est très pop et qu’on entend très peu de guitares, mais il y a maintenant un univers parallèle où la pop-punk est très forte, soutient de son côté le guitariste Jeff Stinco. Et on voit aussi plein d’artistes associés à la pop qui se mettent à intégrer des influences pop-punk dans leur musique. »

On n’a en effet qu’à penser à Machine Gun Kelly, Willow Smith ou Olivia Rodrigo pour s’en convaincre. Les gars de Simple Plan ne pourraient donc pas être dans un meilleur état d’esprit, à quelques jours du lancement de leur album.

N’empêche, il ne s’agissait pas simplement de reprendre la recette à succès, mais d’en reconnaître les mérites. « À la base, on aime encore cette musique-là, c’est encore notre passion, raconte Chuck Comeau. Mais en tant que groupe, tu peux avoir le goût de t’éloigner un peu de ce qui t’a rendu connu, tu peux être tenté de faire autre chose ; mais après six albums et 20 ans de carrière, on assume exactement qui on est, on sait ce que les gens aiment du band, ce que nous aimons nous-mêmes du groupe, on n’a plus de complexe par rapport à ça. »

On est maintenant des papas de 40 ans, on fait de la musique avec notre âme, on ressent l’essence de ce qu’est Simple Plan. On fait ce qu’on adore, ce qu’on a toujours adoré, et on a encore un paquet de fans qui nous ont découverts avec ce son-là ; on injecte de la nitro là-dedans, puis on continue à fond !

Sébastien Lefebvre, guitariste

« Oui, mais faire ça c’est tough, parce qu’on ne veut pas juste sortir une toune en faisant un copier-coller de ce qu’on faisait en 2002, affirme aussitôt Chuck Comeau en réfléchissant tout haut. C’est difficile après avoir eu une carrière comme la nôtre et avec les responsabilités que l’on a aujourd’hui de prendre le temps nécessaire pour faire un bon album. Je comprends maintenant les groupes qui partent en tournée en se contentant de sortir un disque qu’ils jugent correct. Nous, on est très perfectionnistes ; peut-être que des gens vont écouter notre album et dire qu’il n’est pas si bon que ça, mais pour nous, c’est vraiment le mieux qu’on pouvait faire à ce moment-là, on n’a jamais fait de compromis là-dessus. »

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Harder Than It Looks affiche le son classique du groupe, mais dans une « version moderne, actualisée, peut-être un peu plus mature, parce qu’on a changé et qu’on a vécu plein de choses », analyse Chuck Comeau. La voix de Pierre Bouvier est en effet un peu plus posée, les rythmes sont parfois un peu plus lourds et les ambiances, un peu plus sombres, du moins dans certaines pièces. « C’est quand même très mélodique et très accrocheur, mais on voulait aussi garder un son un peu plus alternatif, un peu plus indie-rock », soutient le batteur.

Cette maturité se ressent aussi dans le propos des chansons, certainement moins juvénile que dans les premiers albums du groupe. Une chanson comme Anxiety, par exemple, aborde de front la question de la santé mentale, sur un rythme reggae étonnamment mélancolique.

J’ai eu beaucoup de moments dans la vie où l’anxiété a été un problème. J’ai eu des crises de panique, et lorsque tu passes à travers ça pour la première fois, c’est vraiment bizarre parce que tu as l’impression que tu vas mourir. C’est pourquoi je suis heureux de voir que la santé mentale n’est plus quelque chose de tabou, c’est important qu’on en parle.

Pierre Bouvier, chanteur

Simple Plan est donc conscient qu’il ne s’adresse pas seulement aux jeunes : « Ruin my Life est par exemple une chanson qui peut faire référence à l’intimidation que l’on peut subir à l’école, mais ça peut aussi être quelque chose de plus profond comme le sentiment d’avoir constamment le besoin de l’approbation des autres, soutient Pierre Bouvier. On essaie donc d’aborder des thèmes qui sont importants pour nous, mais qui peuvent aussi parler tant aux jeunes qu’aux fans plus vieux qui nous ont suivis tout ce temps. »

Bien sûr, Simple Plan nous a habitués à voir le bon côté des choses, et c’est toujours le cas avec Harder Than It Looks, on peut se rassurer.

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