L’été s’est installé pour de bon et pour lancer la saison comme il se doit, Drake nous propose un album surprise… de musique house. Le musicien canadien rappe et chante comme toujours. Mais l’enrobage, de la musique électro destinée aux pistes de danse, pourrait en surprendre plus d’un.

Surprendre, mais pas forcément décevoir. Car l’exercice est plutôt bienvenu. On n’attendait pas cet album annoncé la veille, neuf mois seulement après Certified Lover Boy (qu’on avait attendu longtemps). On n’attendait certainement pas ce virage house/dance, même si Drake fait dans la pop, même s’il a déjà fait paraître des albums manifestement destinés à nous faire danser tout l’été. Ce n’est pas un chef-d’œuvre, mais ça ne fait pas de mal.

Mais après la réception plutôt tiède du précédent, Honestly, Nevermind a comme une odeur de tentative de rédemption. On ne peut pas vraiment le comparer au travail antérieur du rappeur-chanteur et cela lui sert bien. Cette galette est un saut osé, tête première, dans des sonorités que Drake n’avait pas encore explorées et l’atterrissage est somme toute réussi.

Calling My Name, Overdrive ou Calling sont trois de nos favorites. Down Hill, qui fait aussi partie des plus accrocheuses, permet d’amener à la house des tonalités africaines, dans les percussions et les chœurs du refrain – rappelons que la musique house est une musique originellement afro-américaine, née dans le Chicago des années 1980. Un des différents reliefs que proposent Drake et les producteurs qui l’ont épaulé dans la création de cet album. Le son house a un rythme très distinctif, que l’on retrouve pendant toute l’écoute de 53 minutes. Les faiseurs de beats Carnage (Migos), Kid Masterpiece, Black Coffee et 40 (Lil Wayne, Alicia Keys), entre autres, ont permis d’insuffler des tonalités R & B, pop ou hip-hop aux productions.

Mentionnons ici une référence au Québec, dans un couplet de la pièce Sticky. « Two sprinters to Quebec/Chérie, où est mon bec ? », chante-t-il. Une rapide recherche Google nous permet de comprendre qu’il fait probablement référence à des « filles faciles » lorsqu’il utilise le terme « sprinters » (cela ou bien à la période entre l’hiver et le printemps)… Fidèle à lui-même, Drake ne place pas la femme (mis à part sa mère) très haut dans ses paroles. Côté textes, d’ailleurs, Drake raconte ses relations toxiques, celles qu’il a gâchées, ses aspirations amoureuses et sexuelles. Rien de nouveau.

La pièce Jimmy Cooks, avec le rappeur 21 Savage, est la seule collaboration et l’unique morceau qui détonne avec le reste. Elle semble ajoutée à la fin de l’album par commodité, parce qu’il fallait bien la sortir, alors pourquoi pas maintenant ?

Sans être bâclé, Honestly, Nevermind est loin d’être le travail le plus raffiné du Torontois. On le reçoit comme un interlude, un bonbon estival en attendant le prochain disque. Une chose toutefois démarque cet album : une cohésion comme on en avait rarement vu chez Drake dans les temps récents. À part la dernière chanson, l’œuvre forme un tout, cohérent, et non pas construit en additionnant une série de simples qui ne se répondent pas vraiment.

Certains seront déçus de la teneur de cette nouvelle offrande, mais d’autres seront plutôt agréablement surpris. Drake a voulu offrir un disque qui pourra s’insérer dans les écoutes estivales de plusieurs, comme l’avait fait l’album Views, paru en avril 2016 – bien que Views surpasse de loin Honestly, Nevermind. La musique du Canadien ne s’insère dans aucune case précise et il se sert de cette latitude à bon escient.

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Honestly, Nevermind

Rap, R & B, House

Honestly, Nevermind

Drake

Republic Records

6/10