Le Festival international de jazz de Montréal a invité l’incroyable Tash Sultana pour son grand spectacle d’ouverture. Une heure et demie durant, l’artiste nous en a mis plein les yeux et les oreilles.

On décrit souvent Tash Sultana comme un one-person band. Une seule personne qui œuvre comme s’il y en avait six sur scène. Un groupe de musiciens à elle seule. Dans les vidéos YouTube que l’artiste présentait au milieu des années 2010 (avant le succès international qu’on lui connaît maintenant), on pouvait déjà voir sa façon de manier la pédale de loop et tous ses instruments pour créer des mélodies enivrantes. Sur la grande scène du Jazz, Tash Sultana nous a fait l’honneur de nous montrer de quoi cela a l’air en spectacle. Un indice : c’est impressionnant.

L’artiste originaire d’Australie a tous les talents. Pendant plus de la moitié de sa prestation, personne ne l’accompagnait sur scène. Autour de Tash Sultana se trouvait plutôt une flopée d’instruments en tout genre. Et, surtout, une station de loop permettant de façonner la trame sonore de notre jeudi soir. Une superbe trame à la fois électro, soul, pop, reggae et jazz. Les moments de musique ont été parfois groovy, d’autres fois sulfureux ou mélancoliques.

Nous n’avons pas pu compter le nombre d’instruments dont Sultana a joué pendant la soirée. Le fait que nous ayons perdu le compte est un bon indicateur de l’ampleur de la tâche accomplie. Il fallait voir l’artiste à l’œuvre, c’était fascinant.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Tash Sultana en concert jeudi soir

Chaque chanson a débuté avec le même rituel. Tash Sultana passait d’un instrument à l’autre – guitare, basse, batterie, clavier, etc. – et ajoutait graduellement les couches instrumentales de son morceau. Cette partie complétée, la voix s’est jointe à la parade. Cette voix est haute et claire, parfois teintée d’un plaisant éraillement. Et lorsque l’artiste ne chantait pas, c’était pour laisser toute la place à de longs et splendides moments tout instrumentaux.

Souvent, surprise, l’artiste a trouvé une façon de nous impressionner un peu plus encore. Que ce soit avec un saxophone, une flûte, une trompette…

Quand on sentait le moment musical à son apogée, l’artiste multi-instrumentiste sortait une nouvelle carte de sa manche.

Et ce n’était jamais que pour gratter (ou souffler) deux ou trois notes, juste pour dire. Tash Sultana sait vraiment, vraiment jouer.

Effort de groupe

Après environ trois quarts d’heure de spectacle, des musiciens sont venus donner plus de relief aux chansons qui ont suivi. On a trouvé ingénieux de la part de l’artiste de montrer cette partie de son œuvre qui l’a fait connaître et qui fait son unicité, soit cette capacité de n’avoir besoin de personne pour donner un spectacle complet, de haute qualité. On a trouvé tout aussi pertinent de voir Sultana s’entourer d’instrumentistes qui lui ont permis de se placer face à la foule, guitare acoustique ou électrique à la main, pour faire vivre un moment de délice à son public.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Parlant de public, la place des Festivals était complètement bondée.

Et comme l’a relevé Tash Sultana (qui n’en croyait pas ses yeux en voyant tout ce monde face à la scène), il y avait des gens de tous les âges, toutes les origines, tous les genres dans la foule.

Le fait d’avoir trois musiciens accompagnateurs sur scène n’a pas empêché l’artiste d’empoigner différents instruments pour exécuter des solos endiablés, ici et là, où de retourner à sa station de loop à l’occasion, de nouveau en mode one-person band (c’est de cette façon que le spectacle s’est terminé). On a été captés dans des moments de frissons, de pur émerveillement.

La musique de Tash Sultana, encore plus en spectacle, est une ode aux instruments, comme un hommage à tout ce qu’ils peuvent offrir. Un merveilleux moment de musique. Le choix de mettre Tash Sultana en tête d’affiche de la soirée d’ouverture du Jazz était le bon. Les festivités sont officiellement lancées. Et d’une magnifique façon.