Le Festif ! de Baie-Saint-Paul s’est conclu dimanche, après quatre journées intenses de spectacles. Retour sur quelques moments de musique qui ont marqué la fin de semaine.

Le public sur la scène avec Matt Holubowski

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Des gens du public sont montés sur la scène avec Matt Holubowski.

Il n’était même pas initialement dans la programmation, pourtant, Matt Holubowski nous a offert notre moment favori du week-end. En fait, 24 heures avant de monter sur scène, il ne savait pas qu’il jouerait au Festif ! Safia Nolin étant malade, Matt Holubowski a été appelé en renfort. En mode acoustique, seul sur scène au milieu d’un champ, il a joué après des mois sans avoir donné de spectacle. Sa douce musique et le décor se sont complétés à merveille. La pluie (le déluge, en fait) s’en est toutefois mêlée. Le musicien a spontanément réagi en invitant son public à monter sur scène avec lui le temps d’interpréter ses dernières chansons. Pour compléter ce moment magique, un arc-en-ciel s’est formé derrière la scène alors qu’il terminait son spectacle — ça ne s’invente pas ! Matt Holubowski a finalement bien résumé le sentiment : « Je vais m’en souvenir, de celle-là ! »

Ouri et son violoncelle dans la cour à Johanne

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Ouri et son violoncelle dans la cour à Johanne

Le Festif ! permet aux festivaliers d’écouter des concerts intimistes dans les cours arrière de résidants de Baie-Saint-Paul. Vendredi, dans la cour à Johanne, près du centre de la ville, des draps et des vêtements blancs étaient étendus sur des cordes un peu partout. Sur une petite scène, Ouri, son violoncelle, sa basse et sa machine à loop. Devant elle, une petite centaine de personnes, sur des chaises ou assises au sol. Dans l’air, une musique planante, parfaite pour ce décor des plus intimistes. Ouri était elle-même assise par terre durant la majorité du spectacle, comme si elle venait nous raconter un secret. L’auteure-compositrice-interprète et son chant minimaliste, aérien, ont été accueillis dans un calme total, le public attentif, absorbé. Un instant de parfaite passibilité.

Les histoires de Martha sur le quai

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Martha Wainwright au Festif ! de Baie-Saint-Paul

Martha Wainwright vit sa musique intensément lorsqu’elle est sur scène. Cette énergie nous traverse lorsqu’on la regarde et qu’on l’écoute. Sa voix est d’une beauté exceptionnelle, tout aussi juste que joliment inexacte. Surtout, Martha Wainwright fait vivre une expérience complète. Sur le quai de Baie-Saint-Paul où elle s’est présentée dimanche matin, le décor était celui qu’il nous fallait pour encore mieux apprécier le moment : le port, l’eau (certains regardaient le spectacle en se baignant ou sur leur paddleboard), la brise, l’horizon… Martha Wainwright nous raconte des histoires, avec sa musique, mais aussi entre les chansons. Elle a toujours le bon mot pour faire rire et pour nous intéresser à ses anecdotes. Elle ne craint pas l’erreur, reprend une chanson quand elle ne commence pas sur la note, sans s’en excuser. Elle prévient que la prochaine chanson risque d’être « un désastre, mais c’est correct ». Elle reprend une pièce de Tom Waits en lisant les paroles, toujours sans s’en excuser. Tout est brut dans la proposition de Martha Wainwright. Tout touche droit au cœur.

Geoffroy saute à l’eau pendant son show sur la rivière

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Geoffroy au Festif ! de Baie-Saint-Paul

Imaginez la scène : des centaines de personnes à l’eau (sur des bouées ou non), sur la rive ou sur le pont au-dessus, face à la scène flottante du Festif ! surmontée d’une pieuvre géante. Sur cette scène, vendredi, jouaient Geoffroy et ses musiciens. Le soleil nous brûlait la peau, l’eau de la rivière du Gouffre aidait à nous garder au frais sous ces 30 degrés. Geoffroy a lui-même fini par se jeter à l’eau depuis la scène avant de terminer son spectacle. L’ambiance était idéale. L’organisation du festival sait comment bien placer ses artistes invités sur les différentes scènes de son site. Les gens dansaient, créant des vagues au rythme du groove de l’interprète de Sleeping on My Own.

Jouer dans le bac à sable de Death From Above 1979

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Death From Above 1979 en concert samedi

Il a fallu prendre une navette (ou se rendre en voiture) jusqu’au beau milieu de nulle part pour arriver à l’endroit où se tenait le spectacle des Canadiens Death From Above 1979, samedi, à minuit. Le duo rock a été fantastique, décapant, pendant près de deux heures. Rien à redire côté musique. Le lieu de spectacle a rendu l’expérience d’autant plus mémorable. Un immense pit de sable a été aménagé pour ce spectacle et celui de Gros Mené, la veille. Une fois sur les lieux, il a fallu marcher quelques minutes sur un chemin bordé de feux de camp guidant la route. Une fois devant la scène, un décor à tomber par terre nous a fait rêver du moment à venir avant même que la musique ne commence. Derrière le groupe, des voitures empilées créaient cet effet postapocalyptique que les chansons de DFA ont aussi évoqué. Le travail d’éclairage a complété l’ambiance pour une nuit où le mosh pit n’a jamais cessé.

Crowdsurfing dans le désordre ordonné d’Hubert Lenoir

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Foule devant la scène où jouait Hubert Lenoir.

Sur la plus grande scène du festival, rue Ambroise-Fafard, Hubert Lenoir était attendu par plusieurs milliers de festivaliers. L’auteure de ces lignes a vu le spectacle qu’il a présenté plusieurs fois, pourtant, nul doute que ce moment de musique doit figurer dans les meilleures soirées de cette édition du Festif ! Même en sachant ce qui allait arriver — Hubert Lenoir est une bête de scène, capable de feinter le désordre comme nul autre —, nous avons tout à fait conscience du fait que nous avons assisté à un moment fort. Déchaîné, il a chanté et crié, s’est jeté dans la foule à plusieurs reprises, nous a fait danser. Même si le chaos est calculé (entre les interruptions ou les moments d’« improvisation »), il n’en est pas moins convaincant et, surtout, divertissant. L’enfant terrible ne déçoit jamais.

Lever de soleil, rock de ruelle et pluie battante

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Loud clôturait le Festif !.

Au-delà des grands moments marquants, un week-end au Festif ! est ponctué de plusieurs spectacles qui nous remplissent la tête de souvenirs. Dimanche matin, à l’aube, Saratoga a offert un réveil en douceur aux festivaliers, alors que le soleil perçait l’horizon. Plus tard dans la journée, quand les nuages se sont faits de plus en plus menaçants, Elliot Maginot a tout fait pour garder l’instant lumineux. Lorsque la pluie s’est mise à tomber, que l’on savait que le spectacle allait devoir se terminer, le public s’est amassé plus près de la scène, comme pour trouver refuge dans la douce musique qui nous était offerte. La veille, c’est le trio zouz qui a donné à son public tout ce dont il avait besoin en jouant son rock progressif dans une ruelle de Baie-Saint-Paul. Fabuleux instrumentistes, zouz ont été un autre coup de cœur du week-end. Pour le spectacle de clôture du Festif !, Loud a partagé un moment avec ses invités (Imposs, Lary Kidd, Tizzo, Rymz, Raccoon et 20Some) et les derniers festivaliers restants. Ceux qui ont bravé la pluie (encore) et qui se sont amenés en ce dimanche soir pour une toute dernière danse. Une belle finale.

Les frais d’hébergement pour ce reportage ont été payés par le Festif !