Critique de Trouble the Water de Show Me the Body Rage inclusive

Rarement un groupe hardcore permet à une jeunesse de tous les horizons – et issue de toutes les communautés – un exutoire inclusif, voire heureux. C’est ce tour de force que réussit, spectacle après spectacle, Show Me the Body (SMTB), trio new-yorkais qui propose, avec l’album Trouble the Water, un véritable défoulement auditif… où le banjo tient le haut du pavé des instruments entendus.

C’est donc sous les accords pincés de Julian Cashwan Pratt que le charme opère. Et sous sa voix rageuse – bien sûr – qui lance aux visages des jeunes convives des phrases telles que :

Ou encore :

Violence policière, isolement, santé mentale, capitalisme sauvage, affrontements des classes, immigration. Ces sujets d’actualité sont traités sans nuance sur les 12 pièces de l’album. Pour SMTB, tout est noir ou blanc, sans zone grise possible. Dans ce monde apocalyptique, il faut trouver un équilibre pour ne pas sombrer, explique Cashwan Pratt. Se battre pour repousser les forces du mal, certes, mais il faut aussi prendre le temps pour danser et pour baiser !

Trouble the Water se veut une homélie pour les laissés-pour-compte et pour une jeunesse contestataire à la recherche d’une place au soleil. Musicalement, de l’intro à la conclusion, on nage dans un noise hardcore underground, violent, qui flirte avec les codes du rap.

Avec son originalité musicale, son approche punk, sa mixité des genres et l’inclusion communautaire de son public, SMTB nous rappelle les belles années de Korn ou, dans une moindre mesure, de Rage Against the Machine. À l’image de l’apport de ces deux groupes importants de la musique hardcore, on souhaite à SMTB de sortir de l’ombre et d’être entendu par un vaste public. Reste à voir si Trouble the Water lui permettra d’entamer ce nouveau chapitre.