Ce n’est pas l’humilité qui étouffe l’alter ego de Xavier Dufour Thériault, Zoo Baby. « On peut sortir et boire des Tsingtao / se coucher sur le sol en dessous des vaisseaux / et écouter mon disque », propose-t-il dans All Night Long, non pas la chanson de Lionel Richie, mais celle avec laquelle il ouvre son élégantissime deuxième disque.

En février 2020, le chanteur de Gazoline a lancé un premier album solo comme on dévoile quelque chose à son sujet, dans son cas, une révérence à la pop. Un amour que les rockeurs ont depuis assimilé à leur propre son sur Gazoline III, qui regardait fin 2021 du côté du disco.

Amusant, certes, le Zoo Baby homonyme présentait néanmoins les limites inhérentes à un projet parallèle, tout le contraire de ce Volume 2, sur lequel le tendre trublion trouve pour de bon sa véritable identité, hors de son groupe. Avec All Night Long, Chacun chez soi et Différent de toi, Dufour Thériault balance sa plus grisante série de trois chansons depuis l’assaut (Débris d’été (Ailleurs), Du feu, Ces gens qui dansent) qui inaugurait le premier Gazoline en 2014.

En se faisant tour à tour crooner hochelaguien, briseur de cœur repentant et garçon triste ghosté par sa flamme, le Xavier nouveau montre qu’il est maintenant bien instruit des charmes de la nuance. Et c’est ainsi qu’il susurre ses textes d’humidité et de solitude sur la majorité des onze pièces, pendant que s’envolent derrière lui des cordes qui confèrent à chacun de ses sourires en coin une sorte de mélancolie qui lui sied aussi bien que, jadis, sa veste en cuir.

Le dandy fauché est aussi désormais bien instruit des bénéfices de l’introspection et signe des textes dans lesquels l’insolence cède presque sa place au spleen ou à des aveux difficiles (L’envie, sur la jalousie en amitié). Manifestement écrit durant la pandémie, l’album évite les idées déjà usées sur ce thème et parle de la distance forcée par le confinement comme un carburant pour le désir qui gonfle entre deux personnes.

Superbement réalisé par Julien Mineau, Volume 2 emprunte à nouveau à Prince (les guitares de Prendre le temps), à la chanson gainsbourienne ainsi qu’à la pop baroque de l’époque où les groupes de rock anglais s’étaient laissé tenter par les splendeurs de vastes arrangements orchestraux. De quoi avoir envie d’appuyer sur repeat et de se décapsuler une autre Tsingtao.

0:00
 
0:00
 
Volume 2

Pop baroque

Volume 2

Zoo Baby

Duprince

7/10