Alors que la planète toussait, malade de la COVID-19, le guitariste Mathieu Ball a dit dans une entrevue que son groupe cherchait toujours à produire une musique « aussi sombre que possible ». À l’écoute de nature morte, nouvel album de BIG|BRAVE, on confirme que le trio montréalais metal a encore réussi sa mission, et a même assombri davantage sa sonorité.

Six longues pièces construites dans la noirceur totale, gracieuseté de la lourde batterie de Tasy Hudson, des accords distorsionnés de Ball et de la voix puissante – et criarde – de Robin Wattie. Une formule connue par ceux qui suivent la carrière du groupe finaliste d’un Polaris en 2021 pour l’album Vital, où étaient éludées les sonorités celtiques et folkloriques entendues sur les disques antérieurs.

Nature morte est une suite logique. Les pédales de distorsion bien utilisées – sans en abuser – permettent à Ball de nous offrir des accords bouclés à la fois planants et grinçants. En accompagnement, les percussions produites par Hudson sont lourdes et précises, battent le rythme cardiaque de la trame, alors que la voix de Wattie monte en intensité.

Musicalement, on pense inévitablement à un autre groupe phare de Montréal, Godspeed You ! Black Emperor. On baigne dans la profondeur abyssale des mêmes eaux. Les crescendos lointains font lentement leurs remontées en surface, les changements de tempo sont attendus avant d’exploser, violents.

BIG|BRAVE nous offre notamment sur ce nouvel opus une envolée magistrale au milieu de la pièce The Fable of Subrogation.

On aurait aimé que les textes ajoutent au plaisir auditif : ils nous semblent malheureusement en discordance, à l’occasion, traitant surtout d’amour et de recherche du partenaire idéal (my love runs deeper than your ocean’s blue, thus, my love for you must be pure and true, chante Wattie).

Il reste que BIG|BRAVE offre ici son disque le plus mature musicalement, d’un noir encore plus sombre que possible.

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nature morte

Métal industriel

nature morte

BIG|BRAVE

Thrill Jockey

8/10