Il est loin le temps où la musique de Sibelius était considérée avec dédain. On se souviendra du critique états-unien Virgil Thomson qui, dans les années 1940, qualifiait la Symphonie no 2 du compositeur finlandais de « vulgaire, provinciale et complaisante », et du chef René Leibowitz qui, quelques années plus tard, parlait de Sibelius comme du « plus mauvais compositeur du monde ».

Les intégrales de ses sept symphonies sont maintenant monnaie courante. L’éminente école de chefs finlandais, qui a, on s’en doute, le flair pour cette musique, est de la partie : Berglund (trois fois !), Vänskä (deux fois), Saraste, Segerstam et tout récemment le jeune Klaus Mäkelä avec l’Orchestre philharmonique d’Oslo. Les autres ne sont pas en reste avec Bernstein et Barbirolli, qui dominent sur le plan qualitatif, mais aussi Blomstedt, Davis, Rattle, les Järvi et quelques autres.

Yannick Nézet-Séguin est en train de s’ajouter à cette liste avec l’Orchestre Métropolitain (OM). Le chef montréalais a commencé par la Première, parue seule avant la pandémie, avant de sauter la Deuxième (l’OM la jouera l’an prochain à New York) pour s’attaquer aux deux suivantes, enregistrées en public respectivement en juin 2021 et en février 2022. La Cinquième doit quant à elle être captée vendredi soir.

Si la Troisième avait été l’objet d’une sortie numérique en 2021, elle est maintenant couplée avec la Quatrième pour la sortie physique. Les deux œuvres figurent parmi les moins jouées du compositeur finlandais, au contraire des nos 1, 2 et 5.

Après avoir assisté à l’enregistrement de la Quatrième, nous avions écrit qu’elle avait été « patiemment, amoureusement sculptée sous nos yeux pour lui donner un visage humain » par le chef du Métropolitain. Une grande réussite.

La Troisième de Nézet-Séguin n’est pas moins intéressante, avec un premier et un troisième mouvements relativement amples, mais pleins de vie, et un mouvement lent assez étale, si on compare à Bernstein et Berglund (mais pas si on le met en regard de ce que font un Barbirolli ou un Vänskä).

La réalisatrice Anne-Marie Sylvestre et l’ingénieur du son François Goupil ont idéalement capté les deux moments avec une image sonore riche et profonde.

0:00
 
0:00
 
Sibelius 3&4

Musique classique

Sibelius 3&4

Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre Métropolitain

ATMA, 2023

9/10