Sept ans après Hardwired… to Self-Destruct, Metallica est de retour en selle avec 72 Seasons, un album qui puise à la source de l’inspiration du légendaire groupe métal. À quelques jours du lancement officiel du disque et quatre mois avant le passage du quatuor au Stade olympique, La Presse a fait le point avec le bassiste du groupe, Robert Trujillo.

C’est l’enregistrement de la version acoustique de Blackened en mai 2020 qui a mis le feu aux poudres. « C’était le début du processus créatif, même s’il s’agissait d’une ancienne chanson », nous dit Trujillo à propos de la nouvelle itération de la chanson tirée de …And Justice for All. « On peut dire que c’est l’étincelle qui a rallumé la flamme, c’est ce qui nous a fait réaliser qu’on avait le goût d’être créatifs de nouveau. »

Pandémie oblige, la chanson a été réalisée en pièces détachées dans les studios maison de chaque musicien. Les premières esquisses de 72 Seasons ont été enregistrées de la même façon.

« J’ai dû dépoussiérer mon propre matériel, mais on a rapidement demandé à notre producteur Greg Fidelman de venir mettre nos équipements à jour, se souvient le bassiste. Lars [Ulrich] et James [Hetfield] ont ainsi commencé à travailler sur quelques idées laissées en suspens. »

Certaines esquisses pondues pendant la précédente tournée ont ainsi été fignolées, tout comme certains riffs tout neufs.

Extrait de 72 Seasons

C’est le début de la recette, mais à un certain moment, il a fallu se retrouver en personne. D’ailleurs, c’était pas mal émotif, comme vous pouvez l’imaginer. Et une fois que l’on s’est retrouvés dans la même pièce, on s’est mis à jouer les chansons comme si on était sur un tapis magique. On a fignolé les pièces, on a trouvé des intros en jammant, c’est vraiment ce qui a aidé à créer les moments les plus authentiques de l’album.

Robert Trujillo, bassiste de Metallica

Bref, le fait d’avoir été isolés les uns des autres pendant si longtemps a donné à 72 Seasons un souffle qui s’entend.

Du thrash métal pur jus de Lux Æterna à la suite d’accords complexes de Crown of Barbed Wire en passant par l’accessible Sleepwalk My Life Away – une sorte de clin d’œil grunge à Enter Sandman –, l’album ratisse large et s’inspire du vaste répertoire du groupe.

Regard sur les erreurs du passé

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

James Hetfield, lors du passage de Metallica à Montréal le 19 juillet 2017

Mais on retient surtout l’ambiance dépeinte par le leader James Hetfield, qui porte un regard parfois lourd sur les 72 premières saisons de la vie, 18 années cruciales qui définissent l’adulte en devenir, pour le meilleur et pour le pire.

« Les paroles de James peuvent toujours être interprétées de différentes façons, soutient Robert Trujillo. Mais ce que je peux dire est qu’il a toujours tendance à regarder vers l’avant, il essaie sans cesse de devenir une meilleure personne. Bien sûr, quand on regarde derrière, on voit parfois nos erreurs. On peut se souvenir des bons moments, mais on peut aussi se rappeler les difficultés rencontrées. Mais c’est certainement un moyen puissant d’aborder la question, et c’est une excellente manière de canaliser l’énergie des chansons. »

Trujillo soutient que tout le groupe a été porté par le concept proposé par Hetfield, d’autant plus que le processus créatif s’est avéré plus collaboratif.

« C’est un album qui est spécial à mes yeux, l’esprit qui nous habitait était très intense », nous révèle le musicien de 58 ans, qui s’est joint à Metallica il y a 20 ans.

Extrait de Lux Æterna, de Metallica

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La présence du musicien se fait justement sentir sur plusieurs pièces, son instrument figurant avantageusement dans la balance sonore qui favorise historiquement les guitares et la batterie chez Metallica. « Notre producteur Greg Fidelman est un amoureux de tous les instruments, particulièrement de la basse et de la batterie », soutient Trujillo.

[Notre producteur Greg Fidelman] est fier de prendre le temps de faire sonner chaque chanson de la meilleure des façons. On a d’ailleurs enregistré six ou sept versions de basse différentes, on les réécoutait ensuite comme s’il s’agissait d’un test à l’aveugle de façon à identifier le son qui convenait le mieux pour la personnalité de chaque chanson !

Robert Trujillo, bassiste de Metallica

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

James Hetfield et Robert Trujillo, lors d’un concert dans le cadre de Heavy Montréal, en 2014

Déjouer le son du Stade

C’est donc gonflé à bloc que le groupe se prépare au lancement de l’album, mais surtout à la tournée qui doit commencer le 27 avril à Amsterdam, avec deux arrêts en août à Montréal. « On répète actuellement à HQ [le studio du groupe, en banlieue de San Francisco] et on doit bien avoir jusqu’à 45 chansons à répéter, nous apprend Robert Trujillo. On ne les conservera pas toutes – Lars est en train de concocter les programmes de nos concerts –, mais chose certaine, chacun des deux spectacles présentés dans chaque ville sera entièrement différent. Il y aura aussi des nuances selon les endroits visités. »

Quant aux spectacles présentés au Stade olympique les 11 et 13 août, le bassiste soutient que le groupe est déjà à pied d’œuvre dans le but de trouver un son convenable pour déjouer l’acoustique malfamée du stade. « On a la meilleure équipe d’ingénieurs sonores qui soit, elle est présente à nos répétitions pour trouver le son le plus dynamique possible pour nos spectacles, soutient-il. On tient vraiment à ce que notre son soit à la hauteur, c’est important pour nous. »

Comme c’est important de venir jouer à Montréal. « Cette région a toujours été incroyable pour nous, non seulement par rapport au Canada, mais d’un point de vue nord-américain, confie Trujillo. Les gens y sont plus fous et plus passionnés qu’ailleurs et on se nourrit de ça, c’est sûr. En fait, l’Amérique du Nord est souvent pour nous soit un coup de circuit, soit un retrait au bâton ; chez vous, on passe littéralement au niveau supérieur. »

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