L’Orchestre Métropolitain (OM) annonce ce mercredi sa saison 2023-2024, une programmation que son chef Yannick Nézet-Séguin promet plus « éclatée » que jamais. La Presse en a discuté avec sa nouvelle directrice générale, Fabienne Voisin.

L’administratrice, arrivée ici l’automne passé après 11 ans à la tête de l’Orchestre national d’Île-de-France, était ravie de présenter sa première saison, préparée en étroite collaboration avec Yannick Nézet-Séguin et le chef de la programmation, Benjamin Goron. Un menu en droite ligne avec les préoccupations du chef de « fai[re] une place à celles et ceux qui trop longtemps n’en ont pas eu ».

Des dix programmes réguliers, quatre sont dirigés par le chef titulaire et six par des chefs invités, soit quatre femmes et deux hommes. Questionnée sur cette présence appuyée des femmes au podium de l’OM (67 % de cheffes invitées, alors que l’on comptait seulement 15 % de femmes dans l’ensemble de la profession aux États-Unis en 2016, selon la League of American Orchestras), Mme Voisin répond que « ce n’est pas avec des pourcentages qu’on construit une saison, c’est plutôt à partir d’envies que nous avons eues de travailler avec certaines personnes ».

Le Métropolitain, dont l’académie de direction d’orchestre comptait trois hommes et trois femmes, ne court-il pas le risque de laisser de jeunes chefs sur le carreau ? « Tous les choix impliquent des renoncements », concède la directrice générale.

Cette dernière décrit Nézet-Séguin comme « un des empereurs » de la nouvelle manière de faire de la musique classique, « un des chefs qui est mondialement regardé pour sa programmation ».

[Yannick Nézet-Séguin] nous aide à avoir l’audace d’imaginer le répertoire de demain et de cultiver une connivence beaucoup plus humaine avec le public.

Fabienne Voisin, directrice générale de l’Orchestre Métropolitain

En matière de répertoire, les grandes œuvres du canon orchestral ne sont pas en reste, avec la Symphonie no 1 de Schumann, la Symphonie no 4 de Tchaïkovski, Shéhérazade de Rimsky-Korsakov, La petite sirène de Zemlinsky (accompagnée de dessins sur sable), la Symphonie no 6 de Mahler (en clôture de saison), Don Juan de Strauss, la Symphonie no 2 de Sibelius (qui sera jouée en tournée au Carnegie Hall en mars et enregistrée dans le cadre de l’intégrale en cours), la Symphonie no 7 « Leningrad » de Chostakovitch et la Symphonie no 5 de Prokofiev.

Du côté concertant, l’OM fera deux fois place au piano avec le Montréalais Bruce Liu dans le Concerto no 2 de Rachmaninov en début de saison et Élisabeth Pion avec le Concerto de Lūcija Garūta. Le violon sera quant à lui à l’honneur avec le Serbe Nemanja Radulović (Khatchaturian) et la jeune Espagnole Maria Dueñas dans un concerto récemment redécouvert de Johan Halvorsen (1864-1935), recréation qui fera l’objet d’un film.

La flûtiste française Juliette Hurel (Saariaho et Mozart), le percussionniste Dominique Vleeshouwers (Eötvös) et l’artiste en résidence Andreas Ottensamer (Brahms arrangé par Berio), l’éminent clarinettiste solo du Philharmonique de Berlin, qui dirigera aussi un concert, se produiront également en solo.

Les amateurs de musique chorale entendront également le Gloria de Poulenc, le Psaume 130 de Lili Boulanger et l’incontournable Messie de Haendel avant Noël.

Comme la découverte est chère au Métropolitain, les habitués auront droit à une création d’une compositrice crie albertaine, en plus d’œuvres plus ou moins anciennes des États-Unis, de France, de Grande-Bretagne, de Hongrie, de Norvège, de Lettonie, de Finlande, du Chili et du Mexique. Une seule partition québécoise, Alap & Gat, du regretté José Évangelista, figure parmi les dix programmes réguliers.

En dehors de la Maison symphonique, il y aura également les traditionnels concerts en arrondissement, mais aussi six récitals de musique de chambre avec des membres de l’orchestre à la salle Bourgie et des collaborations avec Passe-Partout, Danse Danse, l’Orchestre national de jazz de Montréal et la drag queen Barbada (contes pour enfants).

Autre rendez-vous non négligeable : la venue de l’Orchestre de Philadelphie avec son chef Yannick Nézet-Séguin le 19 avril dans la Symphonie no 4 de Florence Price et la Symphonie no 2 de Rachmaninov.

Consultez le site de l’Orchestre Métropolitain