Avec un savant mélange de nostalgie et de fraîcheur, Metallica arrive avec un 11e album studio tout en puissance qui montre que les instincts sauvages de la bête sont encore bien intacts.

James Hetfield a senti l’urgence de créer quelque part en pleine pandémie, quand il a repris sa guitare acoustique pour faire une version plus docile de Blackened. Il avait dans sa besace quelques bons riffs pondus pendant les répétitions des concerts suivant la sortie de Hardwired… to Self-Destruct, des pépites qui ont ensuite été taillées en groupe, quand le leader du quatuor californien a enfin pu retrouver ses potes en studio.

Le résultat est à la mesure de la réputation du plus grand groupe métal de l’histoire ; 77 minutes de musique inspirée, qui ratisse large en puisant dans le vaste bagage du groupe, mais en trouvant le moyen d’oser. Crown of Barbed Wire, par exemple, n’est pas porté par les sacro-saints power chords de Hetfield, mais plutôt aiguillée par une suite d’accords complexes de Kirk Hammett qui donne texture et richesse à cette excellente pièce métal ; le chanteur exprime ici plutôt des registres vocaux qu’il n’a pas souvent explorés. Les voix sont aussi exploitées de belle façon dans Shadows Follow, cette fois à l’aide de puissantes harmonies qui apportent une dose de fraîcheur dans une chanson pourtant lourde à souhait. You Must Burn! est une autre composition aux saveurs presque gothiques, le pont prog se métamorphosant en complainte sabbathesque alimentée par d’inquiétants glissandos de la basse gutturale de Rob Trujillo.

On est toutefois en terrain connu et rassurant avec le thrash métal pur jus de Lux Aeterna ou de Chasing Light, ou encore avec les plus classiques 72 Seasons, Too Far Gone ? et Room of Mirrors, ces deux dernières pièces comportant notamment de satisfaisants duos de guitares parfaits pour faire tournoyer sa tignasse – si tignasse il y a toujours, bien sûr. Enfin, on ne peut passer sous silence Sleepwalk my Life Away, croisement étonnant entre Enter Sandman et le grunge à la sauce Stone Temple Pilots.

Bref, un album qui fait référence aux 72 premières saisons d’une vie, 18 années qui définissent notre existence selon James Hetfield, selon que l’on décide de rompre ou d’embrasser son passé. Pour le leader de Metallica, c’est manifestement une excellente source d’inspiration.

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72 Seasons

Métal

72 Seasons

Metallica

Blackened Recordings

8,5/10