Une centaine de concerts, une cinquantaine d’artistes invités, les célébrations du 10e anniversaire du Grand Orgue Pierre-Béique, le retour du conte de Noël de Fred Pellerin et Kent Nagano : la saison 2023-2024 de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), qui fêtera ses 90 ans en 2024, s’annonce foisonnante.

Le directeur musical de l’OSM, Rafael Payare, a dévoilé mardi les détails de sa deuxième saison à la tête de l’orchestre montréalais. « C’est important pour moi de partager l’ADN de l’OSM avec le répertoire que je veux faire », a-t-il expliqué.

Le plus difficile aura certainement été de faire un tri dans toutes ses idées, lance le fougueux chef. « C’était déchirant. » La directrice principale du secteur artistique de l’OSM, Marianne Perron, confirme que chaque choix était comme « s’arracher un bras », mais qu’il s’agit de trouver un équilibre à travers les saisons à venir.

« L’accent a été mis cette année sur les piliers du XXe siècle, qui a été une grande période de bouleversements, explique-t-elle. Parce qu’on trouve dans le siècle dernier des échos à ce qui se passe en ce moment. »

Le chef vénézuélien, qui est aussi directeur musical du San Diego Symphony, ouvrira la saison en septembre 2023 avec un concert intitulé Le Sacre du printemps de Rafael Payare, pendant lequel l’OSM interprétera la mythique œuvre de Stravinski, ainsi que la Messe glagolitique de Janáček.

Une pièce qui fait partie des classiques de l’OSM et la mise en lumière d’une autre qui n’a pas été jouée par l’orchestre depuis 30 ans : ce premier concert est un peu à l’image de cette saison pendant laquelle l’OSM se promènera dans le temps et l’espace, entre les répertoires germaniques, français et sud-américains… et beaucoup plus, autant chez la compositrice romantique allemande Emilie Mayer que chez Chostakovitch et sa Symphonie no 8, en passant par Messiaen, Bach, Ravel, Bruckner et Auerbach.

C’est important de souligner que c’est un travail d’équipe. Ce n’est pas moi qui joue, ce sont les musiciens. Ils ont la couleur, les sons, la profondeur. Ils peuvent tout jouer.

Rafael Payare

Rafael Payare dirigera une bonne trentaine de concerts sur la centaine qui a été programmée. Il poursuivra entre autres le cycle Mahler amorcé la saison dernière, cette fois avec la Symphonie Titan et la Symphonie no 7. Fidèle à son désir d’intégrer des œuvres d’origine latine, il propose également Voyage sud-américain avec Rafael Payare et Javier Perianes, dans lequel seront présentées des œuvres de Ginastera et Villa-Lobos.

Le chef clôturera la saison en mai 2024 avec un concert intitulé Orgue et orchestre : la parfaite harmonie, pendant lequel quatre organistes interpréteront de grandes pièces pour orgue, telle la Toccata festiva de Barber, mais aussi une composition de Denis Gougeon.

Les 10 ans du spectaculaire Grand Orgue Pierre-Béique de la Maison symphonique ont en fait été un prétexte pour organiser toute une programmation autour de cet instrument, avec une quinzaine de concerts répartis dans la saison, et une dizaine d’organistes invités.

« On a voulu montrer que l’orgue est aussi un instrument d’orchestre », explique Jean-Willy Kunz, organiste en résidence depuis 10 ans qui a collaboré de près au choix des différents programmes. « Il existe au moins 500 pièces pour orgue et orchestre… Bien sûr, il y a la Symphonie no 3 de Saint-Saëns, mais il y en a aussi 499 autres ! »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

L’organiste en résidence Jean-Willy Kunz, le chef Rafael Payare, la directrice principale du secteur artistique Marianne Perron et le violon solo Andrew Wan

Une cinquantaine d’artistes ont répondu à l’invitation de venir jouer avec l’OSM. Il y aura entre autres la grande soprano et cheffe d’orchestre Barbara Hannigan, qui sera en résidence, mais on pourra voir à l’œuvre des chefs comme Eun Sun Kim et Christoph Eschenbach et une foule de solistes, dont la trompettiste Lucienne Renaudin Vary, les pianistes Maria João Pires et Louis Lortie, la violoncelliste Alisa Weilerstein et les violonistes Augustin Hadelich et Blake Pouliot.

Nagano, Pellerin et l’OSM

Le chef émérite de l’OSM Kent Nagano sera également de retour pour deux concerts, d’abord la Symphonie no 3 de Beethoven, ainsi que pour une sixième collaboration avec Fred Pellerin, dans un conte de Noël qui s’intitulera Le secret de Polichignon.

« C’est une association unique et ils avaient envie de retravailler ensemble », explique Marianne Perron, qui souligne que les 90 ans de l’OSM n’ont pas tellement orienté la programmation, mais que dans le contexte post-pandémique, cet anniversaire a plutôt donné envie à l’équipe de brasser la soupe.

Je dirais : 90 ans et encore jeune. On a repensé les façons de faire, on s’est demandé ce qui était pertinent pour les gens après la pandémie, avec un nouveau directeur musical. Ça a fait partie de la réflexion, de repenser les choses un peu.

Marianne Perron, directrice principale du secteur artistique de l’OSM

Du côté de la musique populaire, Luce Dufault et le trio formé par Marie Denise Pelletier, Marie Carmen et Joe Bocan viendront clore leurs tournées dans le cadre de la série OSM Pop. On pourra aussi voir un hommage à Patrick Norman, ainsi que le groupe de rap français IAM, qui donnera le concert prévu initialement en avril 2020, après trois reports successifs.

Rafael Payare, de son côté, a connu pour la deuxième année les rigueurs de l’hiver québécois. Il semble garder un souvenir impérissable du récent verglas – « oui, oui, trois jours sans électricité à Outremont… » – et a surtout l’impression que le public québécois l’a adopté. « Je me sens chez moi », dit-il. Il confirme que d’autres enregistrements et d’autres tournées sont à venir pour l’OSM. Que voit-il quand il regarde sa nouvelle programmation ?

« Je vois un menu au complet. Quelques petits canapés, des entrées, des plats principaux consistants. C’est bien équilibré. »

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