Alors que leur deuxième album, acclamé, vient de paraître et qu’ils s’apprêtent à se produire au Piknic Électronik plus tard ce mois-ci, les membres du groupe hip-hop montréalais Planet Giza ont parlé à La Presse de leurs débuts, il y a 15 ans, de leur ascension hors Québec et de leurs ambitions, sans limites.

Leur album Ready When You Are vient de paraître et les médias spécialisés l’encensent. Au bout du fil, dans un appel pour lequel les trois membres de Planet Giza se sont rendus disponibles, Rami B, Doom X et Tony Stone semblent aussi conscients de leur potentiel qu’ils sont terre à terre.

« Dès qu’on a vu qu’il y avait ce potentiel, ç’a toujours été notre but [de faire quelque chose qui aille au-delà de la scène locale] », nous dit Rami B, en entrevue.

Il n’y a pas de recette, mais petit à petit, on veut se rendre de plus en plus loin.

Doom X

Quand on discute avec de jeunes artistes comme les trois membres de Planet Giza, qui produisent de la musique à vocation internationale avec une incontestable dextérité, on veut d’abord savoir s’ils ont toujours été destinés à en arriver là. Sont-ils tombés dedans quand ils étaient petits ? Composaient-ils des mélodies avant même de savoir parler ?

Depuis leur tendre enfance

Sans grande surprise, on apprend que Rami B, Doom X et Tony Stone ont tous les trois baigné dans la musique dès leur plus tendre enfance. En Haïti, Doom avait « tout le temps de la musique de styles différents à la maison » et recevait par radio satellite les sorties en provenance des États-Unis. Rami a toujours eu du raï, de la musique algérienne, dans les oreilles. Quant à Tony, c’est le R&B, la musique disco et les classiques rap que son père lui présentait qui ont bercé son enfance.

Et pourtant, les trois comparses nous expliquent tous qu’ils ont décidé bien plus tard que la musique serait au centre de leur vie. Peut-être parce qu’on apprend rarement que de s’engager sur une voie artistique est la meilleure des options. Mais à l’adolescence déjà, leur passion se développe.

Très jeunes, Doom et Tony se sont rencontrés sur le terrain de basket, puis se sont retrouvés plus tard au cours de l’été 2008. Le premier faisait déjà des beats à l’époque et le second s’y est mis juste après leur rencontre. « Il est venu chez moi, je lui ai montré FL [Studio], comment faire des beats. Plus tard, il a rencontré Ramy et ils ont formé un groupe ensemble. Ils m’ont demandé de travailler avec eux. On a fait une première chanson qui a bien marché. On a continué à collaborer jusqu’à se dire qu’il fallait qu’on forme un groupe ensemble. »

Planet Giza est né. Le groupe est à la base composé de beatmakers. Au départ, les trois complices travaillaient sur leurs productions et invitaient des artistes à y ajouter leur voix. « À un moment, on a voulu avoir le rappeur Mick Jenkins sur une de nos chansons et on n’avait pas pu l’avoir, raconte Tony Stone. Les gars m’ont dit que je devrais essayer de le faire. La réception a été vraiment bonne et ça a un peu lancé la transition vers ce qu’on est maintenant. »

Extrait de WYD, de Planet Giza (avec Saba)

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Tony continue de travailler sur les beats, puis ajoute les paroles, explique-t-il. À leurs débuts, l’expérimentation est le mot d’ordre. Si le style de leur hip-hop, très funk et R&B, est désormais bien établi, ils ont d’abord touché à d’autres genres. Les intérêts musicaux de chacun ont modelé leurs essais.

Maintenant, ce qu’on fait, si on devait le décrire en un terme, ce serait rétro-futuristique. Notre creative director, pendant qu’on travaillait chez lui sur l’album, a pensé à ce terme et ça a cliqué dans nos têtes.

Doom X

« C’est ce qu’on visait depuis longtemps, sans avoir le terme pour le décrire : on prend des éléments du passé et on les rend plus modernes, à notre manière », ajoute-t-il.

IMAGE TIRÉE D’UNE VIDÉO

Rami B, Doom X et Tony Stone

De Montréal à partout ailleurs

La foisonnante scène underground montréalaise a beaucoup offert à Planet Giza. Aujourd’hui, le groupe le reconnaît tout en constatant qu’il a vite eu des visées plus grandes. « Au début, quand il y avait les Artbeat Montréal [une communauté pour la promotion des producteurs québécois], on était beaucoup là-dedans, dit Rami B. Doom et moi, on faisait beaucoup de DJ sets. Mais après notre premier album [Added Sugar] en 2019, on avait plus l’envie de faire une musique pour Montréal, mais juste la meilleure musique qu’on pouvait faire. Et de le ramener à l’international. On aime vivre à Montréal, mais je ne pense pas que Montréal ait un impact sur nos idées, on est vraiment dans notre bulle. De n’importe où dans le monde, on aurait fait le genre de musique qu’on fait en ce moment. »

Rami le dit, Planet Giza a des visées mondiales. Ça s’entend quand les membres parlent de leur projet, mais ça s’entend surtout dans leur musique, qui a les influences hip-hop de la côte ouest américaine, avec une touche qui rappelle Tyler, The Creator, mêlée au R&B d’artistes de la trempe de The Weeknd.

Il n’y a pas de formule pour faire une musique qui s’exporte, rappelle Doom X. « On sort notre musique, on la pousse le plus possible, on compte sur le bouche-à-oreille. »

Les collaborations avec des artistes internationaux se multiplient. Sur Ready When You Are, Mick Jenkins, femdot, Saba et Sun font partie des artistes invités. Des noms qui ne sont pas familiers à tous, mais qui montrent que Planet Giza a une popularité grandissante auprès de la communauté artistique américaine.

Et si l’on en croit la réception des médias et des fans, Planet Giza se place parmi les artistes canadiens dont l’ascension est imminente, voire déjà entamée. Ayez-les à l’œil.

Planet Giza se produira au Piknic Électronik, en formule DJ set, le 25 juin.

Consultez la page de l’évènement

Qui est Planet Giza ?

  • Trio hip-hop formé des producteurs Rami B et DoomX ainsi que du rappeur et chanteur Tony Stone.
  • Planet Giza a 1,2 million d’auditeurs mensuels sur Spotify.
  • Sa chanson Start Over a plus de 10 millions d’écoutes sur la plateforme.
  • Son style s’inspire du hip-hop, du funk, de l’électro et de la musique alternative.
  • Son premier projet, Added Sugar, est paru en 2019.
  • Le choix du nom Planet Giza est inspiré des trois grandes pyramides de Gizeh.
  • Le groupe s’est fait un nom sur la scène underground Arbeat à Montréal, d’où vient également le producteur renommé Kaytranada.
  • Kaytranada collabore d’ailleurs sur son dernier album.
  • Son travail sur la chanson Ridd a été joué sur le plateau de Jimmy Fallon pendant la performance de GoldLink.