L’un est empreint de tendresse, l’autre un peu baveux. Des deux nouveaux albums de Lynda Lemay, on s’attarde au second, qui la montre en forme et en verve.

Le défi tire à sa fin : après avoir promis de publier 11 albums en 1111 jours, la voilà qui vient de lancer les disques numéro 8 et 9. Lynda Lemay tient le rythme. On s’en étonne à peine : elle publiait en moyenne un album tous les deux ans avant de se lancer dans son grand projet et la plupart proposaient au-delà de 15 chansons. On la savait donc prolifique.

Critiquement incorrecte (mauvais goût et maux vécus) rassemble 11 chansons au texte parfois humoristique où Lynda Lemay ose un ton plus baveux. Il y a des morceaux d’une ironie inoffensive comme celui où elle dénombre les habitudes des uns et des autres à table (Y’a personne qui mange pareil) et cet autre qui est en fait une sorte de bestiaire des mauvaises odeurs corporelles (Nausée... ah bon).

Mais sur ce disque « incorrect », l’autrice aborde aussi des sujets durs. Les conduits d’aération parle d’abus d’enfants avec une horreur sincère. Confession d’une narcissique fait le portrait de ces personnalités qui pourrissent la vie des autres et ne se repentent que lorsqu’il est trop tard. Fil rouge évoque un autre drame impliquant un enfant, sans tout dire, mais sans non plus prendre trop de détours.

Lynda Lemay reste fidèle à elle-même : elle laisse parfois trop peu de place à l’imagination et n’ose pas assez sur le plan des arrangements, assez convenus, ce qu’on peut toutefois comprendre étant donné le rythme de production qu’elle s’est imposé. Or, il faut aussi reconnaître que l’inspiration et l’autodérision ne lui manquent pas, qu’elle est une portraitiste habile et qu’elle maîtrise aussi l’art de donner l’impression de parler d’une chose pour en dire une autre (Vache à lait). Et puis, Lynda Lemay possède un talent essentiel lorsqu’on raconte une histoire : le sens de la chute.

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Critiquement incorrecte

POP/CHANSON

Critiquement incorrecte

Lynda Lemay

Productions Hallynday

6/10