(Paris) Une nouvelle chanson évoque un sauveur au retour attendu : pour la sphère rock, c’est tout vu, PJ Harvey revient et le décompte commence avant ses oracles sur disque et sur scène.

L’Anglaise, seule musicienne à avoir remporté deux fois le prestigieux Mercury Prize au Royaume-Uni, n’avait plus sorti d’album original en studio depuis 2016 et The Hope Six Demolition Project.

I Inside The Old Year Dying, nouveau disque, sort ce vendredi et sera suivi d’une tournée cet automne.

Loin de son opus Stories From The City, Stories From The Sea (2000), immédiatement consommable, il faut un peu plus de temps pour savourer cette dernière livraison.

« Dans cet album, PJ Harvey creuse plus profondément cette veine chamanique avec cette voix intemporelle, tribale », décrit pour l’AFP Sophie Rosemont, autrice de Girls Rock, livre dédié aux figures féminines de la culture rock.

À contre-courant des clips clinquants, la quinquagénaire joue sur le noir et blanc pour les vidéos de ses deux premiers titres parus, A Child’s Question, August et I Inside The Old I Dying (ce dernier en animation).

Nature, poésie

« PJ Harvey, dans le sillage d’une Kate Bush, se tient à l’écart des mondanités, de l’air du temps, en affranchie », poursuit la journaliste et réalisatrice de documentaire.

C’est dans I Inside The Old I Dying qu’il est question du retour d’un sauveur qui fait frissonner la nature tout entière. « Elle est mystique, sans tomber dans le new-age », décrypte encore Sophie Rosemont, qui voit deux grosses influences dans ce disque.

D’abord la nature environnante du comté du Dorset, coin de l’Angleterre où la musicienne est née et vit toujours. Dans le morceau Seem an I figurent même un ruisseau et les bêlements d’un troupeau lointain, avant qu’une rythmique hypnotique ne s’impose.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE PJ HARVEY

I Inside The Old Year Dying, nouveau disque de PJ Harvey, sort ce vendredi et sera suivi d’une tournée cet automne.

Et puis la poésie. « C’est une grande amatrice de Lord Byron, Lewis Carroll, Thomas Hardy et elle-même est autrice de poésie », déroule la journaliste et réalisatrice de documentaire.

Les textes des 12 titres de I Inside The Old Year Dying découlent d’adaptations du recueil de poésie Orlam que PJ Harvey avait signé en 2022. Une partie des textes est d’ailleurs en vieux dialecte du Dorset.

« Je pense que cet album parle de la quête, chercher l’intensité du premier amour », éclaire l’autrice-compositrice-interprète dans les notes d’explication de son disque.

Ses fans y retrouveront le dépouillement de ses premiers disques, comme Rid of Me (1993), sans la guitare électrique en avant (même si cette dernière est toujours présente).

Elvis Presley

Cet opus envoûtant devrait guider de futurs musiciens, car on mesure toujours aujourd’hui son influence sur la jeune scène britannique. « Elle a inspiré des musiciennes comme Anna Calvi mais aussi des groupes d’écorchés vifs comme Fat White Family », note ainsi Sophie Rosemont.

On peut aussi percevoir des échos de son œuvre chez Dry Cleaning, formation dont les albums sont produits par John Parish, collaborateur de longue date de la chanteuse, qu’on retrouve encore à son service sur I Inside The Old Year Dying.

Dry Cleaning, un groupe avec une chanteuse qui s’impose au milieu de musiciens, comme l’a fait PJ Harvey plus largement dans l’industrie musicale depuis plus de trente ans. « PJ Harvey, c’est une guitare-héroïne très sexy, farouchement indépendante, une femme puissante capable de balancer à un mec qui se croit trop viril qu’il la laisse sèche (album Dry, 1992) », développe Sophie Rosemont.

« Elle est féminine, féministe, mais pas militante et n’a jamais caché qu’un chanteur comme Elvis Presley, pourtant tout en clichés masculinistes, a compté pour elle », conclut la journaliste. On entend d’ailleurs Love me tender. Tender love dans la chanson A Child’s Question, August.