C’était la soirée de Lana Del Rey samedi, au Festival d’été de Québec (FEQ). Celle que bien du monde attendait. La Californienne a été fantastique.

Avec une vingtaine de minutes de retard (pour que le public soit au juste niveau d’anticipation), Lana Del Rey s’est présentée sur scène sur une introduction vaporeuse qui a mené à une version écourtée de la superbe A & W, tirée de son plus récent — et magnifique — album, Did You Know That There’s a Tunnel Under Ocean Boulevard.

Young and Beautiful a suivi, les chants (et les cris) des festivaliers accompagnant la douce voix de l’Américaine.

Habillée d’une majestueuse robe blanche ornée de perles et de fleurs, fidèle à son esthétique, la chanteuse a fait en sorte que son immense traîne devienne un élément scénique, flottant derrière elle jusqu’au fond de la scène. Toute la mise en scène du spectacle a été fantastique, évolutive. Pour Bartender, elle s’est installée devant une vanité, pendant que ses danseuses ont défait son chignon pour laisser ses cheveux retomber sur ses épaules.

Tout au long du spectacle, au moyen d’accessoires et avec l’aide de ses quatre danseuses, elle a maintenu une théâtralité qui a donné une vie nouvelle et captivante à ses chansons mélancoliques.

Lana Del Rey, sur le plan vocal, a été toujours à la hauteur, toujours juste. Sur The Grants, elle et ses choristes nous ont permis de nous envoler au son de leurs harmonies.

Ensuite sont venues Cherry, Pretty When You Cry (qu’elle a chantée couchée sur scène), puis Ride. Del Rey a puisé dans tout son répertoire pour ce spectacle, qui nous a ramenés à l’époque de Born To Die, de son album homonyme, et de Lust for Life, mais a aussi permis de voir sur scène ses plus récents morceaux.

Un moment magique

En présentant des versions écourtées de certaines chansons (comme Born To Die, juste après), l’auteure-compositrice-interprète a présenté un spectacle généreux où beaucoup de terrain a été couvert. Des super fans, juste devant nous, complètement extatiques chaque fois qu’une chanson débutait, montraient parfaitement le ressenti dans la foule. Au moment d’Arcadia, quand des dizaines de milliers d’« étoiles » se sont allumées sur les Plaines (grâce aux cellulaires des festivaliers), la chanteuse a semblé émue et a ensuite remercié son public pour ce moment magique.

Le moment partagé avec Lana Del Rey s’est vite envolé. Une heure et demie a semblé n’être qu’une demi-heure. Après Ultraviolence, White Mustang, Candy Necklace (pour laquelle elle est montée sur le piano à queue sur scène) et Venice Bitch, on en était déjà au dernier segment de la soirée.

Juste avant White Mustang, elle est descendue au parterre parler à ses fans, les étreindre, prendre des égoportraits et récolter quelques cadeaux pendant un long moment. Mais avant d’atteindre la foule… elle est tombée sur le sol. « Ce ne serait pas un spectacle si je ne tombais pas », a-t-elle lancé, pleine d’autodérision, le genou taché de boue et de sang après sa chute.

La soirée s’est terminée bien après 23 h, avec Diet Mountain Dew, la très populaire Summertime Sadness, Did You Know That There’s a Tunnel Under Ocean Boulevard et, finalement, l’ultrapopulaire Video Games.

« C’est probablement le plus gros spectacle que l’on a joué depuis un an », a dit Lana Del Rey aux multiples dizaines de milliers de personnes devant elle, touchée et impressionnée, à la toute fin de son concert, avant de monter sur une balançoire pour la dernière chanson de la soirée, Video Games. « Merci de m’avoir fait sentir à la maison durant les derniers jours. »

C’était un moment planant et magnifique. Merci à Lana Del Rey.

Allan Rayman et The War on Drugs

Le Canadien Allan Rayman, dès 19 h, a été impeccable. Cet énergumène à l’énergie aussi mystérieuse que captivante a profité des trois quarts d’heure qui lui étaient alloués pour enchaîner ses chansons au groove entraînant, aux rythmes parfois explosifs, souvent sombres et langoureux.

PHOTO CAROLINE GRÉGOIRE, LE SOLEIL

Allan Rayman

« Je ne suis pas le plus éloquent, je suis meilleur chanteur », a intimé le chanteur introverti à la foule qui scandait son nom, manifestement sous le charme de sa jolie voix rauque, de son charisme et de sa présence aussi décalée qu’attachante.

S’il n’a pas beaucoup parlé à son public, Allan Rayman a tout donné sur scène (sans être très démonstratif, il exprime clairement son plaisir de partager ce moment). Une première partie de haut calibre.

The War on Drugs n’a pas non plus failli à la tâche.

Il ne lui a fallu qu’une chanson (Oceans of Darkness) pour nous rappeler pourquoi ce groupe ne nous déçoit jamais. Entouré de ses acolytes, un t-shirt tie-dye violet sur le dos, lunettes fumées sur le nez, le meneur Adam Granduciel a gardé bien en vie l’ambiance planante qu’Allan Rayman avait installée (et que Lana Del Rey a fait perdurer ensuite).

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Le chanteuer Adam Granduciel, de The War on Drugs

En tournée depuis la sortie de son album I Don’t Live Here Anymore en 2021, la formation américaine s’est arrêtée à Montréal vendredi et s’est immédiatement rendue à Québec ensuite pour la soirée de samedi.

Une prestation de The War on Drugs était tout indiquée pour précéder celle de Lana Del Rey. Non, les deux styles de musique n’ont rien à voir, mais le groupe originaire de Philadelphie a excellé, contribuant à rendre cette soirée mémorable.

Solide côté instrumental, le groupe d’expérience a donné le genre de prestation qui témoigne d’un répertoire bien garni et d’une aisance sur scène que seules les années peuvent donner. Une production simple a permis de garder toute l’attention sur sa musique alternative qui flirte parfois doucement avec la pop.

Le FEQ, cette année, doit composer avec divers reports et annulations, pour toutes sortes de raisons. Heureusement, aucun des artistes de la soirée de samedi n’a eu à se désister. Malheureusement, ce sera le cas dimanche, puisque Patrice Michaud a dû annuler sa présence pour des raisons de santé.

Les frais d’hébergement ont été payés par le Festival d’été de Québec, qui n’a eu aucun droit de regard sur le contenu de ce reportage.