La venue estivale de l’Orchestre Métropolitain et de son chef Yannick Nézet-Séguin au Domaine Forget de Charlevoix est maintenant un évènement très couru, les deux concerts de cette année ayant été donnés à guichets fermés. La Presse a assisté à celui de dimanche après-midi.

La présence de l’orchestre montréalais à Saint-Irénée correspond avec la fin d’une académie de direction d’orchestre dorénavant auréolée d’un prestige certain, comme en témoignent les curriculum vitæ des stagiaires, venus de partout dans le monde. L’Israélien Orr Guy, qui célèbre cette année ses 35 ans, choisi par Nézet-Séguin pour diriger l’Ouverture du Vaisseau fantôme de Wagner, a par exemple été l’assistant de chefs de premier ordre comme Vassili Petrenko et Juanjo Mena. On est loin d’un simple finissant de conservatoire.

Sa fougueuse Ouverture est réalisée avec un trait acéré, presque à la « baroque ». Un beau tempérament à suivre, même si le geste pourra se faire plus précis dans la section « andante » et que les contrastes dans la succession des trois thèmes se feront assurément plus distincts, notamment lors du premier énoncé de celui des marins.

Présenté sans pause, le concert se poursuivait ensuite avec le soliste du jour (après celui du samedi soir, le violoncelliste Jean-Guihen Queyras), le pianiste Charles Richard-Hamelin qui, très surprenamment, n’avait pas encore, durant ses quelque 10 ans de carrière, collaboré avec le chef du Métropolitain. C’est Burleske, de Richard Strauss, qui scellait cette première rencontre, une œuvre que le Lanaudois a jouée dernièrement à Monte-Carlo et Varsovie.

PHOTO SYLVAIN FOSTER, FOURNIE PAR L’ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN

Le concert de dimanche était donné à guichets fermés.

Le pianiste, qui n’a pu répéter que brièvement avec l’orchestre à cause de problèmes avec ses vols, ne nous a pas semblé à son meilleur, plus dominé par l’instrument que le dominant. Nézet-Séguin et lui tirent l’œuvre concertante vers Brahms avec un son sans doute trop appuyé – autant au piano qu’à l’orchestre – vu le caractère de la partition, indiquée « allegro vivace ».

Il nous manque les flammèches, les étincelles. Cela se fait, il suffit d’écouter Argerich ou Chamayou au disque. L’approche adoptée autorise toutefois de splendides moments dans les passages plus lyriques.

Mais nous n’avions rien vu encore. Car Nézet-Séguin nous avait réservé le meilleur pour la fin : une splendide Symphonie no 5 en mi bémol majeur de Sibelius, que l’orchestre a enregistrée pour ATMA Classique l’hiver dernier. D’où le niveau de préparation, qui dépassait les attentes.

Dès le début du premier mouvement, le chef sculpte amoureusement chaque petite phrase des vents, sans tomber dans un statisme rédhibitoire. Son Sibelius est un grand livre d’images où on respire le grand air et l’odeur des grands pins finlandais.

Le dernier mouvement, un Allegro molto, est irrésistible par son côté électrique et les beautés orchestrales déployées par le Métropolitain. On en ressort grandi.

On retrouvera l’Orchestre Métropolitain et Yannick Nézet-Séguin les 28 et 29 juillet au Festival de Lanaudière et le 2 août au pied du mont Royal.