(Vienne) Fans contre manifestants, pancartes et huées à l’appui : des tensions ont émaillé mercredi à Vienne le concert du populaire groupe de métal allemand Rammstein, dont le chanteur est visé par une enquête pour agressions sexuelles.  

Des centaines de personnes ont protesté contre cette « tribune offerte à un agresseur présumé », a constaté une journaliste de l’AFP, alors qu’une pétition en ce sens a recueilli près de 18 000 signatures.

Le leader du groupe Till Lindemann, 60 ans, est accusé par plusieurs femmes de violences sexuelles lors de fêtes organisées après les représentations. Ce qu’il a démenti par l’intermédiaire de ses avocats.

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Till Lindemann, en 2017

Le parquet de Berlin a ouvert une enquête en juin, mais le groupe a poursuivi sa tournée des stades européens, de Bern à Paris, en passant par Berlin.

Dans la capitale autrichienne, Mira Klauser dit être venue pour afficher sa « solidarité avec les victimes ». En maintenant ces concerts, « on envoie le message qu’on ne croit pas ces femmes, que ce sont des mensonges », estime cette psychanalyste de 24 ans.

De l’autre côté de la route, sous surveillance de la police, des spectateurs appelaient à ne pas jeter l’opprobre avant que la justice ne se prononce.

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Michael Zeilinger, trente ans, reconnaît que la situation est « compliquée », mais « trouve que ce n’est pas une bonne idée » d’annuler des évènements « qui attirent autant de monde tant que les reproches ne sont pas prouvés ».

Les concerts de mercredi et jeudi se déroulent à guichets fermés, avec 55 000 personnes attendues chaque soir.

La classe politique autrichienne s’est immiscée dans le débat, la ministre des Femmes Susanne Raab exprimant sa « colère » après les nombreux témoignages, dont celui révélé cette semaine par les médias d’une Autrichienne, qui a préféré rester anonyme et n’a pas porté plainte.

La responsable a appelé les organisateurs à la mise en place de « mesures de sécurité et de protection efficaces afin d’éviter que de tels actes de violence odieux ne se reproduisent », dans un message diffusé sur Twitter, rebaptisé « X ».

La vague d’allégations qui ont émergé fin mai dessine les contours d’un véritable système de prédation sexuelle visant des groupies après des concerts. Celles-ci auraient été repérées dans les premiers rangs, filmées ou photographiées pour que Lindemann puisse faire son choix, avant d’être conviées en coulisse pour des fêtes.  

Certaines auraient alors été droguées avant de subir les assauts du chanteur.

Le succès de Rammstein, groupe germanophone le plus vendu au monde, repose notamment sur la démesure des concerts, à grand renfort de pyrotechnie, riffs de guitare et la présence physique imposante de Till Lindemann.