Le rappeur de Houston parvient une fois de plus à surpasser l’ampleur de l’album précédent grâce à une production d’une grande richesse et à une foule de collaborateurs de talent.

Si l’extrait K-Pop, avec Bad Bunny et The Weeknd, vous avait déçu, sachez qu’il s’agit selon nous de la moins bonne chanson d’Utopia. Certes, sa mélodie est accrocheuse, mais les 18 autres morceaux du quatrième album studio de Travis Scott sont beaucoup plus généreux musicalement.

Le disque s’ouvre sur un échantillon de Proclamation du groupe rock prog Gentle Giant suivi d’un beat aux accents boom-bap – que nous adorons. La table est mise pour une virée d’une heure treize minutes aux ambiances diverses.

La voix toujours aussi filtrée de Travis Scott assure la cohésion de l’ensemble. Nous l’avons toujours davantage perçue comme un instrument qui ajoute à l’atmosphère plutôt que comme un outil pour livrer un message. Le propos et les thèmes de l’artiste de 32 ans sont limités et il est inutile de s’en plaindre. Le mariage entre son flow et le rythme est généralement heureux. Trav est parfois capable d’augmenter la cadence, comme sur la deuxième partie de My Eyes.

Les transitions à l’intérieur d’une même pièce font toujours plaisir à entendre et il y en a quelques-unes sur Utopia. Meltdown n’a pas l’impact de Sicko Mode, mais reste une autre excellente collaboration entre LaFlame et Drake. Ce dernier en profite pour lancer quelques pointes en direction de Pusha T et Pharrell. « Since V [Virgil Abloh] not around the members done hung up the Louis [Vuitton]. » Pharrell a pourtant contribué à la production de l’énergique Looove sur laquelle Kid Cudi appose un magnifique point d’exclamation.

Travail d’équipe bien orchestré

Thank God, Skitzo et Lost Forever constituent d’autres exemples de pièces aux brillantes variations rythmiques. La musique de cette dernière est l’œuvre de James Blake et d’Alchemist – deux de nos préférés – puis de Dom Maker. Le même Blake a composé avec Metro Boomin la conclusion Til Further Notice, l’une des plus belles chansons de l’album.

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21 Savage y livre aussi son deuxième couplet de l’album. Parmi les autres invités, mentionnons d’abord Beyoncé qui porte Delresto (Echoes) sur ses épaules, avec un coup de main de Bon Iver.

The Weeknd participe également, avec Swae Lee, à Circus Maximus, qui ressemble beaucoup à Black Skinhead de Kanye West. L’influence de Yeezus est d’ailleurs audible tout au long d’Utopia. Notons aussi la présence de Playboi Carti, d’Homixide Gang et de Sheck Wes sur l’hypnotisante F¡en puis de Future et surtout de SZA sur Telekinesis.

Côté production, la liste des collaborateurs est longue, mais, bien qu’on entende clairement la signature de Guillaume Emmanuel de Homem-Christo – la moitié de Daft Punk – sur Modern Jam ou celle de Boi-1da à quelques moments, Utopia est réellement l’œuvre de Travis Scott et de Mike Dean. Ce dernier a ajouté sa touche à quatre beats et a mixé l’album en entier. Le mythique musicien a joué un rôle important dans la carrière de Jacques Bermon Webster II et, selon nous, la paire a concocté ici la meilleure offrande de la discographie de Travis Scott, qui était déjà impressionnante.

Utopia

Rap

Utopia

Travis Scott

Cactus Jack

8,5/10