Briannah Donolo – connue sous son nom d’artiste Rêve – a le potentiel pour devenir un phénomène mondial. À ce jour, les chansons de la Montréalaise ont atteint 150 millions d’écoutes. Elle a gagné un prix Juno pour l’enregistrement dance de l’année avec CTRL+ALT+DEL. Et elle offrira, dimanche, le grand spectacle de clôture de Fierté Montréal. Pas mal pour une artiste qui n’a pas encore lancé son premier album.

Même si elle vit désormais à Toronto, Rêve n’oublie ni ses racines ni l’histoire typiquement québécoise de ses débuts. « À 6 ans, j’ai entendu My Heart Will Go On en me disant que c’était la plus belle chanson de l’univers, se souvient-elle avec enthousiasme. J’ai appris les paroles par cœur et je l’ai chantée à ma mère, qui s’est mise à pleurer à chaudes larmes ! Elle était convaincue que j’avais un don et elle m’a inscrite à des cours de chant. »

Au même âge, elle a également écrit ses premières compositions.

Quand je rentrais de l’école, j’allais me réfugier dans notre sous-sol pas fini pour m’asseoir au piano et écrire des chansons.

Rêve

L’écriture est devenue une forme d’exutoire pour ses émotions en bouillonnement et celles de ses proches. « J’écrivais des paroles pour aider mes amis lorsqu’ils traversaient des moments difficiles. Quand j’ai vu à quel point ça les touchait profondément, j’ai commencé à croire que ce serait peut-être une avenue pour moi. »

En 2014, les médias ont parlé de Briannah Donolo en raison de ses performances remarquées lors des hymnes nationaux au Centre Bell. En parallèle, elle traînait son clavier dans les bars de Montréal, tous les vendredis et samedis soir, afin de se produire devant parfois bien peu de gens.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Briannah Donolo chante l’hymne national avant un match du Canadien au Centre Bell, en 2014.

Elle a aussi chanté dans plus de 600 mariages ! « Je ne me suis jamais tannée d’interpréter des chansons d’amour, dit-elle en rigolant. Je suis une éternelle romantique ! Et c’était une bonne façon de chanter tous les week-ends. »

De chanteuse de noces à superstar mondiale

Il y a fort à parier que les milliers de personnes qui l’ont vue dans les mariages découvriront avec ravissement qu’elle a signé un contrat avec la maison Universal, après des années d’efforts. « Pendant 10 ans, je faisais des allers-retours à Toronto pour enregistrer du matériel et le remettre aux compagnies de musique, dans l’espoir qu’elles veuillent prendre un risque avec moi. »

Cette chance est venue lorsque le Québécois Guillaume Moffet l’a entendue. « Il m’a dit qu’il comprenait ma vision et qu’il voulait m’aider. Immédiatement, j’ai senti que c’était le fit parfait. Il est le meilleur partenaire créatif au monde ! »

Le processus créatif est au cœur de la vie de celle qu’un journal québécois a déjà surnommée « la sexy chanteuse des hymnes nationaux ». Quand on aborde le sujet avec elle, Rêve répond qu’elle se voit comme une auteure-compositrice d’abord et avant tout. « J’aimerais mille fois plus que les gens me disent que mes mots ont influencé leur vie positivement que d’avoir des compliments sur mon physique. »

Et ne croyez pas que l’objectif de sa musique endiablée est uniquement de faire danser. « En tant que musicienne, mon but est autant de faire bouger les corps sur la piste de danse que de faire vibrer les cœurs. Quand je vais lancer mon album en octobre prochain, j’espère que les gens vont réaliser que c’est une trame sonore qui peut aussi exister à l’extérieur des clubs. »

Tout sauf unidimensionnelle

Connue pour le tube CTRL+ALT+DEL, ainsi que les entraînantes Headphones, Tongue et Whitney (numéro 1 au palmarès dance américain), Rêve précise que son premier album, Saturn Returns qui doit sortir le 20 octobre , aura également des ballades poignantes. « Ce sont littéralement des pages de mon journal. »

Si elle marie les rythmes dansants à la douceur mélancolique, elle aime aussi mélanger les styles musicaux. « Mon spectre d’influences musicales est très vaste grâce à mes parents, explique-t-elle. Mon père aime beaucoup le rock et le folk, alors que ma mère, qui a toujours été obsédée par la musique, écoute beaucoup de dance, du Motown et du R&B. J’aime laisser filtrer ces sonorités à travers un rythme dance. »

Quand on lui parle du sentiment d’empowerment (autodétermination) qui émane de sa musique, elle s’anime aussitôt.

J’écris et je vais en studio avec cette intention en tête, tout le temps. J’ai vécu trop d’années en ayant l’impression que je ne pouvais pas partager certaines parts de moi avec le reste du monde.

Rêve

Délicatement, on lui demande si elle est à l’aise de nommer ce qu’elle croyait devoir cacher. « J’ai été dans plusieurs relations amoureuses qui me faisaient sentir terrible d’être jeune et de faire des erreurs. Et puis, je n’assumais pas totalement ma sexualité. Avant de mettre fin à certaines relations malsaines et de sortir du placard, je me sentais enfermée dans une cage. »

Un peu plus d’un an plus tard, la voilà qui célébrera sa diversité et celle des milliers de personnes qui viendront la voir sur l’esplanade du Parc olympique durant le dernier grand spectacle de Fierté Montréal, en soirée. « C’est un tel honneur ! Les spectacles à la maison sont toujours les meilleurs, mais de pouvoir célébrer la Pride en tant qu’artiste membre de la communauté LGBTQ+, c’est la chose la plus significative du monde ! »

Rêve donne le spectacle de clôture de Fierté Montréal sur la scène TD de l’esplanade du Parc olympique dimanche à 22 h.

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