Nos journalistes vous présente leurs coups de cœur du festival.

Communier avec Fred again..

Le producteur et DJ Fred again.. est l’une des meilleures prises du festival Osheaga cette année parmi les artistes de musique électronique. Juste après son passage à Lollapalooza (comme bien des invités à Osheaga qui ont participé aux deux festivals durant le week-end), le Britannique s’est présenté devant les festivaliers montréalais armé de ses meilleurs succès et d’une mise en scène bien réfléchie. Souvent accompagné d’un autre artiste sur enregistrement, il les a inclus à la performance par l’entremise de vidéos. En début de spectacle, plutôt que de parler à ses fans, il a projeté des messages sur les écrans, maladroitement (mais adorablement) traduits en français. Il a ainsi remercié son public avant de présenter une des pièces de sa trilogie Actual Life. Un peu plus tard, au micro, Fred again.. a finalement véritablement salué le public, insistant sur le fait qu’il ne tient « jamais pour acquis » des moments comme celui-ci. Celui qui collabore avec Ed Sheeran, Shawn Mendes, BTS et P!nk (entre plusieurs autres) était accompagné de Tony Friend sur scène, aux platines, tandis qu’il livrait en live ses productions, au launchpad ou derrière son clavier. L’intensité avec laquelle il s’est donné sur scène, sans jamais quitter son arsenal musical et son micro, était palpitante. Il a semblé à la fin de son set totalement épuisé. Il a même dû prendre quelques secondes pour « reprendre son souffle » après un moment de musique complètement enlevant, qui a également semblé essouffler la foule qui dansait sur le rythme frénétique. Pendant une heure dimanche soir, le Londonien a transformé le parterre devant lui, sur l’une des deux grandes scènes du festival, en une immense piste de danse.

Marissa Groguhé, La Presse

Éblouissant Bomba Estéreo

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Bomba Estéreo

Sur l’une des scènes les plus éloignées du site d’Osheaga, Bomba Estéreo a réussi à rameuter une belle foule de festivaliers lors de sa performance en fin d’après-midi, samedi. Et pour cause, le groupe colombien est plein de promesses. Des promesses qu’il a su tenir en spectacle. Bomba Estéreo donne un show haut en couleur, tant sur le plan musical que visuel. La meneuse du groupe, Li Saumet, était vêtue du plus bel ensemble que l’on ait vu du week-end (artistes et festivaliers confondus). Rien que pour ça, Bomba Estéreo figure dans nos coups de cœur. Mais cette performance était bien sûr beaucoup plus qu’un moment pour être visuellement ébloui. Musicalement (et c’est bien ce qui compte, même si Osheaga est pour bien des gens un concours de mode), c’était complet et complexe, dansant et envoûtant. La musique de Bomba Estéreo fusionne la cumbia traditionnelle et l’électro. Il y avait des drapeaux colombiens dans la foule, nombreux étaient ceux qui chantaient à l’unisson les paroles en espagnol de la formation. Le groupe a une présence scénique impeccable, chaque geste de la meneuse est ensorcelant. La foule a été emportée. Nelly Furtado et Lido Pimienta ont rendu le moment encore plus spécial en rejoignant le groupe sur scène. Si vous ne connaissez pas encore Bomba Estéreo, jetez-y une oreille. Et si la formation colombienne repasse par Montréal, soyez-y !

Marissa Groguhé, La Presse

bbno$, véritable partie de plaisir

PHOTO FOURNIE PAR OSHEAGA

bbno$

Il ne disposait que de 45 minutes, mais il en a profité au maximum. Osé, excentrique et divertissant, bbno$ a offert une prestation qui a autant fait rire que sauter les bras en l’air, vendredi après-midi, sur la scène Verte. D’abord vêtu d’un ensemble blanc complètement transparent assorti d’une tuque, puis simplement d’une couche de bébé et de lunettes de soleil, le rappeur originaire de Vancouver ne s’est pas contenté de faire ses chansons : il a offert un spectacle. Les voix de Rick Astley et de Céline Dion, puis la chanson thème de Jurassic Park se sont ironiquement mêlées à sa présence, juste pour donner une idée du personnage. Et il a pris soin de passer ses morceaux à fine touche humoristique, qui sont également ses succès. Interagissant avec la foule à plusieurs reprises, le Canadien de 28 ans a notamment fait monter un fan sur scène pendant deux morceaux. Il a même fait tirer un livre de recettes… oui, il faut prendre la chose au deuxième degré, mais une fois que c’est fait, difficile de s’arrêter de sourire.

William Thériault, La Presse

Saint Levant est plus qu’un TikTok

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Saint Levant

Il est arrivé sur scène un grand sourire aux lèvres, son saxophone autour du cou. Vêtu d’une camisole blanche et d’un pantalon rose (tout comme ses excellents musiciens, dont une fantastique violoniste), d’une bonne humeur contagieuse, Saint Levant, dont la carrière a été lancée principalement grâce aux réseaux sociaux, a pu montrer qu’il a sa place sur une scène. Ses mélodies sont entraînantes et sa voix est agréable (sans être renversante). Sa chanson Very Few Friends a été un immense succès sur TikTok et l’a propulsé au statut d’artiste en tournée, qui se pointe sur les scènes de festivals internationaux pour présenter son répertoire encore peu garni, mais plutôt convaincant. Il a fait chanter la foule en arabe. Il l’a plus tard fait chanter en français. Il a fait danser tout le monde sur des rythmes de raï. Il a présenté ses chansons qui font autant place au français qu’à l’anglais et à l’arabe. Entre le chant et le rap, multilingue, sa proposition musicale est complètement originale. Ses racines palestiniennes et algériennes (l’artiste est né en Palestine et il est maintenant installé à Los Angeles) influencent largement ses productions. À Osheaga dimanche, Saint Levant a montré qu’il est bien plus qu’une tendance TikTok.

Marissa Groguhé, La Presse

Tout est dans la voix de Kim Petras

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Kim Petras

L’Allemande Kim Petras est une des pop stars les plus en vue ces derniers temps. Gagnante d’un prix Grammy pour son succès de l’été 2021, Unholy, en collaboration avec Sam Smith, la chanteuse compte plusieurs morceaux dance-pop qui poussent immanquablement à vouloir faire la fête. C’est d’ailleurs exactement l’ambiance qu’elle a installée lors de son passage à Osheaga dimanche. Elle est arrivée tout en voix sur Alone, son plus récent succès en collaboration avec Nicki Minaj, du haut d’un simple escalier dressé sur la scène. Une fois qu’elle nous a convaincus de son talent (il n’a fallu que 15 secondes), elle a enchaîné avec une avalanche de chansons rythmées et explosives, toutes plus décadentes les unes que les autres, accompagnée de deux danseuses et deux danseurs. Slut pop, Superpower bitch (« I can make you cum all night long ! »), Throat Goat, Treat Me Like a Slut : les thématiques dans la majorité des chansons de Kim Petras sont plus que claires. Ce n’est pas pour tout le monde, mais une bonne partie de la foule a adoré. Ses chansons excessivement sexuelles sont aussi le parfait prétexte pour des chorégraphies explicites et hautement divertissantes (disons seulement qu’un fouet rose a été utilisé). Son nouvel album, Feed the Beast, paru en juin, lui a fourni de quoi offrir un moment dansant et divertissant à souhait. Malgré un rappel que le public n’a pas pensé demander après Unholy (la chanteuse s’est quand même représentée sur scène), la présence de Petras à Osheaga a été un succès.

Marissa Groguhé, La Presse