Puisque Metallica proposait de passer non pas une, mais deux soirées en sa compagnie ce week-end, La Presse est retournée dimanche au Stade olympique. Ce deuxième concert à Montréal en trois soirs a été plus grandiose que le premier.

Retourner au même endroit pour revoir le même groupe, pendant la même fin de semaine, mais pour entendre un programme complètement différent est le genre d’occasion qui ne se présente pas deux fois. Les fans de Metallica l’ont compris. James Hetfield a fait un sondage à main levée pendant le spectacle de dimanche et le résultat était sans appel : la majorité des spectateurs venus au Stade olympique pour le deuxième concert étaient déjà venus au premier.

L’atmosphère avait d’ailleurs quelque chose de plus décontracté, lors de ce deuxième spectacle. La glace avait été brisée, les présentations étaient faites. Metallica savait que son public québécois serait enthousiaste et le public savait que le groupe suerait à fond pour lui faire plaisir. C’était gagnant-gagnant.

Après le coup d’envoi, Whiplash, une chorale de plus de 60 000 personnes (evenko a annoncé une moyenne de 63 750 spectateurs par soir) a entonné le refrain de For Whom the Bell Tolls, pièce phare du répertoire de Metallica. Imaginez ces dizaines de milliers de voix qui résonnent dans un amphithéâtre géant chantant suffisamment fort pour tenir tête à des guitares puissantes boostées par des dizaines de haut-parleurs… C’était à donner des frissons.

Et ce n’est pas arrivé que cette fois-là : le Stade au grand complet a aussi entonné le refrain de Wherever I May Roam plus tard en soirée, celui de One et Enter Sandman au complet en fin de programme. Dire qu’il régnait une ambiance du tonnerre n’arrive même pas à la cheville de ce qui s’est réellement passé. À ces moments-là, la foule exultait. Pas seulement au parterre, mais jusque dans les hauteurs de l’immense ovale de béton.

Un son mieux défini

L’autre différence avec vendredi, c’est que le son était un peu meilleur. Loin d’être parfait, encore, mais souvent mieux défini. On percevait mieux l’interaction entre les guitares de Kirk Hammett (cool, fluide et épatant, comme toujours) et de James Hetfield. Ce n’était pas assez net pour bien profiter de Welcome Home (Sanitarium), mais assez pour prendre Battery en pleine gueule. Avec le sourire.

L’une des belles choses qu’on a pu constater au fil de ces deux soirées, c’est que Metallica assume sa discographie en entier. Oui, bien sûr, la substance de ces deux concerts provenait de ses cinq premiers disques (Kill’Em All, Ride the Lightning, Master Of Puppets, … And Justice For All et Metallica), mais le groupe ne s’est pas gêné pour puiser aussi dans ses albums mal aimés. « C’est une chanson de votre album préféré, St. Anger », a d’ailleurs ironisé James Hetfield, avant d’entreprendre Dirty Window.

On ne reverra sans doute pas Metallica de sitôt à Montréal. Lars Ulrich, Robert Trujillo, Kirk Hammett et James Hetfield ont ou auront tous franchi le cap des 60 ans sous peu. Ils sont en forme, mais on se demande combien de temps ils pourront maintenir une telle cadence. Le chanteur a d’ailleurs montré des signes de fatigue sur le plan vocal, dimanche. Ce doublé triomphal restera marquant dans l’histoire du groupe au Québec et aussi dans celle du Stade. Metallica vient prouver qu’il est l’un des rares groupes capables d’y jouer sans s’y perdre. Mieux : capable de le dompter.

Lisez la chronique de Chantal Guy