Notre journaliste se balade dans le Grand Montréal pour parler de gens, d’évènements ou de lieux qui font battre le cœur de leur quartier.

Étions-nous bel et bien à Laval ou à Mexico ?

Son nom ne vous dit peut-être rien, mais lundi soir, il a rempli la Place Bell. Il est une star sur sa planète, celle de la musique latino-américaine.

Son nom : Peso Pluma.

Son âge : 24 ans.

Il est sans contredit un phénomène et à voir la frénésie qu’il a suscitée dans l’amphithéâtre de Laval – paré de nombreux drapeaux vert, blanc et rouge –, c’était à croire que nous étions dans la capitale du pays dont il est si fier, le Mexique. Nous étions plutôt dans un monde à part, à Laval.

Trois musiciens aux cuivres, quatre aux cordes, Peso Pluma prend la musique au sérieux derrière ses allures de petit bum. Et c’est uniquement en espagnol qu’il s’est adressé à la foule.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Peso Pluma est reconnu pour ce qu’on appelle ici « une coupe Longueuil ».

Dès la deuxième chanson, un invité a fait son apparition sur scène, Jasiel Nuñez, avec qui Peso Pluma collabore sur son nouvel album Génesis, sorti en juin dernier.

Pendant leur duo Lagunas, on sentait alors que pour la star de la soirée, la musique est une affaire de famille et de sang.

Plus tard, c’est le public qui a chanté avec lui Nueva Vida, Las Morass, Siempre Pendientes, El Azul ou encore son succès Lady Gaga.

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Il y avait 4750 spectateurs.

L’essor de la pop latino-américaine

Si Enrique Iglesias, Ricky Martin, Daddy Yankee et le roi des palmarès Bad Bunny sont des noms connus du grand public, ceux de Nicky Jam, Maluma, Sebastián Yatra et Wisin y Yandel le sont moins. Or, ils se sont produits récemment au Centre ou à la Place Bell devant un public friand et jeune.

Souvent « à guichets fermés », ajoute Emilio Zaga Mendez, chargé de projets chez le promoteur evenko.

D’origine colombienne, Karol G. vient de lancer un nouvel album intitulé Mañana Será Bonita, dont le premier extrait était un duo avec Shakira. Avec près de 54 millions d’auditeurs mensuels, Karol G. est autant écoutée que Beyoncé sur Spotify. Elle a par ailleurs enflammé l’amphithéâtre du Canadien il y a moins d’un an.

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En spectacle, Peso Pluma mise sur une instrumentation somme toute traditionnelle.

C’est pour dire comment la pop latino-américaine est écoutée partout dans le monde, mais aussi dans le Grand Montréal ! Autre preuve : le nouveau festival Fuego Fuego.

Emilio Zaga Mendez cite l’effet du phénomène Despacito pour justifier cet engouement « exponentiel ». Les services d’écoute en ligne et la pluralité des genres ont abattu les frontières, ajoute-t-il.

Quand la foule répond à l’appel

Avec un spectacle annoncé il y a quelques semaines à peine, c’était somme toute « un pari » de présenter Peso Pluma à Laval un lundi soir, souligne Audray Johnson, qui fait partie de l’équipe de programmation d’evenko. Un pari facilement réussi compte tenu des quelque 4750 spectateurs qui ont répondu à l’appel.

Nous avons croisé des familles, mais surtout des milliers de jeunes adultes, dont quatre cousins et cousines d’origine mexicaine qui avaient fait le voyage depuis Sherbrooke. « C’est la première fois que je suis très intéressée par de la musique qui est plus typiquement mexicaine, a souligné l’une des cousines, Jimenas Flores. Peso Pluma a un style musical original qui rejoint les jeunes. »

« Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait autant de monde, a ajouté Danna Flores. Ça nous rend fiers. »

  • Les cousins et cousines d’origine mexicaine venus de Sherbrooke : Jimena Flores, Mateo Armenta, Isabel Armenta et Danna Flores. C’était une deuxième visite pour Isabel Armenta à la Place Bell. La première était pour le rappeur Tyler The Creator. C’est pour dire le public qu’attire Peso Pluma.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Les cousins et cousines d’origine mexicaine venus de Sherbrooke : Jimena Flores, Mateo Armenta, Isabel Armenta et Danna Flores. C’était une deuxième visite pour Isabel Armenta à la Place Bell. La première était pour le rappeur Tyler The Creator. C’est pour dire le public qu’attire Peso Pluma.

  • Mafer et Gaby vivent au Québec depuis leurs études (l’une en mode et l’autre en psychologie). Elles ont été surprises d’apprendre que Peso Pluma se produisait à Laval. « Il fait connaître la culture musicale mexicaine », a dit Mafer. « Il est devenu populaire super vite », a ajouté Gaby.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Mafer et Gaby vivent au Québec depuis leurs études (l’une en mode et l’autre en psychologie). Elles ont été surprises d’apprendre que Peso Pluma se produisait à Laval. « Il fait connaître la culture musicale mexicaine », a dit Mafer. « Il est devenu populaire super vite », a ajouté Gaby.

  • Les gens faisaient la file pour se faire prendre en photo devant l’énorme araignée emblématique de Peso Pluma, gonflée devant la Place Bell.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Les gens faisaient la file pour se faire prendre en photo devant l’énorme araignée emblématique de Peso Pluma, gonflée devant la Place Bell.

  • Des familles étaient présentes dans la foule parmi les nombreux jeunes adultes.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Des familles étaient présentes dans la foule parmi les nombreux jeunes adultes.

  • La foule était en liesse, mais le son laissait parfois à désirer.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    La foule était en liesse, mais le son laissait parfois à désirer.

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Les « corridos tumbados »

Peso Pluma a lancé en juin dernier son troisième album, Génesis. Depuis, il a surclassé Bad Bunny avec un record de 25 extraits figurant dans le palmarès Billboard du Hot Latin Songs.

Dans son pays, la mégastar est l’un des artistes reconnus pour avoir modernisé le genre traditionnel musical « corrido », associé à des ballades du peuple, avec des influences urbaines ou rap. Outre Peso Pluma, on retrouve parmi ceux qu’on appelle les « corridos tumbados » Junior H, Natanael Cano ainsi que les groupes Fuerza Regida et Eslabon Armado.

Viscérale, la voix éraillée de Pluma bout de l’intérieur. En spectacle, il mise sur une instrumentation somme toute traditionnelle (trompettes, guitares), mais il use de dispositifs scéniques propres à la pop. C’était génial quand sa silhouette se transformait en hologramme sur les écrans géants.

« Normalement, ce sont surtout les artistes de la pop, du reggaeton et de la salsa qui se démarquent dans la culture latine », souligne Emilio Zaga Mendez.

La montée fulgurante de Peso Pluma est un phénomène, puisque son style se rapproche de celui que les parents font jouer dans les fêtes de famille.

Emilio Zaga Mendez, chargé de projets chez evenko

« C’est un personnage », ajoute-t-il, citant son look plus près du hip-hop et son attitude qui a quelque chose de punk, notamment quand il tire la langue.

Chose certaine, Peso Pluma a une énergie et un charisme incroyables sur scène. Avant le spectacle, des vidéos présentaient ses musiciens au son de Psycho Killer des Talking Heads. La classe… et une révélation pour nous qui ignorions qui était Peso Pluma il y a quelques semaines à peine.

À venir

Quelles autres stars latines attireront les foules sous peu ? Romeo Santos sera au Centre Bell le 22 novembre alors que Marco Antonio Solis se produira à la Place Bell le 22 septembre.

Sinon, il est réjouissant (et soulageant) de constater que parmi les artistes latino-américains à surveiller, Emilio Zaga Mendez cite trois rappeuses : la Dominicaine Tokischa, puis Nicki Nicole et Nathy Peluso, toutes deux de l’Argentine.