Seul aux commandes de sa carrière, Bobby Bazini revient avec un album plus soyeux qu’à son habitude. Sur Pearl, il s’inspire autant du folk des années 1970 que de l’esprit de la bossa nova pour créer des chansons délicates toujours empreintes de soul.

Une fois la pandémie terminée, Bobby Bazini a pris le large. Habitué de vivre sur la route, il brûlait d’envie de se remettre en mouvement et est parti donner une série de concerts en Europe. « Là-bas, j’ai vu la mer et j’ai enregistré des sons d’océan sur mon téléphone », raconte-t-il.

Le geste était instinctif, comprend-on. Il ne savait pas encore que ses prochaines chansons seraient inspirées par un bijou né dans la mer. L’idée lui est venue quand il est tombé sur un reportage qui racontait comment se forment les perles : un irritant entre dans une huître, qui s’en protège en le recouvrant de couches de nacre.

« J’ai trouvé que c’était une belle image, une façon de passer du négatif au positif », explique Bobby Bazini, qui admet avoir traversé, comme bien des gens, des moments sombres pendant la pandémie.

Dans les moments les plus durs, je me suis souvent tourné vers la musique pour essayer de tourner ce négatif en beauté.

Bobby Bazini

L’esprit de Pearl, pour lui, c’est ça : faire du beau avec ce que la vie met de moins beau sur notre chemin. « Ce n’est pas un disque de chansons d’amour, cette fois-ci, c’est un voyage plus personnel. » Son approche donne aussi naissance à son album le plus poétique.

De l’international au local

Bobby Bazini, dont c’est le cinquième disque, a été porté pendant plusieurs années par la multinationale Universal. Ce soutien lui a permis de développer sa carrière bien au-delà des frontières du Québec et du Canada, et d’enregistrer des chansons en Angleterre et aux États-Unis, où il a notamment collaboré avec des gens comme Chris Stapleton, Larry Klein (Melody Gardot, Joni Mitchell, etc.) et Martin Tenerife (Jason Mraz, Jamie Cullum, etc.).

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Pearl est le cinquième disque de Bobby Bazini.

Ce chapitre de sa vie est maintenant derrière lui : Bobby Bazini et Universal ont mis fin à leur association (d’un commun accord, assure-t-il) et le voilà seul maître de sa destinée. Ce qui n’est pas étranger au virage artistique qu’il propose sur Pearl. Ses influences soul et gospel s’entendent encore, mais dans un environnement folk opulent (flûtes, cordes, harpe) où souffle parfois un vent de bossa nova (la chanson Ojalà) et d’une douceur inédite.

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« Mes anciens albums sonnent plus fort, convient le chanteur et musicien. En Angleterre, l’approche était plus in your face. Ce disque-là, je le voulais plus en douceur, je trouvais que ça collait bien avec les thèmes. […] Avant, la voix était plus en avant, mais là, je voulais m’intégrer à la musique. Je ne voulais pas prendre plus de place que la musique. J’ai dû apprendre à faire preuve de retenue. J’étais plus calme, aussi. »

Connor Seidel a joué un rôle clé dans cette transition, insiste-t-il. En plus d’être son partenaire d’écriture, le réalisateur aussi associé à des artistes comme Charlotte Cardin et Half Moon Run a recruté les musiciens qu’on entend sur Pearl : le batteur Robbie Kuster (Patrick Watson), Conner Molander (Half Moon Run), Éveline Grégoire-Rousseau (Barr Brothers) et l’arrangeur Antoine Gratton, entre autres.

Bobby Bazini sent du même coup être plus intégré à la scène musicale locale dont il s’est toujours senti loin puisque son association avec Universal l’a plutôt incité à faire affaire avec des collaborateurs britanniques ou américains.

Ça me manquait. J’avais envie de m’intégrer un peu plus à la communauté musicale d’ici, d’entrer en contact avec des musiciens dont j’entendais parler depuis des années et avec qui j’avais envie de jouer.

Bobby Bazini

Ceux qui suivent Bobby Bazini seront probablement surpris du son qu’il met de l’avant sur Pearl. Surpris, mais certainement pas rebutés : un peu comme Melody Gardot ou Madeleine Peyroux, il fait du neuf avec du vieux, proposant des morceaux élégants dont l’air de déjà vu est réconfortant. Ce renouveau, il a maintenant hâte de le transporter sur scène.

« Ça va faire du bien, songe Bobby Bazini. On fait certaines chansons depuis une dizaine d’années. On est en train de monter le spectacle et Connor Seidel va nous aider. Ça va faire du bien d’avoir un œil extérieur et de peut-être emmener les chansons vers ce que je fais aujourd’hui. »