Voici quelques albums sortis jusqu’ici en 2023 que nous n’avons pas pu critiquer, mais qui ont trouvé le chemin pour gagner le cœur de nos journalistes !

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City and Colour, The Love Still Held Me Near

Le sixième album de City and Colour, paru le 30 mars dernier, est une des plus belles œuvres de son répertoire, le plus bel objet musical qu’il ait mis au monde depuis longtemps. Sa poésie, sa voix, ses productions sont magnifiques. Il s’agit certainement de son travail le plus personnel, et c’est beaucoup dire lorsque l’on parle de cet artiste qui semble toujours transposer tout ce qu’il est dans ses paroles et ses mélodies. Après la mort de son meilleur ami, la douleur indicible de Dallas Green s’est changée en ce disque qui est fait d’autant de souffrance que de guérison, d’énormément de désespoir et d’un rayon d’espoir aussi. Bien qu’il ne s’éloigne pas des mélodies grattées à la guitare qu’on lui connaît, il installe ici une ambiance différente grâce aux arrangements, d’une qualité irréprochable.

Marissa Groguhé, La Presse

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PHOTO BISSE BENGTSSON, TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DU GROUPE

The Hives

The Hives, The Death of Randy Fitzsimmons

Interrogé par le Rolling Stone sur le besoin de changer la formule sonore (gagnante) des Hives, le leader Howlin’ Pelle Almqvist a répondu avec une analogie animalière : « Nous sommes des requins, et les requins n’ont jamais eu besoin de changer, soutient le chanteur de 45 ans. Tu n’as pas besoin de changer quand personne n’arrive à te tuer. » The Death of Randy Fitzsimmons est donc un concentré d’énergie juvénile, mené par la même bande de fous scandinaves qui nous a donné les indémodables brûlots que sont Hate to Say I Told You So ou Walk, Idiot, Walk. Le nouvel album ne contient peut-être pas de chanson du même calibre, mais il est assez solide et amusant pour qu’on y revienne volontiers avec le sourire bien accroché au visage.

Pierre-Marc Durivage, La Presse

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PHOTO ANDY JON, FOURNIE PAR KILL ROCK STARS

Teke::Teke

Teke::Teke, Hagata

Le très original groupe de surf rock japonais Teke::Teke s’est fait remarquer avec son premier album sorti en 2021 – le septuor de Montréal, qui ne ressemble à rien d’autre, a même remporté l’an dernier le Félix de l’Album de l’année – Autre langue pour ce surprenant Shirushi. Maintenant représenté par la maison de disques américaine indie Kill Rock Stars, Teke::Teke a lancé en juin un deuxième album, Hagata, dont la sortie nous avait complètement échappé. Dans un savant mélange de flûte traditionnelle et de guitare psychédélique, on va du plus doucement tendu au plus strident, mais le groupe est surtout doté d’une implacable énergie qui déménage tout sur son passage. Si vous ne connaissez pas déjà, c’est le temps d’y jeter une oreille.

Josée Lapointe, La Presse

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PHOTO LEANDRO LARA, TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM @MICKJENKINS

Mick Jenkins

Mick Jenkins, The Patience

Le rappeur de Chicago aime Montréal. Dès ses premiers mixtapes et EP au milieu des années 2010, il a collaboré avec les producteurs québécois High Klassified, Da-P et Kaytranada. Mick Jenkins a ensuite fait appel à eux pour ses deux premiers albums. Sur The Patience, son quatrième disque lancé le 18 août, l’énergique MC puise de nouveau chez les fabricants de rythmes d’ici. Yama//Sato et Jai Nitai Lotus ont accueilli Mick au studio NBS pour concocter Sitting Ducks, une pièce bien sinistre sur laquelle on peut également entendre l’excellent Benny The Butcher. The Patience, qui comprend aussi les participations de Freddie Gibbs, JID et Vic Mensa, est solide dans son ensemble et se distingue par la variété de ses ambiances et de ses thèmes.

Pascal LeBlanc, La Presse

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PHOTO JONATHAN BOUKNIGHT, FOURNIE PAR LA MAISON DE DISQUES

Julie Byrne

Julie Byrne, The Greater Wings

Il faudra abandonner cette idée préconçue que les albums qui nous arrivent aux oreilles l’été sont de moins bonne qualité. Une autre preuve : ce bijou signé de l’Américaine de Buffalo, sorti à la fin de la première semaine de juillet. On nage ici dans un folk qui nous fait penser à Nick Drake, également aux premiers pas de Cat Power et, restons contemporain, à Lana Del Rey et Weyes Blood. Dix pièces de grande qualité où la tristesse des départs et la nostalgie des moments heureux transcendent chaque note et accompagnent la chaude voix de Byrne. Pour cause : l’artiste a terminé l’enregistrement après la mort de son réalisateur et collaborateur de longue date Eric Littmann (qui joue également les synthétiseurs entendus sur cet album). C’est Alex Somers (Sigur Rós) qui a finalement eu le mandat d’enregistrer à nouveau les pièces, créant au passage une atmosphère feutrée et, écrivons-le, funeste pour accompagner les textes de Byrne. The Greater Wings devient ainsi un indispensable de la discographie 2023.

Philippe Beauchemin, La Presse

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IMAGE TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK OFFICIELLE DE JONI MITCHELL

Joni Mitchell sur scène, au Newport Folk Festival, en 2022. Elle avait 78 ans.

Joni Mitchell, Joni Mitchell at Newport

Le retour sur scène inespéré de Joni Mitchell à Newport en 2022 a donné lieu à des moments de pure magie. Parler de résurrection n’est pas exagéré : plus de 20 ans après sa dernière tournée en tête d’affiche, presque une décennie après sa dernière prestation en public, 8 ans après avoir subi un anévrisme qui l’a forcée à réapprendre à marcher, à jouer de la guitare et à chanter, Joni Mitchell est remontée sur scène au Newport Folk Festival, où elle s’était produite en 1967 et en 1969. Ce concert, présenté comme un « Joni Jam », constituait une extension scénique de sessions amicales qu’elle a tenues pendant des années à sa maison californienne, avec l’accompagnement de Brandi Carlisle notamment, et qui ont contribué à sa remise sur pied. Entourée d’un groupe étoile (le « Joni Jam » band), elle a interprété certaines de ses chansons emblématiques, dont A Case of You et l’extraordinaire Both Sides Now de ce timbre chaleureux, porteur de son âge, de son expérience, de ses problèmes de santé et d’une sensibilité plus riche que dans ses jeunes années. Un concert inespéré, fait et reçu dans le plaisir du moment présent.

Alexandre Vigneault, La Presse

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IMAGE TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK OFFICIELLE D’ADRIANA CALCANHOTTO

Méconnue ici, Adriana Calcanhotto fait carrière depuis les années 1990.

Errante, d’Adriana Calcanhotto

On a l’habitude des chanteuses brésiliennes à la voix suave et délicate dans la lignée de la regrettée Astrud Gilberto. Adriana Calcanhotto possède elle aussi une voix douce, mais moins parfaite, moins onctueuse, plus fragile, que plusieurs de ses compatriotes. Ce n’est pas un défaut, d’autant plus que l’univers musical qu’elle met de l’avant sur son album Errante sort aussi de l’ordinaire de la MPB. Il y a de la samba dans tout ça, un peu de bossa nova, mais surtout un esprit chanson et une approche moderne, sans prétendre être révolutionnaire, qui se traduit par des orchestrations parfois proches du jazz, un soupçon de rock (Er Isso O Amor) et même un peu de psychédélisme. Errante est un disque synthèse d’une grande élégance, d’une artiste méconnue sous nos latitudes.

Alexandre Vigneault, La Presse

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