Plus impliquée que jamais dans la création de son œuvre, la chanteuse et comédienne Evelyne Brochu présente son deuxième album, Le danger, sur lequel elle signe la plupart des textes. Son disque est une fête désinhibée, une soirée dansante où une certaine mélancolie se dilue dans la légèreté.

Evelyne Brochu a eu tellement de plaisir en créant son premier album qu’elle savait qu’elle poursuivrait sur ce chemin. À la sortie d’Objets perdus, en 2019, elle parlait d’une porte qu’elle s’était permis d’ouvrir pour explorer cet autre côté de sa vie, là où elle est aussi chanteuse en plus d’être comédienne. Une fois cette porte ouverte, il n’était plus question de la refermer.

« Mais l’album ne s’est pas fait sur les quatre dernières années, parce qu’entre-temps, il y a eu la pandémie et j’ai eu des jumeaux », nous dit-elle. C’est justement à la fin de son congé de maternité, alors qu’elle se trouvait à Paris entre deux tournages, qu’elle s’est mise à écrire ce qui deviendrait Le danger, un album « plus désinhibé que le premier ».

« J’étais seule et j’étais revenue à cette Evelyne qui écrivait beaucoup de poèmes dans les cafés ou dans les bars de sa jeunesse », raconte la chanteuse.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Evelyne Brochu

Je n’avais jamais vraiment partagé ce côté-là de moi, mais après l’expérience du premier album où l’un de mes poèmes était devenu la chanson Sept jours exactement, j’ai eu envie de poursuivre ça.

Evelyne Brochu

Elle a eu « la piqûre », si bien qu’elle a trouvé le courage d’écrire pour son prochain disque. Elle envoyait ses écrits à Félix Dyotte, son grand ami et collaborateur, celui qui a écrit les autres chansons de l’album (en plus de porter plusieurs autres casquettes, dont celles de compositeur, réalisateur et musicien).

« Un jour, je lui ai envoyé [la chanson-titre] Le danger et lui, en retour, m’a envoyé Le risque [un autre morceau du disque], dit Evelyne Brochu. On échangeait comme ça jusqu’à ce qu’en novembre dernier, on prenne environ deux mois pour travailler sur les musiques. »

« En s’adaptant à l’horaire de la garderie », ils ont passé des journées entières, chez Félix, à faire de ces textes des chansons, avant d’ensuite enregistrer le tout au Studio Dandurand, entourés de musiciens de talent, donc Guillaume Éthier, Camille Gélinas et Maxime Castellon.

On a ensuite ajouté « un traitement légèrement plus pop » au mixage pour en faire l’objet qui nous arrive aujourd’hui.

Par rapport au premier disque, Evelyne Brochu dit qu’« on est dans la même province, mais pas dans la même ville ». Cet album-là est plus festif, un peu moins mélancolique, effectivement plus pop (les synthétiseurs s’en donnent à cœur joie sur plusieurs pièces). Mais on sent encore la belle influence de la chanson française, à la sauce Mylène Farmer. La chanteuse cite aussi Plamondon lorsqu’elle fait référence à sa chanson Les ombres. Bref, il y a de tout, mais tout concorde, car les thèmes de la fête, du désir, de la sensualité y sont imprégnés du début à la fin.

La « fuite vers l’avant »

« C’est à la fois vertigineux et addictif », lance Evelyne Brochu lorsqu’elle parle du fait d’être chanteuse. La comédienne que l’on a vue dans La femme de mon frère, Tom à la ferme ou Café de Flore continue de sentir « des papillons » lorsqu’elle fait de la musique. « Ça a été décuplé pour cet album-là, révèle-t-elle. Il y a quelque chose de magique, juste en le faisant, en le voyant naître en studio. Je me trouvais tellement privilégiée d’assister à cette explosion successive de talent, en observant tous [mes collaborateurs] travailler. Je le vois comme une sérigraphie, où l’on faisait apparaître d’autres couches de couleur chaque fois. »

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Les couleurs de ce disque sont un peu plus tape-à-l’œil que ce qu’avait proposé Evelyne Brochu sur son premier. « C’est un appel au désir, à la joie, à ce qui est léger finalement. »

Autant mon âme voudrait être rock, autant dans mon cœur, au fond, je suis peut-être un peu plus chanson française finalement.

Evelyne Brochu

Elle cite la pièce Le jardin comme une de ses préférées. Sur celle-ci, son « côté actrice » s’exprime. « Il y a un mélange de légèreté, de fuite vers l’avant, de l’envie de sortir de soi et d’aller vers l’autre, décrit-elle. Il y a aussi le côté de retour à soi, à ce qui compte vraiment, ce qui est très important dans ma vie. De dire à ceux qu’on aime que c’est ici notre place, auprès d’eux. »

Evelyne Brochu la décrit comme « la chanson la plus importante de l’album, celle qui est le plus près de [son] cœur ».

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Evelyne Brochu

Le paradigme des femmes

Pourtant, c’est la pièce Le danger qui s’est retrouvée être la chanson-titre. Pourquoi ?

« Elle est multisens, répond la chanteuse. En sortie de pandémie, on avait été en danger, on avait senti notre fragilité. Comme du point de vue écologique, on se sent en danger. On est dans une ère d’inquiétude où la légèreté n’est plus de mise. On ne peut plus se permettre cette légèreté et ce rapport à la vie où on va de passion en passion, de joie en joie. La réponse à ça, c’est l’inverse. »

Sur Le danger, elle chante « Plus je bouge, plus il rate sa cible ». En s’engageant à faire changer les choses, en allant vers la joie, on peut, peut-être, esquiver le danger, croit-elle.

« Il y a aussi ce côté plus intime, où on dit souvent aux femmes de faire attention tout le temps, ajoute-t-elle. On m’a déjà dit que j’étais trop dans la séduction, que ça pouvait me coûter des rôles. On dit aux femmes qu’elles sont soit dangereuses, soit en danger. Je me suis demandé ce qu’il se passerait si on sortait de ce paradigme et qu’on faisait juste aller jouer dans la ruelle avec les chats. »

La sortie du disque viendra avec son lot de célébrations, dont des spectacles à Montréal (14 octobre) et à Québec (19 octobre). « On va jouer sur le fil du danger, dit-elle. Ce sera vibrant et festif, tout comme l’album. Ça va être plus audacieux, plus impudique. »

Le danger

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Le danger

Evelyne Brochu

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