Zaz ne fait pas les choses à moitié sur scène, comme on l’avait constaté en 2019 au Centre Bell. Mardi, à la Place des Arts, on ne s’est donc pas trouvé devant une chanteuse biberonnée à la camomille, mais devant une vraie tornade. Deux heures durant, elle a déployé une énergie folle, le plus souvent contagieuse.

Son envie de faire bouger la salle Wilfrid-Pelletier, la chanteuse française l’a manifestée dès le début de son concert. Après avoir fait son entrée parmi le public en chantant une chanson douce, Les jours heureux, elle a été hissée sur scène et a lancé « Debout ! debout ! » à ses admirateurs jusque-là bien calés dans leur fauteuil. Puis, elle a entonné Imagine, l’un de ces hymnes positifs qui sont la marque de cette artiste qui enchante en incitant à mordre dans la vie.

Dire que Zaz était attendue relève de l’euphémisme : les concerts qu’elle a donnés ces derniers jours au Québec (Sherbrooke, Québec, Trois-Rivières, etc.) devaient avoir lieu à l’automne 2022. Ils ont été reportés puisque la chanteuse française n’était pas vaccinée contre la COVID-19, ce qui était encore une condition nécessaire pour entrer au pays l’an dernier. Ainsi, c’est une artiste en fin de tournée qu’on a pu voir sur scène : une chanteuse en pleine possession de ses moyens dans un spectacle réglé au quart de tour et livré avec un aplomb qui a parfois ressemblé à de la précipitation.

Zaz avait ralenti la cadence sur son album Isa, paru il y a deux ans. Or, il ne restait plus grand-chose de cette douceur mardi à la Place des Arts. En fait, qu’ils soient empreints de nostalgie comme Si jamais j’oublie ou d’un optimisme ensoleillé comme Qué vendra, presque tous les morceaux étaient interprétés avec un empressement qui laissait rarement l’émotion se déployer.

Survoltée, la chanteuse arpentait la scène en sautillant et en poussant des cris, alignant les chansons par blocs : folk-pop, jazzy manouche là, pop-rock plus loin. Chemin faisant, elle a puisé dans tous ses albums, faisant la part belle au plus récent (De couleurs vives, Tout là-haut, etc.), mais ressortant aussi ses reprises de Piaf (Dans ma rue et, au rappel, La vie en rose), Comme çi comme ça et, en fin de programme, ses grands hymnes On ira et Je veux, que l’assistance a reprises le sourire aux lèvres.

L’élan était fort, mais n’a pas été toujours fluide. Le dernier tiers du concert s’étirait en longueur avant que Zaz ne sorte ses deux grands tubes pour finir en force. Une chanson en hommage au Québec (« Je voudrais mourir au bord d’un lac/Partir dans un grand tabarnac », dit le refrain) n’a pas convaincu non plus. Rendons néanmoins à Zaz ce qui lui revient : son sacre était bien prononcé, avec le bon accent.

Durant tout le concert, on a senti un décalage entre la bombe d’énergie qu’il y avait sur scène et un public enthousiaste, certes, mais aussi satisfait de son confort. L’énergie ne circulait pas toujours de la salle à la scène et la chanteuse semblait chercher à compenser ce manque en se donnant plus encore, quitte à toujours rester sur le mode à fond de train et de perdre des nuances dans ses interprétations.

Zaz n’a semblé se déposer qu’à un seul moment, au début du rappel. Elle a chanté Le chant des grives, jolie chanson tirée de son dernier disque. D’une voix toujours forte, mais très habitée. On aurait pris davantage de moments comme celui-là. Peut-être qu’elle fera preuve d’un peu plus de mesure lors de son dernier concert en sol québécois, mercredi, au même endroit.

Mercredi, 20 h, à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts