La dernière fois que Cheb Khaled avait chanté à Montréal, c’était il y a 10 ans au CEPSUM. Il était attendu avec impatience et a été reçu comme un roi, vendredi, à L’Olympia. Il a fait honneur à cet accueil avec un concert généreux et musicalement relevé.

Il y a toujours un moment dans un concert où la foule se met à chanter un air dès les premières notes ou même dès l’esquisse d’un rythme connu dans un élan collectif. Ce sont ces moments qui rendent un concert précieux, puisqu’ils en incarnent l’essence : un moment de partage, de communion même, autour de chansons connues et aimées.

Des élans comme celui-là, il y en a eu souvent, vendredi, lors du premier de deux concerts de Cheb Khaled prévus à L’Olympia de Montréal ce week-end – le deuxième a lieu ce samedi. La salle entière s’est époumonée sur Hiya Hiya, comme sur Bakhta plus tôt, avec le roi du raï lui-même à l’accordéon.

La salle entière a chanté et dansé, en fait, du début à la fin, dans un mouvement de bonheur et de fierté.

L’ambiance était déjà à la fête longtemps avant que la star de la soirée ne mette le pied sur scène. On a pu voir des drapeaux du Maroc, de la Tunisie et, bien sûr, de l’Algérie, patrie de Khaled, danser au parterre alors qu’un DJ animait la foule. En fait, l’auteur de ces lignes était de toute évidence l’un des rares spectateurs à ne pas comprendre l’arabe dans la salle.

Voyage en chansons

Devant cette foule enthousiaste, avec son groupe de six musiciens (dont un indispensable joueur de derbouka et un bassiste épatant), le chanteur a revisité 40 ans de chansons et même davantage. En plus d’interpréter ses succès bien connus en Occident comme Didi, N’Ssi N’Ssi et l’incontournable Aïcha (que la salle a pratiquement chantée à sa place), il a remonté son histoire jusqu’à ramener Trygue Lycée, une de ses toutes premières chansons, récemment remixée, et interprété quelques classiques algériens.

Ce voyage en chansons a aussi été un voyage tout en musique. Le raï, tel que le façonne l’icône algérienne, s’est affranchi depuis longtemps de ses origines folkloriques oranaises. L’accordéon est en général remplacé par les claviers, bien sûr, mais en outre, Cheb Khaled se à métisser sa musique avec celles de bien d’autres cultures : un flirt avec l’Afrique de l’Ouest ici, une touche de flamenco et de salsa là, un peu de rock et des envies funk. Tout ça dans un emballage dansant.

Son éternel sourire au visage, Cheb Khaled s’est montré généreux et reconnaissant.

Il a été joueur – on ne soupçonne pas son côté bouffon sur disque –, bon meneur de foule, et il était en voix.

En fin de concert, il a bien sûr lancé C’est la vie, sans doute son tube le plus pop, qui a enflammé la salle. Et lui, il arpentait la scène en remerciant son public et ne se faisant pas prier pour prendre les drapeaux qui lui étaient tendus et pour les présenter au public.

« Vive l’Algérie, vive la Tunisie, vive le Maroc ! a-t-il dit, les montrant un à un. Et vive nous ! Je vous souhaite une longue vie ! » Après ça, il pouvait se permettre de quitter la scène sans offrir de rappel, et personne ne lui en a tenu rigueur.