S’épivarder sur les routes secondaires de la province, boire un peu trop de whisky et ruminer ses vieux péchés. Quoi de plus country que Ça s’invente pas, le deuxième album d’Alex Burger ?

« À tous ceux qui radotent/qu’on fait pas du country/venez donc faire un tour à roulotte/on est bien ouverts à en jaser », lance un Alex Burger à la fois goguenard et miséricordieux aux orthodoxes qui, en 2021, se sont insurgés que le Gala de l’ADISQ lui remette le Félix de l’Album country de l’année pour Sweet Montérégie, une prévisible tempête dans un verre de bière.

Il n’y a pas, après tout, plus typiquement country qu’une querelle autour de l’authenticité d’un artiste. Willie Nelson, Waylon Jennings et Kris Kristofferson ont tous, à une autre époque, subi les foudres de l’establishment nashvillois, parce qu’ils avaient osé faire à leur tête.

Le deuxième album du gentil hors-la-loi montérégien est-il véritablement country ? Si le country est un genre qui érige la philosophie de comptoir en forme d’art à part entière et où chaque gorgée de bibine abreuve la compassion que l’on éprouve pour les déveines de l’autre, Ça s’invente pas est un album purement country.

« L’horizon, c’est mon bonheur », chante celui qui pêche au fond de son verre de whisky plusieurs de ces formules dont la simplicité ne devrait pas éluder la beauté. Il nous rappelle ainsi que les impénitents sont aussi, souvent, des sages.

Moins rock que son prédécesseur, sauf sur La pente descendante (comme si les Rolling Stones avaient remplacé Mick par Cassonade), ce disque enregistré en six jours (quoi de plus country ?) et à nouveau réalisé par l’omniprésent Alexandre Martel happe d’abord grâce à ses chansons plus espiègles (Du country dans le ravin ou la très byrdesque Ça finit toujours).

Ça s’invente pas trouve cependant sa profondeur dans ses portraits d’une éblouissante perspicacité (la pastorale Allers-retours, Ça fait ben l’affaire) d’hommes et de femmes qui se réveillent un beau matin en constatant qu’ils se sont enlisés dans la noirceur et les mauvaises habitudes.

Une fois arrivée à Merzi môman, dans laquelle Burger lève son chapeau à sa mère (quoi de plus country ? ), nous ne pouvons que nous aussi la remercier de ne pas lui avoir intimé de se tenir loin des guitares.

Extrait de Du country dans le ravin

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Ça s’invente pas

Country

Ça s’invente pas

Alex Burger

Duprince

8/10