Marco Ema a transcendé une année d’émotions fortes pour faire un deuxième album rempli… d’émotions fortes. Et c’est franchement réussi.

Il y a deux ans, Marco Ema a lancé un premier album bien fait, mais qui manquait de relief. Avec Anyway, Mommy Love, l’auteur-compositeur-interprète qui a remporté Ma première Place des Arts en 2017 a plongé au fond de lui et est revenu avec une douzaine de chansons sensibles et lucides, qui s’écoutent comme on regarde un film.

Entre les déchirements de la fin d’une relation, le deuil douloureux de son père et l’espoir joyeux d’un nouvel amour, Marco Ema offre un voyage touchant et nuancé, rempli d’émotions fortes qui reflètent parfaitement celles qu’il a vécues. La beauté est qu’il a réussi à les transcender pour en faire des chansons parfois dures, parfois lumineuses, mais surtout extrêmement justes, dans la lignée par exemple d’un Gab Bouchard. Plusieurs tirent les larmes tellement elles visent dans le mille des sentiments – on vous met au défi de résister au remuant doublé Ce soir n’existe pas et Grande-Vallée, qui clôt l’album.

Avec une telle trame, il était impossible d’enrober chaque chanson de la même manière. On va de l’indie pop pure au folk dépouillé en passant par des arrangements de cordes et des touches de sax. Le dénominateur commun est une fougue rock certaine, avec des incursions du côté du prog et ses ruptures de ton qui gardent en alerte. Elle ajoute aussi à cette sensation que le chemin a été sinueux et parfois déroutant, comme dans la sombre Blank, qui évoque, avec bonheur, le meilleur de Karkwa.

Marco Ema a été particulièrement bien entouré par le multi-instrumentiste Simon Pednault à la réalisation, et des musiciens qui travaillent avec toute la nouvelle génération de jeunes artistes, comme Pierre-Emmanuel Beaudoin à la batterie et Gabriel Desjardins aux synthés et au piano. Ils donnent une ambiance cinématographique à l’ensemble, on le sent dès la première chanson Karaoké, qui pourrait être placée sur un générique d’ouverture de film tellement elle est évocatrice.

L’album se déroule ainsi d’une scène à l’autre, chacune ayant son univers propre, avec à la clé un tout cohérent. Et on en ressort avec la réelle impression qu’on vient d’assister à l’émergence d’un artiste qui a trouvé sa place et sa manière en n’ayant pas peur de dévoiler sa vulnérabilité. « Je t’aime mais le cinéma ferme », dit-il à son père dans Grande-Vallée. C’est la dernière phrase de l’album et parions que d’où il est, le papa doit être pas mal fier de ce beau film émouvant écrit par son fils.

Extrait de Blank

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Anyway, Mommy Love

Indie Rock

Anyway, Mommy Love

Marco Ema

Rosemarie Records

7,5/10