Rare sur disque, l’univers du conteur et chanteur Michel Faubert vit d’abord sur scène. Il se rapproche de nos oreilles avec un premier album en 10 ans où son art est transporté par celui du guitariste et compositeur Bernard Falaise.

On a entendu Michel Faubert entonner jusqu’à des complaintes médiévales dans le passé. La chapelle ardente affiche au contraire ce qu’on est condamné à appeler de la modernité, faute de mieux. En raison de la provenance des textes, dont l’inspiration est parfois aussi récente qu’un ouvrage de Victor-Lévy Beaulieu datant de 1974, et plus encore à cause des musiques.

Les fondations de ce disque sont rock. Or, on ne peut que le décrire comme un disque rock seulement si on accepte que cette esthétique englobe autant des idées folk, la musique improvisée, les guitares toniques et même des pulsations électroniques (L’étrange histoire de Madame Brault, Chien noir / Moravagine). Bernard Falaise n’est pas qu’un guitariste fin, ici, il joue le rôle de metteur en scène.

Ses films sonores enrichissent brillamment la parole de Michel Faubert qui chante un peu (sur le mode de la complainte, essentiellement), mais narre surtout, de sa voix grave qui a quelque chose de presque métallique et de ce ton posé qu’on lui connaît. On imagine aisément le temps que l’un et l’autre ont passé à peaufiner ces morceaux, cherchant les respirations parfaites pour que la poésie passe entre parole et musique, ainsi que les bonnes teintes de sombre pour que ces mots où il est souvent question de mort soient enveloppés du linceul le plus approprié.

Cette Chapelle ardente exige toute notre attention – plus comme un livre audio qu’une simple chanson –, mais notre engagement est récompensé. Michel Faubert et Bernard Falaise entraînent ici l’esprit dans une marche funèbre qui fait voyager dans le temps et réveille des fantômes.

Extrait de La fin du monde par un témoin oculaire

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La chapelle ardente

Folk contemporain

La chapelle ardente

Michel Faubert et Bernard Falaise

La Tribu

8/10