La première cuvée de chanteurs issus de Star Académie au Québec n’en est plus au début depuis longtemps, malgré ce que dit l’hymne de Stéphane Venne qui leur colle à la peau depuis deux décennies. L’heure était plutôt aux retrouvailles et à la nostalgie, vendredi, au Centre Bell. Menée par Marie-Mai, Annie Villeneuve et Marie-Élaine Thibert, la troupe qui a conquis la province il y a 20 ans a offert un spectacle habité par une énergie positive.

« Et c’est pas fini », était-il précisé sur les deux grands écrans bordant la scène du Centre Bell au moment de l’entracte. Les académiciens venaient d’interpréter la chanson thème de l’émission, chorégraphie d’antan à l’appui, mais Wilfred, Marie-Élaine, Marie-Mai, Annie, Suzie, Maritza, François, Émily, Jean-François, Martin, Dave, Élyse, Stéphane et Pascal réservaient encore bien des surprises et des souvenirs heureux à la foule nombreuse venue les applaudir et chanter avec eux.

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Jean-François Bastien, Wilfred LeBouthillier et Dave Bourgeois

Une bonne moitié du spectacle était encore à venir, mais le public était déjà conquis. Il l’a été, en fait, dès que les apprentis interprètes d’hier ont fait leur apparition, un à un, la plupart dans les gradins du Centre Bell, interprétant chacun un bout d’une chanson de circonstance de Patrick Bruel, Place des Grands Hommes. Seule adaptation : il n’était plus question d’un « rendez-vous dans 10 ans », mais plutôt « dans 20 ans ».

Wilfred, premier interprète à avoir remporté le concours, a ensuite enchaîné avec Amène-toi chez nous, chanson de Jacques Michel qu’il chantait déjà il y a 20 ans.

La suite a été un mélange de chansons parues sur les disques de Marie-Mai (C’est moi, Sans cri ni haine), Annie Villeneuve (Tomber de haut), Marie-Élaine Thibert (Le ciel est à moi) et Émily Bégin (Légende urbaine), ainsi que de reprises puisées dans les répertoires francophones et anglophones.

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Marie-Mai et Marie-Élaine Thibert

Le duo Marie-Mai et Marie-Élaine Thibert – Simply the Best, empruntée à Tina Turner – a été particulièrement enlevant. Dave Bourgeois a livré une fort bonne version de Tennessee Whiskey, de Chris Stapleton, et François Babin a refait Sweet Home Alabama, de Lynyrd Skynyrd, avec laquelle il cartonnait déjà à Star Académie. Zombie, par Élyse Robineault, fut bien moins réussie : en l’entendant, on avait du mal à croire qu’elle présente régulièrement un spectacle en hommage aux Cranberries…

Julie Snyder sur scène

La deuxième partie du spectacle s’est amorcée avec la visite sur scène de Julie Snyder, celle qui a eu l’idée d’importer Star Académie au Québec. Elle-même applaudie comme une star, elle a rappelé que l’émission de téléréalité avait permis à des chanteurs inconnus, sans aucun contact dans le milieu du show-business, de se faire entendre et de faire carrière.

La vague qui a porté la première cuvée de Star Académie fut puissante. Et jamais égalée. Il s’est vendu plus d’un demi-million d’exemplaires du disque Star Académie (2003).

Cette bande-là n’en était pas à son premier spectacle au Centre Bell : ils en avaient foulé la scène 14 fois déjà ensemble. Un fait d’armes sans doute inégalé dans la chanson québécoise et dont ne se rapproche peut-être qu’une seule personne… Marie-Mai, qui demeure à ce jour la plus grande star issue de Star Académie.

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Marie-Mai demeure la plus grande star issue de Star Académie, toutes versions confondues.

Les ex-académiciens ont amorcé la deuxième partie du spectacle en interprétant des extraits du fameux premier album de Star Académie avant de se concentrer de nouveau sur des reprises. Martin Rouette, assez pâle en première partie de concert, s’est notamment démarqué sur Uptown Funk, Émily Bégin s’en est bien tirée avec Bad Romance – avec l’appui de la foule qui chantait avec bonheur les « ooh ooh » du refrain –, mais encore mieux avec Où sont les femmes ?, de Patrick Juvet.

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La dynamique Émily Bégin

Un spectacle de reprises est presque toujours inégal et celui de Star Académie n’a pas fait exception. L’une de ses grandes qualités est d’avoir ratissé large : ce fut un voyage dans des décennies de pop française, québécoise et anglo-saxonne. Et dans ses meilleurs moments, ce fut aussi un immense karaoké. L’assistance a d’ailleurs généreusement accompagné Dave et Suzie lorsqu’ils ont repris Sur mon épaule des Cowboys Fringants, en hommage à Karl Tremblay.

Le spectacle sera présenté de nouveau le 19 janvier au Centre Vidéotron à Québec.