(Los Angeles) Elle est partout, enchaînant les tubes, les concerts, les records, les couvertures de magazines et compte surtout des admirateurs très fidèles à travers la planète : il s’agit bien sûr de Taylor Swift.

Après une année de tous les records, elle est entrée de nouveau dans l’histoire de la pop dimanche en remportant un quatrième Grammy pour le titre prestigieux du meilleur album.

L’artiste de 34 ans fait ainsi mieux que des légendes américaines de la musique comme Frank Sinatra, Paul Simon ou Stevie Wonder.

« J’aimerais vous dire que c’est le meilleur moment de ma vie, mais je me sens aussi heureuse quand je termine une chanson », a-t-elle réagi dimanche. « Merci beaucoup de m’avoir donné l’occasion de faire ce que j’aime tant ! Je suis époustouflée ! »

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Taylor Swift

Également récompensée par le prix du meilleur album pop, elle en a profité pour signer un coup marketing, en annonçant la sortie d’un nouvel opus le 19 avril, intitulé The Tortured Poets Department.

Près de 20 ans après s’être lancée, rien ne semble devoir l’arrêter. Son Eras Tour devrait engranger un total de deux milliards de dollars de recettes après avoir déjà crevé l’année dernière le plafond symbolique du milliard recueilli, une première dans l’histoire de la musique.

Avec ses centaines de millions d’abonnés sur les réseaux sociaux et sa base de « Swifties » dévoués, elle peut faire osciller la balance de l’opinion sans trop d’efforts, si bien que des politiques spéculent sur son influence potentielle sur la présidentielle américaine de novembre.

« Une Madonna »

« On ne peut pas vivre aux États-Unis sans avoir entendu parler de Taylor Swift », s’amuse Kristin Lieb, spécialiste de la pop, des marques et des questions de genre au Emerson College.

« Elle a suivi tous les conseils du manuel d’une Madonna et a commencé à écrire son propre livre. C’est incroyable ! ».

D’après les estimations, son empire pèse plus d’un milliard de dollars. Le film-concert de la superstar américaine a raflé à l’automne plus de 93 millions de dollars de recettes lors de son premier week-end.

La NFL a gagné des légions de nouveaux admirateurs grâce à l’histoire d’amour ultra-médiatisée entre la chanteuse et Travis Kelce, vedette des Chiefs de Kansas City.  

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Travis Kelce et Taylor Swift

Depuis son adolescence, l’artiste a l’habitude de voir sa vie privée étalée au grand jour.  

Et tous les succès engrangés en 2023 ont valu à la pop star d’être sacrée personnalité de l’année par le magazine Time, un titre généralement décerné à des Volodymyr Zelensky, Martin Luther King ou Greta Thunberg. Taylor Swift est ce personnage « rare qui est à la fois l’écrivaine et l’héroïne de sa propre histoire », a salué le magazine.

La chanteuse a fait ses débuts professionnels à l’adolescence, signant avec Big Machine Records, maison de disques de Nashville, en tant qu’artiste country.

Son premier album, sobrement baptisé Taylor Swift, lui a valu une base solide de supporteurs, mais c’est Fearless, son second opus country/pop publié en 2008 qui l’a propulsée dans la culture populaire, avec des titres comme Love Story ou You Belong with Me.

Dans les albums suivants, Speak Now (2010) et Red (2012), Taylor Swift emprunte davantage aux influences rock et électro. Son cinquième opus, 1989 est complètement pop.

« Version Taylor »

La mégastar a expliqué récemment dans Time que les années suivantes n’ont pas été simples, évoquant une époque qui n’avait pas encore remis en cause le traitement réservé aux jeunes femmes célèbres, scrutées à la loupe, critiquées au moindre soupçon de faux pas.

Son différend avec Kanye West et Kim Kardashian n’a pas aidé. « Toutes les hyènes ont accouru pour tirer sur la cible », se souvient-elle.

Autre tournant délicat, le moment en 2018 où la vedette est arrivée en fin de contrat avec Big Machine et a rejoint Universal sans les droits sur ses précédents albums.  

Elle a porté sur la place publique son combat pour récupérer la propriété des enregistrements de ses six premiers opus après le rachat de son ancienne maison de disques.  

Elle s’en est prise vertement à son ancien gérant Scooter Braun, fondateur de la société qui avait acquis son catalogue, le qualifiant de « manipulateur » ayant profité d’elle professionnellement à ses débuts.  

Taylor Swift a décidé de réenregistrer les six premiers disques, invitant les « Swifties » à écouter la « version Taylor » de ses œuvres.  

Pari audacieux, mais gagné. Elle a agrémenté les nouveaux enregistrements d’inédits, comme une version de All Too Well de dix minutes de long, ce qui a fait la joie de ses admirateurs de la première heure, séduit de nouveaux admirateurs, et forcé l’admiration de l’industrie musicale.

Parallèlement, l’artiste a sorti quatre albums inédits, Lover, réalisé avec le producteur Jack Antonoff, Folklore, Evermore et Midnights.