Le chef Jean-François Rivest et la contralto Marie-Nicole Lemieux rêvent depuis longtemps d’un concert tout Bach. Ce sera chose faite jeudi soir à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau sous les auspices d’I Musici. Discussion avec ces deux amoureux de la musique du Cantor de Leipzig.

« J’aime Marie-Nicole d’amour depuis toujours. C’est elle qui m’a dit qu’elle rêvait de faire les trois cantates pour alto solo de Bach avec moi », confie le maestro Rivest, à la tête d’I Musici depuis mai dernier après une période d’intérim.

L’histoire d’amour de la chanteuse avec Bach remonte à l’adolescence, elle qui se souvient d’être allée demander l’Air sur la corde de sol (extrait de la Suite pour orchestre no 3, BWV 1068) chez un disquaire de la Place du Royaume à Chicoutimi, dans sa région natale.

Elle se rappelle être restée stupéfaite dans son automobile quelques années plus tard à écouter Jean-François Rivest diriger les Violons du Roy dans Bach à la défunte Chaîne culturelle. Le rendez-vous « bachien » entre les deux musiciens était dorénavant gravé quelque part dans le ciel.

« Je n’ai pas l’intention de faire ma Marie-Nicole Lemieux, de faire un show de boucane », avertit la colorée contralto, qui se dit touchée à un suprême degré par la musique et les textes des cantates nos 54, 82 et 170, à l’affiche jeudi. « C’est ma nature dramatique », ajoute-t-elle.

Car hormis la sereine Cantate « Vergnügte Ruh », BWV 170, ça ne rigole pas dans ces partitions.

« Dans la Cantate no 82, c’est un genre de fatigue d’être dans notre monde plein de problèmes, et un désir d’aspirer au paradis. C’est un thème cher à Bach. Et le dernier mouvement nous y amène avec joie », affirme M. Rivest à propos de cette œuvre au titre on ne peut plus parlant (« Ich habe genug », littéralement « J’en ai assez »).

« Elle a beaucoup de sens parce qu’on est dans des temps où on a besoin de réconfort, de sens », ajoute la chanteuse, qui confesse avoir été bouleversée par une récente chronique du journaliste Patrick Lagacé dans La Presse sur le suicide d’une aînée n’ayant pas eu accès à l’aide médicale à mourir.

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Immédiatement après, les mélomanes entendront la Cantate « Widerstehe doch der Sünde », BWV 54. « Cette cantate, c’est ‟résiste au péché” », poursuit le chef d’orchestre. C’est pas très populaire en 2024, mais il faut traduire ça dans des termes d’aujourd’hui comme ‟résiste à la tentation d’être pas gentil » ou ‟résiste à la tentation de penser juste à toi" ».

« Pour moi, c’est juste ‟ne va pas dans la facilité, résiste, suis ta voie, suis ton cœur" ! », renchérit Marie-Nicole Lemieux. Comme ma mère me dit tout le temps : ‟Tu écoutes ton cœur, tu fais de ton mieux, tout va bien ! ‟ Cette cantate, c’est un peu une espèce de ‟go, go, go, essaie de faire du bien autour de toi !" »

Pour compléter le programme, Jean-François Rivest a ajouté le Concerto pour violon no 1 en mi majeur, BWV 1042 et le mouvement lent du Concerto brandebourgeois no 6, BWV 1051, qui mettront en valeur des musiciens de l’orchestre, dont le violoniste Dominic Guilbault.

À la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau, le 22 février à 19 h 30

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