En à peine trois ans, Fredz est devenu un phénomène qui cumule des millions de vues, d’écoutes et d’abonnés. Alors qu’il vient tout juste d’avoir 22 ans, le rappeur québécois sortira vendredi Demain il fera beau, son troisième album qu’il lance sur sa propre étiquette. Et il fait tout pour que ce succès ne soit pas qu’un feu de paille.

Quand on regarde les chiffres, il y a de quoi avoir le vertige : Fredz a 340 000 auditeurs mensuels sur Spotify, 500 000 abonnés sur TikTok et 157 000 sur Instagram. Sa seule chanson Le stade, sortie il y a huit mois, a été écoutée plus de 4,4 millions de fois, et son clip a été regardé 1,6 million de fois sur YouTube !

D’autres s’emballent pour beaucoup moins. Fredz, lui, reste calme. Ce qui l’impressionne est beaucoup plus tangible, comme les spectateurs qui viennent voir ses spectacles, ici et en Europe.

« J’ai commencé à faire de la tournée il y a seulement deux ans. Quand je vois des salles pleines, avec des foules qui sont quand même grosses, et les gens qui chantent mes paroles... C’est ça qui donne le vertige ! »

Un album comme une histoire

Fredz a commencé la musique à 16 ans, en faisant du beatmaking dans sa chambre. Il s’est fait remarquer grâce aux réseaux sociaux par le rappeur français K. Maro, qui l’a recruté sur son label E47 Records. Le jeune homme a ensuite sorti deux albums, dont le deuxième, Astronaute, en 2022, a fait exploser sa popularité.

Ce sont ses innombrables simples qui l’ont fait connaître, mais Fredz espère que cela amènera les gens à écouter son nouvel album dans son entièreté. « Il y a une histoire dedans, une évolution. Je l’ai travaillé pour qu’il soit plus cohérent, qu’il vive tout seul. Comme un livre audio. »

En 15 chansons, Demain il fera beau tourne beaucoup autour du thème de la peine d’amour, mais aussi de l’anxiété et de la santé mentale.

Extrait de Houston
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« Ça va bien, Fredz ? », lui demande-t-on, un peu inquiète, après les avoir écoutées l’une après l’autre en lisant les paroles. « Oui oui ! C’est sûr que si tu les lis comme ça... Je ne voudrais pas être ma mère ! »

Mais le titre, c’est Demain il fera beau. C’est triste, mais on sent qu’il y a de l’espoir, que ça va s’arranger.

Fredz

Les gens de son âge se retrouvent dans ses textes, ajoute-t-il. Cet album raconte d’ailleurs d’une certaine manière le passage à l’âge adulte, qui vient avec son lot de défis, mais aussi des angoisses face à l’avenir et au sort de la planète.

« J’essaie de me mettre à la place de quelqu’un de mon âge, de ce qu’il aurait envie d’entendre. Je parle de moi, mais j’exagère, je romantise, pour que ce soit intéressant. » Il semble d’ailleurs avoir eu beaucoup de peines d’amour... « J’en ai vécu une ! Mais elle a été violente. Ça fait trois ans, mais quand je me remets dedans, je suis capable de ressentir exactement ce que j’avais ressenti. »

Fredz écrit toutes ses paroles et ses mélodies, appuyé par les compositeurs Toonz et Omska, qui ont réalisé l’album. Celui qui préfère les instruments organiques aux sons d’ordinateurs parce que c’est « plus intemporel » décrit sa musique comme du rap pop, mais on sent beaucoup l’influence du rap français dans son travail. « C’est l’influence numéro un. Mais il y a aussi le rap américain et le rap québécois. C’est une trilogie de cultures qui se rejoignent et qui font ce que je suis. »

Reprendre le contrôle

Au Québec, Fredz sort son nouvel album sur sa propre étiquette, qu’il a fondée après la fermeture de E47, une bien mauvaise surprise qui est survenue pendant la promo d’Astronaute il y a deux ans.

C’est un peu ça que raconte l’album. Ç’a été compliqué, je me suis retrouvé sans rien. J’ai pensé que c’était fini.

Fredz

Pour reprendre le contrôle sur sa musique et sa carrière, il a donc fondé Nova Musique. « J’ai rencontré mes deux managers, on a repris à zéro et construit notre maison de disques, avec nos règles. En parallèle, en France, j’ai signé chez Universal pour nous épauler, parce qu’une maison de disques full indépendante, c’est difficile. »

Tout un apprentissage pour celui qui étudie à l’UQAM en stratégie de production culturelle. Si le secret est d’être bien entouré, il faut avoir quelques aptitudes pour les affaires... « Oui ! Les papiers de Revenu Québec, je ne comprends rien... Mais j’apprends, petit à petit. J’ai justement une formation demain ! »

Cela en plus de la tournée à venir – il fera son premier Club Soda en solo le 9 mars, repartira pour la France où presque tous ses spectacles affichent déjà complet, avant de refaire le tour du Québec et de continuer à élargir son public. Quand il se projette, il espère qu’il aura produit des albums d’autres artistes avec son étiquette, et qu’il fera encore de la musique. « Mais ça va tellement vite. »

C’est cette vitesse qui donne le vertige, finalement ? Il opine.

« Moi, une journée, je n’avais aucun public, puis j’ai sorti une vidéo de 20 secondes sur TikTok et, le lendemain, j’avais 20 millions de vues. Tout le monde autour de moi était content, mais je ne voulais pas m’attacher à ça parce que ça me créait de l’anxiété. J’avais tellement peur que ça redescende à la même vitesse que c’était monté. »

Trois ans plus tard, il a prouvé que ce n’était pas « le coup d’une chanson ». « Je ne sais pas si dans 10 ans ma carrière sera encore florissante. Mais je l’espère. »

Demain il fera beau

Rap pop

Demain il fera beau

Fredz

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