Richard Séguin frappera aux portes de la 20édition du Festival des guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue le 25 mai prochain avec un spectacle spécialement conçu autour de son instrument fétiche.

Au printemps dernier, au micro de la série balado Juste entre toi et moi, le chanteur expliquait pourquoi il avait, sauf exception, renoncé au cours des dernières années à présenter de grands spectacles festifs, en faveur d’une mise en valeur de la parole et d’une certaine introspection.

Écoutez l’émission balado Juste entre toi et moi avec Richard Séguin

« Mais peut-être qu’un jour, ajoutait-il, je réunirais plusieurs guitar heroes, tous ceux avec qui j’ai travaillé. On pourrait monter un spectacle plein de guitares. »

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Richard Séguin en entrevue au printemps dernier

Il n’en fallait pas plus pour que Lynn Massicotte, qui siège au conseil d’administration du Festival des guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue, y voie une chance à saisir : celle de proposer à l’auteur de Comme un air de Guthrie de réaliser ce rêve à Rouyn-Noranda.

Une proposition proverbialement trop belle pour être refusée : le 25 mai, Séguin inaugurera la 20édition d’un des plus importants festivals de guitare en Amérique du Nord, avec un spectacle unique, créé spécialement pour l’occasion autour d’un de ses plus précieux outils de travail et de plusieurs vieilles chansons.

Il ajoutera ainsi son nom à l’impressionnante liste d’artistes qui ont visité l’évènement, dont Joe Satriani, America, Jon Anderson (de Yes), The Doobie Brothers, John Pizzarelli, Randy Bachman, Daniel Lanois, Buffy Sainte-Marie et Buddy Guy.

En hommage à Réjean Bouchard

« La guitare, c’est l’instrument qui m’a permis de rencontrer le monde. Mais à 14 ans, c’était aussi un bouclier, une façon de me protéger », confie le chanteur, joint à Saint-Venant-de-Paquette, qui consacre ces premières journées de printemps hâtif à mettre de l’ordre dans son atelier de gravure.

Avec lui, sur scène, dans la capitale du cuivre, à la fin de mai : Hugo Perreault, son bras droit depuis plus de 20 ans, Simon Godin, son camarade depuis plus de 15 ans, et Ivan Boivin-Flamand, jeune virtuose atikamekw originaire de Manawan, avec qui tout son équipage est tombé en amitié lors de leur arrêt à Maliotenam, l’été dernier.

Par-delà son absence, Réjean Bouchard, parti en juillet, sera aussi bien présent. C’est que ce spectacle permettra à Séguin de rendre hommage au regretté musicien et fabricant de l’identité guitaristique de plusieurs de ses albums, de Journée d’Amérique en 1988 (la partition très Dire Straits de L’ange vagabond, c’est lui) jusqu’à D’instinct en 1995.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Réjean Bouchard en décembre 2005

« Réjean était quelqu’un d’une grande intériorité, quasi spirituelle », se souvient Richard Séguin au sujet de son frère de six cordes, qui aura noué plusieurs relations durables avec des artistes autochtones, dont Ivan Boivin-Flamand, qui le considérait comme un grand-père.

Réjean [Bouchard] mettait en pratique une phrase chère à Florent [Vollant] et à lui : “C’est bon, mais coupe de moitié.” C’est ce qu’il disait aux guitaristes : essaie de condenser la partition, d’être moins bavard, d’en dire plus avec moins.

Richard Séguin

Une guitare pour en jouer

C’est Claude Gauthier qui vend à Richard Séguin sa « première vraie guitare », après s’être lui-même acheté une douze cordes. « Je faisais du ménage dans des immeubles de l’est de Montréal et je le payais une fois par semaine, raconte l’auteur-compositeur, jusqu’à ce qu’il me dise d’arrêter ça. »

Qu’est devenue cette guitare ? Volée ! « J’allais chez Steve’s Music et j’ai oublié de barrer les portes. » Depuis, en tournée, pas question de quitter un lieu sans son étui. « Marthe [son amoureuse] trouve que j’exagère, mais si je pars de l’hôtel pour aller manger, j’apporte ma guitare. » Il rit. « C’est plus important que ma valise. »

  • La guitare douze cordes Guild Westerly que Richard Séguin a donnée à Vincent Vallières

    PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

    La guitare douze cordes Guild Westerly que Richard Séguin a donnée à Vincent Vallières

  • À l’occasion du lancement d’un coffret rétrospective de ses 40 ans de métier, en 2012, Richard Séguin présentait une guitare sur laquelle il avait collé des photos de différentes époques de sa vie et sa carrière.

    PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

    À l’occasion du lancement d’un coffret rétrospective de ses 40 ans de métier, en 2012, Richard Séguin présentait une guitare sur laquelle il avait collé des photos de différentes époques de sa vie et sa carrière.

1/2
  •  
  •  

Mais Richard Séguin est loin d’être un fétichiste de l’objet et obéit à un noble précepte : une guitare, c’est fait pour que quelqu’un en joue. C’est ainsi qu’il a donné à Vincent Vallières (autour de 2010) une des douze cordes Guild Westerly qu’il avait rapportée du Rhode Island à temps pour l’enregistrement de Deux cents nuits à l’heure en 1978. Un geste inspiré de celui de Johnny Cash, qui avait offert sa guitare à Bob Dylan en 1962 au Festival de folk de Newport. Le vétéran en a aussi légué une autre, plus récemment, à Natasha Kanapé Fontaine.

Intime de la vastitude de nos territoires, Richard Séguin se réjouit de retrouver celui de l’Abitibi-Témiscamingue, un pays occupant une place importante dans son cœur. A-t-il déjà joué avec l’autre grand Richard de la chanson québécoise ? « Desjardins et moi, on a jammé une fois ensemble, avec Florent. » C’était en quelle année ? « Ça fait longtemps, parce que je me rappelle qu’il y avait beaucoup de bouteilles qui étaient passées. Ça veut dire que c’était avant que j’arrête de boire. On avait parlé de pêche et joué de la guitare, une nuit de temps. »

Le Festival des guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue, qui se déroulera du 25 mai au 1er juin, révélera le reste de sa programmation le 20 mars, en même temps que seront mis en vente les billets pour le spectacle de Séguin. « La guitare, dit-il, c’est l’instrument de la route et du voyage. »

Consultez le site du Festival des guitares du monde en Abitibi-Témiscamingue