Roc Marciano est à la fois l’un des artistes les plus influents du rap des 15 dernières années et l’un des plus incomparables.

Pionnier des rythmes drumless – beats construits à partir d’échantillonnages auxquels aucune percussion n’est ajoutée –, Roc Marciano est un vétéran qui a fait ses débuts aux côtés de Busta Rhymes à la fin des années 1990. Le New-Yorkais a démarré sa carrière solo en 2010 avec l’album Marcberg. Depuis, il raffine la recette qui ne cesse d’inspirer autant les artistes underground que ceux au sommet des palmarès.

Marciano assure la production de la majorité de ses albums en plus de parfois composer la musique de ceux d’autres artistes, tels Jay Worthy et Flee Lord. Ceux-ci sont d’ailleurs parmi les quelques invités sur Marciology. Larry June, Crimeapple, T.F, Knowledge the Pirate et Grea8Gawd sont les autres. En dépit de solides couplets de leur part, Marciano est sans contredit le maître à bord.

Le MC est passé maître dans l’art de l’arrogance. Il trouve tout de même sur cette 12offrande solo de nouvelles façons de rappeler la supériorité de ses compétences et de son style de vie.

Le sérieux avec lequel Roc livre ses rimes ajoute au côté comique de certaines de ses perles. Des exemples ? Sur True Love : « Y’all all washed, it’s a laundry list of you sorry n****s ». Puis, sur LeFlair : « The black Blake Carrington with the eighty-carat ring / Baby was like “Ain’t that what rabbits eat ?” ».

Les albums de Roc Marciano proposent des ambiances sombres ou, du moins, feutrées. La pièce-titre, qui ouvre le disque, et Goyard God, la suivante, illustrent parfaitement la palette d’atmosphères. Alors que la première souffle un vent onirique légèrement sinistre, la deuxième évoque une luxueuse pièce enfumée avec sa basse puissante et son tempo envoûtant. Gold Crossbow, juste après, mélange les deux mondes grâce à un inquiétant piano et des drums chaleureux superposés de voix masculines et féminines.

La cohésion de Marciology est remarquable. Quelques morceaux se démarquent tout de même. Deux d’entre eux sont des créations d’Alchemist. Bad JuJu est déjà dans notre liste des chansons de l’année. Larry June et Marciano – qui utilise un flow plus agressif – flottent sur une musique qui accompagnerait parfaitement une éclipse solaire ! L’autre d’Alchemist est Higher Self qui nous rappelle le Wu-Tang des bonnes années. Tapeworm, produit par Animoss, On the Run et Floxxx sont aussi de belles réussites. Le psychédélisme de cette dernière est fort agréable.

Extrait de Bad JuJu, de Roc Marciano (avec Larry June)
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Marciology

Rap

Marciology

Roc Marciano

Pimpire Records/Marci Enterprises

8/10