Le Larousse de la musique de 1957 lui consacre neuf lignes. Le Larousse de la musique de 1982 l'ignore tout à fait. Le baron Fernand Fouant de La Tombelle (1854-1928), compositeur et organiste, qui était aussi poète, sculpteur et astronome, est complètement oublié aujourd'hui.

Jacques Boucher, l'organiste de l'église Saint-Jean-Baptiste et ancien doyen de la Faculté de musique de l'UdM, également passionné d'histoire musicale, a entrepris la redécouverte de ce musicien qui eut son importance. En attendant d'enregistrer les oeuvres pour orgue de La Tombelle, M. Boucher a procédé au premier enregistrement mondial de son oratorio Les Sept Paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ, créé en 1908.

Les sept «paroles» du Christ en croix sont réparties ici sur un parcours de 17 numéros totalisant 57 minutes, et ce, d'une façon peu courante et bien différente des traitements familiers de Schütz, Haydn et Théodore Dubois (dont La Tombelle fut l'élève). Pour chaque «parole», La Tombelle signe un texte de réflexion personnelle plutôt qu'il ne cite les mots attribués au Crucifié. Chanté en latin, ce texte est confié tour à tour aux voix d'hommes, aux voix de femmes et aux deux choeurs réunis, toujours a cappella, et, dans deux cas, à un baryton et à une soprano accompagnés par l'orgue. Chaque «parole» chantée est suivie d'une paraphrase (ou commentaire) d'orgue sur le même sujet. Ces 14 diptyques sont précédés d'un prologue chanté et d'un prélude d'orgue; ils sont couronnés à la fin par un épilogue fugué de «sortie» pour le grand choeur.

L'enregistrement, de parution récente, fut réalisé en mai 2010 à SJB avec les Chantres Musiciens (voix masculines) et les Filles de l'Île (voix féminines), le baryton Marc Boucher et la soprano Anne Saint-Denis pour les deux solos, et Jacques Boucher à l'orgue, sous la direction de Gilbert Patenaude. C'est une réalisation dans l'ensemble très soignée, avec une mention toute spéciale à l'importante partie d'orgue. Boucher utilise toutes les ressources d'un instrument qu'il connaît mieux que quiconque et en tire de tumultueux effets d'orage, à la Liszt, dans la paraphrase finale, qui est aussi la plus longue de toutes.

Un regret quand même, et de taille : l'inexplicable omission, dans le livret, des textes chantés.

La Tombelle : Les Sept Paroles de notre Seigneur Jésus-Christ. disques XXI

****

CD-21721