Habituellement, les chanteurs de passage au Casino profitent de l'occasion pour en mettre plein la vue. Ils ont plus de musiciens, plus d'éclairages, plus de décors, d'effets de toutes sortes... Patrick Norman, lui, s'est présenté sur la scène accompagné de ses guitares, de ses chansons, du plaisir et de la simplicité, et c'était tout à fait suffisant si on en juge par les sourires qu'arboraient les nombreux spectateurs, hier, lors de la première.

On était tout de même au Casino de Montréal: Patrick Norman avait donc revêtu un beau complet-veston noir et portait sur la tête un bandana noir. Élégant, rajeuni, aminci (par un grave épisode d'épuisement complet en 2008), dansant comme on ne l'avait pas vu depuis longtemps, Patrick Norman a démontré une fois de plus qu'il a du métier et un étonnant charme sur scène.Car hormis ses atours, c'était toujours le même chanteur capable de grandes choses avec peu, c'est-à-dire l'essentiel: sa voix, sa guitare et le soutien de son exceptionnel accompagnateur, le multi-instrumentiste Jean-Guy Grenier, à la pedal steel, à la guitare, à la basse... et aux clowneries.

Au menu, des chansons connues (plusieurs grands succès comme L'hirondelle, Perce les nuages, La guitare de Jérémie et, bien sûr, Quand on est en amour) et moins connues (il interprète une dizaine des chansons de son récent et bel album Comment le dire). Dans la salle, où les spectateurs de sa génération étaient nombreux (Patrick Norman vient d'avoir 63 ans), mais où les plus jeunes semblaient aussi enthousiastes et charmés, il a une fois de plus joué avec brio de ses guitares - quel picking, quelle aisance, c'est renversant - et de sa voix au timbre unique et puissant.

Avec le soutien de Grenier, il a en outre démontré qu'on peut faire de la musique extrêmement raffinée - ou énergique - avec deux ou trois instruments, pas plus. Dès la deuxième chanson, toute la salle chantait avec lui, tapait des mains, l'écoutait attentivement... Le Cabaret du Casino était littéralement enveloppé par Patrick Norman!

Et les petites pointes d'humour, bien que pas toujours très naturelles, installaient une atmosphère bon enfant, propice au bonheur.

Si les éclairages étaient bien pensés, la sonorisation faisait parfois un peu trop usage de réverbération (la magnifique chanson Moins j'ai le temps de pleurer aurait été plus efficace avec moins... d'écho). Mais hormis cela, il y a peu à redire sur ce très joli spectacle fait pour sourire, fredonner et alléger le quotidien.

Patrick Norman au cabaret du Casino de Montréal jusqu'au 27 septembre et du 5 au 8 novembre.